Bien peu de voix s’élèvent pour défendre François-Xavier Bellamy, victime d’un lynchage politico-médiatique. Cette virulence nous montre le manque d’impartialité, le trop plein d’idéologie de gauche, et finalement le déni de démocratie qui caractérisent la majorité des médias. Toutes choses inacceptables de la part de gens qui nous jettent au visage, sans cesse, les valeurs de la République.
Il est évident que dès qu’un homme politique assume des opinions clairement à droite (cf Nicolas Sarkozy, François Fillon), il devient la cible de toutes les attaques. Beaucoup d’attaques venant – c’est encore plus désolant – des rangs des Républicains !
C’est Denis Tillinac qui prend la plume, ce matin, dans Valeurs actuelles, pour défendre François-Xavier Bellamy et pointe ce lynchage indigne d’une démocratie. Voici sa chronique :
La désignation de la tête de liste LR aux européennes est l’occasion d’amorcer une recomposition du paysage politique, sous réserve que le résultat soit bon.
Laurent Wauquiez, le président des Républicains (LR), vient de présenter les têtes de gondoles de la liste de son parti aux élections européennes. Elle sera conduite par François-Xavier Bellamy, un jeune prof de philo, élu à Versailles. Inconnu du grand public, il s’est signalé en publiant deux livres d’une grande pertinence sur l’éducation et sur la permanence. Déjà les dagues sortent de leurs fourreaux. On lui reproche d’être catholique. Pire : il a soutenu les « manifs pour tous » hostiles à la loi Taubira – comme d’ailleurs la quasi-totalité des parlementaires de droite. Lesquels s’évertuent à faire oublier leur vote, au motif qu’entre-temps les sondages auraient révélé une évolution de l’opinion. Le courage a toujours été rare dans les travées de l’Assemblée. Voilà donc Bellamy portraituré en émule de Veuillot, voire de Torquemada, armé d’un goupillon et préméditant une neuvième croisade.
Un tel déchaînement de christianophobie ne serait pas incongru à Libération, à Charlie Hebdo ou au Canard. Or, il émane d’une fraction de la droite et du centre acquise à la « modernité » sociétale. Autant dire au boboïsme de gauche incarné dans l’orbite macroniste par la pétulante Marlène Schiappa. Jean-Christophe Lagarde, par exemple, patron de l’officine centriste UDI, dénonce une « droitisation » de LR, prétendument symbolisée par un candidat qui va à la messe et ne daigne pas s’en excuser. Au sein même de LR court ici et là la même insinuation d’une dérive vers le conservatisme, assimilée ou peut s’en faut à l »‘ ordre moral » de l’ère vichyste.
La dérive fâcheuse, c’est de juger inconvenante la candidature d’un conservateur intellectuellement bien charpenté dans un parti censé défendre le sens de notre mémoire, la pérennité de notre culture, les bienfaits de la transmission.
Bref, les pierres d’angle d’une civilisation – la nôtre -, esquif chahuté sur l’océan du mercantilisme mondialisé. Si la droite renonce à cette mission, qui s’en acquittera ? Si elle s’en tient à l’apologie du libéralisme, autant qu’elle disparaisse : il y a chez Macron suffisamment de sectateurs d’un monde où aucun enracinement moral n’entravera les visées des forces de l’argent.
Certes, il serait opportun de délester l’État et les collectivités locales de leur mauvaise graisse. Trop d’impôts, trop de charges, trop de réglementations ineptes dévitalisent notre économie: des doses de libéralisme à usage interne favorisant l’activité des petits entrepreneurs, des commerçants, des artisans s’imposent. La droite héritière de Tocqueville, Guizot, Aron a vocation à préconiser des réformes économiques dont l’objectif initial serait de désendetter et désembourber l’État. À cet égard, les expertises d’Agnès Verdier-Moliné méritent d’être prises en considération. Reste que, dans notre pays, les thèses libérales ne séduisent guère hors la classe dirigeante et moyenne supérieure; dans les urnes cela pèse autour de 15 %. L’autre droite, moins « libertaire », plus cocardière et soucieuse de ne pas larguer notre art de vivre, lève le gros de ses troupes dans les classes populaires. Les « gilets jaunes » modérés seraient plutôt de ce bord, où la fronde des humbles contre les privilégiés est toujours en latence.
Les politologues ont coutume de qualifier ces deux droites « d’orléaniste » et de « bonapartiste ». Elles ne sont pas solubles l’une dans l’autre. Elles semblent même à maints égards incompatibles. L’histoire pourtant a montré que leurs coalitions permettaient d’obtenir des majorités de gouvernement, sous condition de respecter les différences de sensibilité. Les trois têtes de liste présentées par LR reflètent assez bien ces différences: du sarkozysme, du juppéisme, du fillonisme. Si l’électorat de droite souhaite, non pas empêcher Macron de gouverner, mais l’émanciper d’une Macronie sans phare ni boussole, il doit en bonne logique opter pour la liste de Bellamy. Si ce dernier réalise un bon score, une recomposition politique sera envisageable. Sinon continuera de prévaloir cette situation malsaine: Macron au centre de tout et de rien, l’essor des deux extrêmes qui assurent sa survie mais le ligotent, avec risque d’étranglement.
Denis Tillinac pour Valeurs actuelles.
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