2042, Youcef Slimani, un président musulman à l’Elysée

Publié par le 15 Avr, 2024 dans Blog | 0 commentaire

2042, Youcef Slimani, un président musulman à l’Elysée

Je relaye aujourd’hui une fiction signée Le Crapaud @Zoltan_47, un auteur très productif sur X dont j’ai souvent repris les tweets comme dans ce précédent article:

L’autodérision qui manque tant aux progressistes !

Cette fois-ci, Le Crapaud marche sur les traces de Michel Houellebeck et de son roman Soumission.

Il imagine la victoire d’un candidat musulman à l’élection présidentielle de 2042.

10 Avril 2044.

La chambre présidentielle était calme ce matin-là.

Les premiers rayons du soleil venaient progressivement chasser l’obscurité, révélant progressivement l’antre du maître des lieux. Celui qui occupait cette chambre depuis maintenant deux ans n’avait pas dormi cette nuit-là, préférant rester assis dans le large fauteuil en cuir qui trônait au milieu de la pièce face à la fenêtre.

Depuis son élection le 27 avril 2042, le président Slimani n’avait jamais connu de problème de sommeil. Ni l’assassinat de ses opposants politiques, ni la mise en place chaotique de la charia, ni même toutes les exécutions auxquelles il avait assisté n’avaient réussi à troubler son sommeil.

Mais cette nuit-là avait été différente. Le calme et le silence qui régnaient dans la chambre ne pouvaient laisser imaginer que le pays était au bord de l’explosion. Les cris de rage du peuple en colère ne pouvaient atteindre les oreilles de Youcef Slimani, mais ils occupaient chacune de ses pensées depuis la veille.

Il n’entendit pas que Yasmina, son épouse, l’avait rejoint dans son antre.

– Youcef ? Tu n’as pas dormi?

– Non. Comment dormir alors que le pays est sur le point d’exploser ? Quelles sont les nouvelles ?

– De nombreuses manifestations devant les églises et les synagogues dans tout le pays. Plusieurs morts du côté des forces de l’ordre et des manifestants. Qu’est-ce que tu comptes faire?

– Je sais ce que je dois faire. Va prévenir la sécurité, je vais sortir aujourd’hui.

– Sortir ? Tu as perdu la tête ? Tu risques de te faire tuer ! Reste ici, en sécurité avec les enfants et moi. On va trouver une solution.

– Ne discute pas, j’ai pris ma décision. Va prévenir la sécurité.

Personne ne connaissait mieux Youcef que Yasmina. Elle savait que son mari ne changerait pas d’avis. En s’éloignant du fauteuil, elle ne quitta pas Youcef du regard. Elle savait que cet instant pourrait être le dernier souvenir de l’homme dont elle était tombée amoureuse 25 ans auparavant sur les bancs de la fac.

Trente minutes s’étaient écoulées depuis la conversation entre Youcef et Yasmina. Le chef de la sécurité, Malik Taleb, faisait les cent pas dans le hall du palais de l’Élysée sous le regard de deux gardes armés imperturbables lorsque le président descendit les marches qui menaient au rez-de-chaussée.

– Tout est prêt monsieur Taleb?

– Oui monsieur le président, la voiture vous attend dans la cour et tous les membres de votre sécurité rapprochée seront présents. J’ai également appelé les services de police, ils attendent qu’on leur fournisse l’adresse du lieu où vous voulez vous rendre.

– Et les drones ? Ils sont tous opérationnels ? Ce n’est pas le jour pour un problème technique.

– Oui monsieur le président, j’ai moi-même supervisé la maintenance et les tests. La nouvelle version de l’IA a même gagné en rapidité de calcul, nous avons …

– Assez de détails techniques. Allez prévenir la police de se rendre à la grande synagogue de la Victoire. Vous savez si le grand rabbin de Paris est sur place ?

– Oui monsieur le président, il est sous surveillance constante et il se trouve sur place.

– Hamdoulilah, répondit Youcef tout en se dirigeant vers la porte principale du palais de l’Élysée.

Avant même que le portier ouvre pour son maître, le président Slimani put entendre le bourdonnement des drones qui l’attendaient dehors. Bien qu’habitué à être suivi en permanence par cette nuée de plastique et de métal, Youcef Slimani ne put s’empêcher d’observer pendant quelques secondes le ballet de ses protecteurs au-dessus de la cour du palais.

Les cinquante drones qui constituaient la garde rapprochée du président étaient à la pointe de la technologie. Contrôlés par une intelligence artificielle dernier cri, ces drones d’à peine quarante centimètres d’envergure avaient été conçus dans le seul but de suivre le président lors de ses déplacements extérieurs et de neutraliser toute personne qui voudrait s’en prendre à lui.

Youcef monta dans la voiture qui l’attendait au bout du tapis rouge du perron de l’Élysée, et celle-ci prit la route, suivie par les véhicules de ses agents de sécurité et les drones. Durant le court trajet jusqu’à la grande synagogue, il observa les rues qui portaient encore les stigmates des émeutes de la nuit : des voitures encore fumantes, des vitrines brisées, des poubelles éventrées et des panneaux de signalisation arrachés. Le pays avait déjà connu son lot de fureur et de violence, mais jamais les dégâts n’avaient été aussi considérables.

– Nous arrivons bientôt, monsieur le président, annonça le chauffeur.

– Tout est prêt ?

– Oui, monsieur le président, la police a dégagé la route pour nous permettre d’accéder à l’entrée de la synagogue, mais je dois vous prévenir, la foule sur les trottoirs est enragée.

– …Très bien.

