Bruxelles avait tué Pechiney, va t-elle tuer Alstom ?

Publié par le 6 Fév, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Bruxelles avait tué Pechiney, va t-elle tuer Alstom ?

Aujourd’hui, la Commission européenne va, selon Bruno Le Maire, annoncé son opposition au rapprochement Alstom – Siemens dans le domaine de l’industrie ferroviaire.

Elle va le faire, au nom de règles dédiées au respect de la concurrence au sein de l’Union européenne.

Elle s’oppose ainsi au souhait des deux entreprises concernées et des deux gouvernements français et allemand qui entendaient créer un géant européen capable de rivaliser avec la Chine.

Cela me rappelle une bien triste histoire dont l’épilogue avait vu le démantèlement d’un fleuron de l’industrie française de l’aluminium : Pechiney.

Créé en 1855, Pechiney aura le quasi-monopole de la production d’aluminium en France pendant trois décennies. En 1971, Pechiney fusionne avec Ugine Kuhlmann et devient PUK : le premier groupe industriel privé français et est présent dans l’aluminium, la chimie, le cuivre, le combustible nucléaire et les aciers spéciaux. À partir de 1974, le conglomérat subit les chocs pétroliers et la concurrence des pays asiatiques, si bien que sa situation financière se dégrade. PUK doit abandonner la chimie et les aciers spéciaux et reprend le nom de Pechiney.

Et là … C’est le drame …

En 2000, un projet de fusion à trois avec ses concurrents canadien Alcan et suisse Algroup est refusé par la Commission européenne pour risque d’abus de position dominante dans plusieurs domaines, notamment l’automobile, la construction, les conserves alimentaires, et les emballages. L’idée des trois partenaires était de constituer un vaste ensemble international de 22 milliards de dollars.

Alcan reprend seul le suisse Algroup en 2001 et tente en juillet 2003 une OPA hostile sur Pechiney. En situation financière fragile, Pechiney ne peut résister et se fait absorber pour 4 milliards d’euros.

C’est la fin du fleuron français !

Est-ce ce qui attend Alstom ?

Le magazine L’Opinion a traité ce cas dans plusieurs articles parfois contradictoires ce qui montre son ouverture d’esprit. Voici les liens vers ces articles :

Concurrence: l’Europe est-elle si naïve ?  par Isabelle Marchais

Anticipant l’annonce officielle d’un rejet du mariage Siemens-Alstom, Bruno Le Maire a fustigé ce mercredi matin le veto de la commission européenne, parlant d’une « erreur économique » qui « va servir les intérêts de la Chine »

Bruxelles devrait officialiser le blocage ce mercredi de la fusion Alstom-Siemens visant à créer un champion européen du rail. Anticipant l’annonce, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a dès ce matin critiqué le veto, une «erreur économique». Une décision « politiquement grave » s’insurgeait dès mardi Bercy qui dénonce « un biais idéologique » et un cadeau fait à la Chine. La France entend faire des propositions à la prochaine Commission européenne pour faire évoluer les règles et la doctrine et permettre la constitution de champions européens.

La suite par ici.

Alstom-Siemens: que les politiques assument ! de Rémi Godeau

Gare aux faux procès ! Dans le dossier Siemens-Alstom, la commissaire à la concurrence – et avec elle les défenseurs de cette même concurrence libre et non faussée – est devenue une cible privilégiée. Margrethe Vestager est présentée comme une technocrate rétrograde, naïve et idéologue. Ses contempteurs se trompent. Pire, ils jouent un jeu dangereux.

La suite par ici.

Fusion Alstom-Siemens: « Bruno Le Maire sert la soupe à tous les populistes » 

L’analyse des fusions d’entreprises doit être « un débat rationnel entre gens rationnels », affirme l’avocat Olivier Fréget, spécialiste du droit de la concurrence.

Je ne m’explique pas comment on peut soutenir que le fait de faire disparaître l’émulation entre les 2 principaux constructeurs de matériel ferroviaire d’une région où le ferroviaire a une place tout à fait particulière serait une chance pour nous. Quel type de concurrence veut-on ? Si on estime que face à la Chine, l’enjeu se pose en termes de taille et de prix, alors on a déjà perdu la bataille ! La position de Bruxelles est beaucoup plus compréhensible sous l’angle de l’innovation et de l’émulation.

La suite par ici.

A vous de vous faire votre propre opinion …

Espérons qu’on ne se retrouvera pas dans quelques mois ou quelques années pour se lamenter sur la vente d’Alstom par appartements …

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