Les eurodéputés ont voté une résolution amorçant la procédure de l’article 7 à l’encontre de la Hongrie de Viktor Orban.
Un vote majeur, aux lourdes significations politiques.
Selon Les Echos, constatant une menace pour l’état de droit dans le pays dirigé par Viktor Orban, les eurodéputés ont donc voté (par 448 voix pour et 197 contre et à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés) pour lancer le long processus au terme duquel il est théoriquement possible d’exclure un Etat-membre de son droit de vote dans l’Union.
C’est la première fois dans l’histoire de l’Union européenne qu’une telle procédure est enclenchée par le Parlement européen. Or, dans ce cas de figure, elle semblait encore très peu probable il y a quelques mois, pour une raison très politique : le parti de Viktor Orban, Fidesz, est membre du grand parti de droite qui domine la vie politique européenne, le PPE. Jusqu’à présent, le chantre de « l’illibéralisme » avait toujours bénéficié du soutien de sa famille politique, quitte à effectuer quelques concessions sur certaines réformes controversées.
Le PPE, groupe auquel sont rattachés les Républicains … et le parti de Viktor Orban, s’est donc divisé sur ce vote.
Il est intéressant de noter qui a voté quoi en cette circonstance tant on a pu mesurer dans le passé que certains députés avaient des discours différents à Paris et à Bruxelles !
Le tableau suivant retranscrit les votes des eurodéputés français :
A qui fera t-on croire que le clivage droite-gauche n’existe plus ?
Regardez le tableau précédent : dans la colonne de gauche (PS et Front de gauche) on a voté comme un seul gauchiste la résolution et dans la colonne de droite (Front national), on l’a rejetée avec la même unamité !
Mais c’est la colonne du milieu qui est riche d’enseignements !
Les sept députés de la République en marche et du Modem – réputés ni de droite, ni de gauche – ont tous voté … à gauche !
Au sein du PPE, qui regroupe les Républicains et AGIR – la droite constructive, la situation est plus confuse:
- 50 % ont voté pour la résolution,
- 17 % ont voté contre,
- 33 % se sont abstenus.
Mais quel était l’enjeu du vote ?
Quel sont les reproches faits à la Hongrie de Viktor Orban ?
Le Parlement reproche notamment au premier ministre et son gouvernement de ne pas respecter les valeurs de « respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit » édictées dans les traités européens. Sont précisément reprochés à la Hongrie :
- son système constitutionnel et électoral qui manquerait notamment de transparence et qui ne respecterait pas la séparation des pouvoirs.
- la limitation des compétences de la Cour constitutionnelle hongroise,
- le niveau élevé de corruption et de conflits d’intérêts,
- certaines limitations de la liberté de la presse, de la liberté d’association et de la liberté de religion,
- le traitement des minorités (les Roms notamment),
- les droits fondamentaux des migrants.
En fait, cette résolution fait naître la suspicion car le vrai problème, pour Bruxelles, porte principalement sur la politique concernant les migrants, et tout le reste parait n’être qu’un habillage permettant de masquer le vrai objectif du vote : avoir la peau de Viktor Orban !
Car Viktor Orban est devenu, en Europe, le porte-drapeau de la défense de l’identité européenne et de la résistance à l’invasion migratoire. Et cela, Bruxelles ne peut l’admettre !
D’ailleurs, cette résolution n’est qu’un jugement moral contre la Hongrie puisque son exclusion n’a aucune chance d’être adoptée au final car plusieurs pays dont la Pologne resteront solidaires de la Hongrie.
Dans ces conditions, à mon sens, la droite devait voter contre la résolution ou bien de s’abstenir, ce qu’ont fait la moitié des votants !
Je salue Michèle Alliot-Marie, Arnaud Danjean, Rachida Dati, Geoffroy Didier, Brice Hortefeux et Philippe Juvin qui se sont abstenus.
On ne sera pas étonné de noter que Nadine Morano a voté contre.
On gardera en tête le nom de tous ceux qui ont mêlé leur vote à la gauche pour condamner la Hongrie notamment Alain Lamassoure (fédéraliste convaincu) et Jérôme Lavrilleux.
Macron se frotte les mains !
Seul Macron peut se satisfaire de ce vote qui a réussi à fissurer la droite, ce qui reste son objectif premier à l’approche des élections européennes.
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