Le cortège roulait maintenant lentement, ce qui laissa le temps au président Slimani d’observer les manifestants et leur fureur non dissimulée. Les pancartes brandies par hommes, femmes et enfants ne laissaient guère de doute sur leur identité. Des Juifs et des Chrétiens furieux suite à sa décision de détruire ou de convertir en mosquée tous les lieux de culte suspectés d’avoir exprimé une hostilité envers le régime.

Sous les huées de la foule, la voiture se gara devant l’entrée de la synagogue. Le grand rabbin de France attendait devant la porte, statique, ne se préoccupant ni des drones s’étant stabilisés au-dessus de la voiture, ni des innombrables hommes en armes se déployant dans le périmètre autour du véhicule. Un des agents de sécurité de la garde rapprochée du président vint ouvrir la porte de la voiture.

Pendant que la porte s’ouvrait, le grand rabbin crut voir Slimani dissimuler un objet dans la manche de son costume, puis le vit sortir et s’approcher de lui.

– Qu’est-ce que tu fais ici, Youcef ?

– C’est une manière bien peu cordiale de s’adresser à ton président. Je suis venu en paix, David.

– En paix ? Avec tes soldats et tes machines à tuer volantes ?

– Il faut bien que je pense à ma sécurité, vous, Juifs et Chrétiens, avez montré hier soir toute votre sauvagerie.

– Notre sauvagerie ? C’est toi qui parle de sauvagerie avec tes mains couvertes de sang ?

– Je n’ai jamais tué personne, David. Je m’assure simplement de préserver l’ordre et de servir Allah de mon mieux.

– Assez de mensonges, dis-moi ce que tu viens faire ici.

– Je viens te proposer de mettre fin à ce chaos. Parle avec l’archevêque et appelez au calme ensemble. Je m’engage à faire preuve de bienveillance.

– Tu crois vraiment que nous allons laisser nos lieux sacrés se faire détruire ou être changés en mosquées ? N’oublie pas que nous nous connaissons depuis longtemps, Youcef. Je n’irais pas jusqu’à dire que nous avons été amis, mais l’homme que tu étais autrefois n’était pas le monstre que j’ai en face de moi aujourd’hui. Je ne peux plus faire confiance aux mensonges que tu prononces.

– Nous sommes donc dans une impasse. Tu ne me laisses pas d’autre choix David.

Youcef secoua légèrement son bras droit pour faire glisser l’objet qu’il avait dissimulé avant de sortir de la voiture. Un poignard à la lame étincelante et au manche nacré qu’il empoigna à la fin de sa chute. D’un geste sûr et rapide, il enfonça violemment le poignard dans l’abdomen de David tout en saisissant sa nuque avec son autre main. Il remua le poignard avec rage tout en regardant s’éteindre la lueur dans les yeux de l’homme qui l’avait invité à son mariage 30 ans auparavant.

La foule s’était tue et regardait le corps du grand rabbin tomber aux pieds de son bourreau. Le silence régnait dans la rue pendant que le sang se répandait devant la porte de la synagogue. La stupéfaction des manifestants fut de courte durée. Des hurlements vinrent déchirer le silence éphémère de la rue.

Très vite, les barrières séparant la population de la route s’agitèrent et tombèrent. Le premier coup de feu retentit lorsqu’un homme portant une large croix autour du cou tenta d’attraper l’arme d’un policier. La détonation attisa la colère des croyants et la fureur prit possession de la rue. Les hurlements arrivaient presque à couvrir le bruit des armes de la police et de la garde rapprochée du président mais Youcef ne bougeait pas, préférant observer le sang s’étaler au sol jusqu’à atteindre ses chaussures en cuir noir.

Depuis le premier coup de feu, les drones étaient entrés en état d’alerte, se déplaçant par à-coups afin de pouvoir analyser le moindre centimètre carré de la zone autour de leur maître. L’intelligence artificielle analysait chaque personne, chaque objet, chaque mouvement susceptible d’être une menace pour le président.

L’anarchie provoquée par les affrontements n’empêcha pas un des drones de repérer un émeutier ramassant l’arme d’un agent de la sécurité mort. Cet acte sonna comme une sentence fatale. En un dixième de seconde, le petit canon situé sous le drone cibla la tête de l’homme et tira une petite bille de plomb qui pénétra son crâne et qui le fit tomber raide mort instantanément.

Une autre menace arriva rapidement, sous les traits d’une nonne enragée qui s’était mise à courir en direction du président en brandissant un marteau. Un autre drone tira une bille qui transperça le voile et la boîte crânienne de la religieuse. Plusieurs autres personnes essayèrent de se rapprocher du président mais la sentence fut la même.

Progressivement, les tirs se calmèrent, les gémissements des blessés vinrent se substituer aux cris et la fureur laissa place à la désolation. Le président Slimani admirait son œuvre. Le sang avait recouvert la quasi-totalité de la route et les corps se comptaient par dizaines.

– Monsieur le président ? Tout va bien ? lui demanda un agent qui avait visiblement reçu une balle perdue dans le bras gauche.

– Oui, tout va bien.

– Que fait-on maintenant, monsieur le président ?

– Prévenez la police et l’armée. Dites-leur d’ouvrir le feu sur toutes les personnes en train de manifester devant les églises et les synagogues. Hommes, femmes et enfants.

– …… Euh

– Vous contestez mon ordre, agent El Mekki ?

– Non, monsieur le président, je vais transmettre votre ordre. L’agent El Mekki s’éloigna, laissant son président seul devant l’entrée de la synagogue. Youcef s’approcha du corps du grand rabbin et se pencha pour chuchoter ses adieux à celui qui avait osé s’opposer à lui:

– Allah Akbar …

Le Crapaud @Zoltan_47

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