Le Point remonte un peu dans mon estime …
Abonné de la première heure du magazine Le Point, après presque 40 ans de fidélité, j’avais arrêté mon abonnement, lassé des éditos au vitriol de Frantz-Olivier Giesberg à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
Mais ce matin, je découvre un article très positif sur François-Xavier Bellamy qui tranche avec le lynchage médiatique actuel contre le candidat des Républicains, coupable d’être catholique et d’avoir des opinions conservatrices (j’ai horreur de ce mot !), des opinions de droite sur le plan sociétal.
Je relaye donc cet article que l’on doit à la plume de Jérôme Cordelier :
Depuis Versailles, Bellamy (r)avive « notre besoin d’Europe »
La tête de liste LR aux prochaines élections européennes a dévoilé quelques lignes force de son programme. Et a, au passage, répondu aux attaques …
« Le Petit Prince à Versailles », « L’homme qui rêve », « Sillons »… Francois-Xavier Bellamy n’aura pas eu le loisir, ce 8 février, de contempler les vieilles affiches d’expositions qui ornent l’université Inter-Âges de Versailles. Dommage, elles l’auraient sans doute amusé, tant elles semblent adaptées à son cas, du moins à la caricature de lui dont se repaissent les médias. C’est dans cette salle aux murs défraîchis et aux rideaux de velours passé, blottie derrière l’hôtel de ville, que la tête de liste LR aux élections européennes a voulu lancer sa campagne. Un lieu que le candidat connaît bien puisqu’il rythme la vie culturelle et sociale de cette ville entre Paris et province dans laquelle François-Xavier Bellamy est élu depuis dix ans – on n’a pas fini de le savoir ! Une salle chaleureusement désuète, avec ses fauteuils dans lesquels on s’enfonce comme dans les salons douillets. Bref, il y avait dans l’atmosphère comme un parfum de vieille Europe hors temps et hors mode, mais immuable, solide, qui à l’Histoire pour elle, ce qui seyait bien, finalement, à la nature de l’événement et à l’auditoire, mêlant têtes chenues et fringants élèves de prépas élitistes.
La joie, une incongruité en politique
Au risque de décevoir ses détracteurs, François-Xavier Bellamy n’était pas là pour parler IVG (amis de France Inter, rassurez-vous : le mot ne fut jamais prononcé), mais bien d’Europe. Lançant son discours par le mot « joie » (une incongruité en politique) pour dire son émotion d’être dans « notre chère ville de Versailles », le philosophe-candidat a égrené quelques lignes de force d’un engagement européen « nécessaire » – en attendant le programme proprement dit qui sera finalisé mardi. « Nous voulons maîtriser notre destin, ne pas subir une histoire qui se ferait sans nous », insiste le trentenaire en affirmant que « l’Europe, c’est le goût de la liberté… depuis le Ve siècle avant Jésus-Christ ». Sans se départir de sa voix éternellement souriante et d’une courtoisie so british (avant Brexit), le candidat LR avance ses idées mezza voce, mais avec douce fermeté. « Nous avons besoin d’Europe », souligne François-Xavier Bellamy pour répondre aux critiques : « On ne laissera pas dire que nous sommes anti-européens, c’est absurde. »
De la conviction dans une gangue (épaisse) de velours. « Nous avons besoin d’Europe pour continuer d’exister malgré cette guerre commerciale qui se joue au-dessus de nos têtes », soutient encore le chef de file LR. Évoquant l’actualité du rejet de la fusion Alstom-Siemens par la commissaire européenne Margrethe Vestager, François-Xavier Bellamy se montre plus didactique et bien moins vindicatif que Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau. « Dans ce blocage, il ne faut pas accuser la Commission européenne, qui a pour mission de faire appliquer le droit européen », explique l’ancien professeur, inlassable chantre du dialogue. Même avec l’Italie : « Nous avons besoin de parler ensemble. » Le novice outsider, tête de liste d’un parti exsangue, brocardé pour son profil WASP, n’en finit pas de prôner le rassemblement, la complémentarité, le collectif. À tous les étages. « Nous avons en commun l’histoire d’une civilisation qui mérite de durer », ajoute-t-il avec cet éternel air faussement ingénu, mais… pas candide, qu’on se le dise – encore un procès. « Face à des acteurs mondiaux nouveaux, nous devons rompre avec notre naïveté, lâche François-Xavier Bellamy. Il nous faut reconstruire une Europe qui soit une alliance efficace au service des entreprises et des industries. » Mais encore ? « Nous ne voulons pas vivre dans un monde où l’on pêche un poisson en Irlande pour le congeler en Chine puis le ramener en Europe. » Et toc !
