PMA pour toutes :
Les Républicains ne s’y opposeront pas
C’est une triste leçon de l’expérience qui déconsidère la droite libérale depuis des décennies : sur les sujets dits de « société » entre autres, après avoir combattu les lois nouvelles, venant le plus souvent de la gauche, elle finit par s’y rallier. Jusqu’à faire son mea culpa, comme l’a fait notamment un Nicolas Sarkozy qui a regretté de s’être prononcé contre le Pacs. « C’était une erreur », a-t-il dit en espérant gagner quelques voix d’électeurs homosexuels.
C’était l’introduction d’un article paru dans le Bulletin hebdomadaire d’André Noël. Il y avait longtemps que je voulais écrire un article sur les abandons successifs par la droite de ses valeurs « de droite ». Je vous propose ce texte avec lequel je ne suis pas entièrement d’accord mais c’est surtout pour ouvrir le débat sur la PMA pour toutes et notamment sur la position des Républicains sur cette mesure. Voici la suite de l’article :
Il en été ainsi de l’abolition de la peine de mort, hier, et aujourd’hui du « mariage pour tous » que les Républicains ne veulent plus abroger. On peut aussi rappeler leur hostilité à la loi Veil qui n’a pu être adoptée qu’avec les voix des députés de gauche et d’extrême gauche, pour pallier le refus du RPR, mais aujourd’hui cette loi est défendue par la droite libérale, y compris avec les aggravations que lui ont apportées les socialistes.
Bientôt, hélas, la PMA !
Et là, nos libéraux, notamment ceux de LR, innovent ! Ce n’est plus après le vote de la loi qu’ils s’y rallient mais avant puisqu’ils n’entendent pas la combattre, ni dans la rue, ni au Parlement. Damien Abad est vice-président des Républicains. Comme on lui demandait, dans le Journal du dimanche, s’il était favorable à l’ouverture de la PMA aux « couples » de femmes, il a répondu : « J’ai des interrogations, notamment sur la question épineuse d’une PMA sans père qui pose des difficultés morales. » C’est le moins que l’on puisse dire ! Mais il ajoute : « Il y aussi le principe de réalité : nous vivons dans une économie ouverte, où les femmes vont aujourd’hui en Belgique, en Espagne pour recourir à la PMA. »
Donc, les « difficultés morales » sont solubles dans le principe de réalité et l’économie ouverte ! Fragile morale … Il reste opposé, comme Laurent Wauquiez, à la GPA, mais, en bonne logique, le « principe de réalité » doit valoir pour elle aussi puisque des « gays » y ont recours à l’étranger, comme le journaliste homosexuel Marc-Olivier Fogiel, de RTL, s’en vante dans un livre tandis qu’il exhibe dans les journaux les deux petites filles conçues dans ces conditions aux USA, pour la bagatelle de 18.000 $ chacune ((environ 16.000 €) Mais ce côté mercantile, la « location » d’un utérus, loin de disqualifier ce procédé, est, selon lui, un argument pour l’étendre en le légalisant ; ainsi ce ne sera plus le privilège des riches. On se rappelle que c’est au nom de ce même raisonnement fallacieux que l’avortement a été légalisé : les pauvres doivent pouvoir comme les riches se débarrasser de l’enfant à naître.
Le secrétaire général de LR, Geoffroy Didier, est sur la même longueur d’ondes qu’Abad: « Je ne suis pas opposé, à titre personnel, à ce que des femmes homosexuelles puissent faire appel à la PMA. » Abad et ses amis ne descendront donc pas dans la rue pour protester contre l’institution, par la loi, d’orphelins de père : « Je ne souhaite pas que l’on rejoue le match de la Manif pour tous. Notre société est déjà fracturée. N’ajoutons pas de la fracture à la fracture. » Mais qui « fracture » qui ? Qui divise les Français si ce n’est le pouvoir, Hollande hier, Macron aujourd’hui ? Le député LR du Lot, Aurélien Pradié, justifie ainsi son ralliement : « Nous sommes beaucoup plus nombreux qu’au moment du mariage pour tous. A l’époque, j’étais contre, mais nous sommes quelques-uns, notamment dans la jeune génération, à avoir tiré les leçons de cet épisode douloureux. »
La leçon, apparemment, est celle-ci : puisque nous avons perdu ce combat-là, inutile de se mobiliser pour cet autre que nous allons perdre aussi … Christian Estrosi qui, avant l’élection de Macron, incarnait l’aile droite de LR, a, lui aussi, « changé » : il est désormais favorable à la PMA « pour toutes les femmes » et même à la GPA. « Quand on est confronté à ces problèmes de société, on comprend qu’il faut permettre à un couple d’hommes ou de femmes de pouvoir bâtir cette cellule familiale qui est si importante pour qu’elle réalise leur bonheur et leur équilibre dans la société. » Pour les « couples » d’hommes, ce ne peut être que la GPA. Quant au prétendu équilibre de la société, l’autorisation de la GPA serait au détriment de l’équilibre de l’enfant qui devra vivre sans père.
A ces défaitistes, dont certains se réclament du gaullisme, rappelons ce que disait Jacques Chirac et d’autres avec lui : « Les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on ne livre pas » ou encore « Là où il y a une volonté, il y a un chemin. » Mais, manifestement, la “volonté” n’y est pas, au point de vouloir exclure du parti ceux qui l’ont encore, cette volonté. Un cadre de LR s’est exprimé ainsi à propos de “Sens commun”, issu de la “Manif pour tous” et jusqu’ici composante de LR : « C’est la captation de la droite par Sens commun qui a permis le jusqu’au-boutisme de Fillon et nous a conduits à un suicide collectif. »
Et d’ajouter : « Personne ne l’a oublié et il n’est pas question que Sens commun reprenne une place dans notre famille politique. » Etonnant ! Car l’influence de Sens commun a été modeste puisque Fillon a déclaré ne pas vouloir revenir sur la loi ouvrant le « mariage » aux homos. C’est ainsi qu’on refait l’histoire ! L’échec de Fillon est principalement dû à l’acharnement de la justice socialiste contre lui et non pas à Sens commun, son allié !
Heureusement que les sympathisants et nombre de militants de LR sont plus motivés et plus courageux que leurs dirigeants qui refusent le combat. Ces sympathisants se retrouveront dans la rue avec ceux qui n’admettent pas que notre pays s’enfonce davantage dans le mépris de l’enfant au profit de « couples » lesbiens.
Juste quelques remarques à propos de ce texte. Je fais une grande différence entre le PACS d’une part et le mariage gay, l’adoption pleinière, la PMA et la GPA d’autre part. Cette différence tient dans le fait que les droits de l’enfants sont touchés ou non.
Le PACS n’était qu’une mesure fiscale et administrative destinée aux couples homos. Elle ne touchait pas du tout les enfants. Ce que Nicolas Sarkozy a regretté, à ce que j’en sais, c’est de ne pas avoir étendu les droits associés au PACS en créant une union libre qui donnait exactement les mêmes droits aux couples homos et hétérosexuel, sauf l’adoption. Cela aurait peut-être pu éviter la loi Taubira sur le mariage gay qui aurait été simplement un débat « pour ou contre l’adoption pour les couples homos ».
Contrairement à ce qui est souvent reproché à la Manif pour tous, j’ai participé à presque toutes ses manifestations et je n’ai jamais entendu la moindre critique sur les homosexuels, mais uniquement des slogans pour défendre le droit des enfants à avoir un père et une mère.
Mais il était plus simple de nous traiter d’homophobes !
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