Ce matin, je suis un peu dans le même état que le lundi matin 11 mai 1981 après la victoire de François Mitterrand.
Mais en 1981, c’était peut-être moins grave qu’aujourd’hui, car, à l’époque, à droite, nous pensions que « l’expérience socialiste » ne durerait pas longtemps à l’épreuve du réel. Mais ce matin, c’est bien tout l’horizon politique qui semble plombé et pour longtemps.
J’étais parti pour titrer cet article : Jupiter-minator quand je me suis souvenu que j’avais déjà utilisé ce titre dans un article posté en décembre 2018.
Car une fois de plus, je constate que ce que sait faire de mieux Emmanuel Macron, c’est détruire.
En 2017, il avait tué le PS, et avait laissé les Républicains K-O debout. Hier soir, il semble bien qu’il leur ait donné le coup de grâce.
Il a aussi essayé de tuer les corps intermédiaires, les élus locaux, les syndicats, même les plus réformistes ! Il semble que les Gilets jaunes aient mis un terme à cet aveuglement.
Dans ce champ de ruines, il ne reste plus, comme au second tour de la présidentielle, que la macronie et le Rassemblement nationale. Soit, en caricaturant un peu, le choix entre la peste et le choléra !
C’est une alternative dangereuse pour la paix civile. On en observe les prémisses depuis six mois avec cet interminable mouvement des Gilets jaunes, d’une durée unique sous la V ème République.
C’est une alternative qui n’a rien à voir avec l’ancien clivage droite-gauche qui ne remettait pas en cause l’essentiel du fonctionnement des institutions à chaque alternance.
Une victoire du Rassemblement national mettrait le pays à feu et à sang car jamais les forces de gauche n’accepteront la décision des urnes. Pour elles, le Rassemblement national ne sera jamais légitime.
Dans l’immédiat, on peut imaginer qu’Emmanuel Macron va gauchir sa politique économique et mettre la pédale douce sur les réformes à venir (assurances chômage et retraite).
Il donnera probablement aussi quelques gages supplémentaires à la gauche sur le plan sociétal (PMA, fin de vie, etc …). Autant de motifs de déception pour les macronistes venus des Républicains. Mais reviendront-ils pour autant vers leur parti d’origine, quasi-moribond ou sauteront-ils le pas vers le Rassemblement national.
Faudra t-il vraiment qu’on finisse par voter FN ?
Cette victoire plombe aussi l’avenir d’une évolution du Rassemblement national. Marine Le Pen se trouve aujourd’hui remise en selle pour 2022. Et ainsi, l’hypothèse Marion Maréchal se trouve reportée aux calendes grecques ! Merci Macron !
Le parti des Républicains va t-il survivre à sa cuisante défaite ?
Laurent Wauquiez va t-il devoir céder sa place ? Ce matin, sur RTL, Valérie Pécresse a été très mesurée dans ses réactions à la défaite. Elle a résisté à toutes les multiples tentatives d’Yves Calvi de lui faire dire, à tout prix, que Laurent Wauquiez devait démissionner. Elle a simplement appelé à l’élargissement de la droite et indiqué qu’à titre personnel, elle-même aurait démissionné dans de telles circonstances.
Que vont faire les autres opposants à la ligne Wauquiez, Xavier Bertrand, Jean-Pierre Raffarin, et consort ?
De cela dépendra la survie ou la disparition des Républicains.
Pour une analyse de la droite plus sérieuse et peut-être moins partisane, on peut lire cet article paru dans Causeur :
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