Défi migratoire
Face aux « défis des grandes migrations qui s’annoncent », pas de discours de repli, là non plus : « Pour maîtriser les flux migratoires, nous avons besoin de l’Europe. » Le candidat veut sortir des caricatures dans lesquelles on essaie de l’emprisonner, avec son faux air de « Petit Chose ». On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille… Las des « polémiques absurdes » qu’il vit tous les jours à cause de « Versailles, ce nom lourd à porter », devant une salle chauffée à blanc par ce « délit de faciès » (dit le public), François-Xavier Bellamy se dit « effaré de la violence des critiques qui ont accompagné (s)on investiture ». Et renvoie ses détracteurs aux livres d’histoire : « Versailles a été liée à toutes les guerres de l’Europe moderne et toutes les paix qui se sont construites. » Faut-il rappeler qu’à Versailles (communauté urbaine de 90 000 habitants) se croisent les rois, les empereurs mais aussi les hautes figures révolutionnaires, les musiciens du Grand Siècle et les Daft Punk, Molière et les frères Podalydès, Saint-Gobain (la galerie des Glaces) et des start-up conquérantes, à deux pas du plateau de Saclay, futur poumon de la recherche européenne, bref, que Versailles est depuis la nuit des temps un grand terrain de jeux pour artistes, ingénieurs, entrepreneurs… ?
« Je suis révolté qu’on enferme Versailles dans l’image d’une France qui défendrait des privilégiés. C’est ici que j’ai appris l’engagement. » Au passage, le jeune Bellamy donne un coup de patte (eh oui, il le peut) à Marine Le Pen (qui est de Saint-Cloud). « Elle a dit : C’est un Versaillais, donc il ne pourra jamais s’adresser aux Français, attaque-t-il. Quand Marine Le Pen parle, j’entends Georges Marchais. Ou Claude Bartolone accusant pendant les élections régionales Valérie Pécresse d’être la candidate de Versailles et de la race blanche (NDLR : ce qui avait fait perdre l’élection au baron socialiste). Si elle venait à Versailles, Marine Le Pen verrait l’alliance d’une histoire séculaire et de la capacité à construire l’avenir. » En descendant de l’estrade, assailli par les militants et les reporters, la tête de liste LR aux européennes souffle au Point, enfonçant le clou : « Ce moment est important, car je pars de la ville où je me suis engagé pour aller parler aux Français. » Marine Le Pen peut bien pouffer… Il a dit cela avec sa petite assurance tranquille, cette légèreté apparente qui détone dans un monde où la brutalité vaut engagement. Pas d’effets d’estrade, de formules ciselées pour un 20 heures, de polémiques « politichiennes », mais des idées qui fusent, au fil d’un discours sans notes, comme dans un numéro de « stand-up » intellectuel, et qu’il faut désormais organiser pour les placer dans le débat public. L’apparent conservateur Bellamy, qui porte le prénom d’un grand aventurier jésuite, entre en campagne sur la pointe des pieds, en souriant, en parlant de « joie », d’« honneur », d’« engagement », sans renier ce qu’il est. Ça déplaît ? Tant pis. Ou… tant mieux. Et si, au milieu du brouhaha populiste et de la surenchère séditieuse des grandes gueules, le Versaillais devenait « disruptif » ? « L’engagement que tu prends est un engagement de propositions », prévient François de Mazières, le maire de Versailles, celui qui l’a détecté et pour qui le jeune Bellamy incarne « la sincérité et le renouveau en politique ». Au diable les caricatures : les Versaillais dans l’Histoire ont souvent montré leur sens de l’innovation, et pas seulement au temps de Louis XIV, qui avait fait du château le plus grand labo techno d’Europe.
Jérôme Cordelier pour le Point.
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