Ce matin, la République en marche et la (sa ?) presse chantent la même chanson. Elles oublient le référendum qu’Emmanuel Macron avait lui-même mis en place pour ou contre Macron face au populisme.
Elle minimise l’écart entre laREM et le RN et passe au second plan le fait que le RN soit arrivé en tête.
On pourrait le comprendre de la part de la République en marche qui défend son pré carré, mais on ne le pardonnera pas aux médias qui une fois de plus marquent leur complaisance vis à vis de Macron.
Voici un article tiré du Bulletin hebdomadaire d’André Noël qui analyse le scrutin d’hier et ses conséquences politiques :
Il ne fallait pas être un grand politologue, en fin d’après-midi dimanche, pour penser que la ruée vers les urnes, sans précédent depuis 25 ans alors qu’on s’attendait tout au contraire à une large abstention, n’était pas le fait d’électeurs voulant sauver le soldat Macron ! C’eût été à contre-courant de la tendance constatée depuis quinze jours. C’est, au contraire, la volonté de le punir en faisant passer la liste du Rassemblement national largement devant celle qu’il soutenait. Avec 22,4 % contre 23,7 % pour le RN, il a perdu son pari … Néanmoins, il conservera le même cap.
Il voulait « tout faire » pour que la liste conduite par Jordan Bardella n’arrive pas en tête. Et il a tout fait ! Il a dénoncé tous les jours ou presque le populisme. Lors de la dernière semaine, il s’est répandu dans les journaux régionaux puis, pour piper, siphonner, des voix écologistes, il a réuni un nouveau comité Théodule pour l’écologie, tandis que, deux heures avant la clôture de la campagne, il dialoguait avec un « youtubeur » espérant par ce canal atteindre les jeunes électeurs.
Non seulement cet activisme partisan ne lui a pas permis de remonter la pente mais, en outre, plus il intervenait, plus la cote du Rassemblement national s’enflait dans les sondages.
Ce scrutin exprime donc le rejet massif des électeurs de sa politique comme de sa personne.
Et cela ne risque pas de s’améliorer à voir la façon dont l’Elysée a utilisé des « éléments de langage » pour ses affidés sur les plateaux de télé et les radios. La moindre des élégances eût été de reconnaître simplement la défaite qui éclate aux yeux de tout le monde.
Mais non ! Le porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a expliqué que c’est l’Europe de Macron qui a gagné, car il faudrait ajouter au score de LREM les voix des formations favorables à l’Union européenne !
Dans ce cas, il conviendrait aussi de compter toutes les voix souverainistes (Dupont-Aignan, Philippot, Asselineau…) avec celles du Rassemblement national !
Tel autre ministre explique que ce n’est pas si mal que ça : « En pleine crise des gilets jaunes, il y a six mois, tout le monde aurait signé pour 20% des voix » tandis que Bruno Le Maire trouve admirable que Macron ait presque maintenu son score du premier tour de la présidentielle.
L’Elysée n’en est pas encore à dire, comme Ségolène Royal après sa défaite : « Je vous mènerai à d’autres victoires » mais presque !
Mauvaise politique, mauvaise tête de liste, mauvaise campagne et maintenant mauvaise foi dans l’échec. Cette suffisance dans l’insuffisance ne peut que nourrir un peu plus la colère des Français à l’égard du chef de l’Etat.
Et maintenant que va-t-il faire ? On sait ce qu’il ne fera pas : démissionner, ce qui eût été à la mesure d’un désaveu populaire aussi massif et eût constitué une attitude digne, au lieu de finasser pour éviter de reconnaître cet immense fiasco.
Il avait dit que s’il ne parvenait pas à être en tête, c’est la suite du quinquennat qui serait remise en cause et donc les réformes projetées. A quoi donc va-t-il renoncer ? A moins qu’il ne choisisse la fuite en avant puisqu’il ne peut descendre plus bas dans l’impopularité ? Le sait-il lui-même ? Il n’est pas question de changer de premier ministre, dit-on à l’Elysée. Il y aura un remaniement, mais peut-être attendra-t-il la rentrée, libérant alors les ministres désirant être candidats aux municipales de 2020.
Si les élections européennes sont les premières depuis la présidentielle, elles ne seront pas les dernières d’ici à la fin du quinquennat. Outre les municipales en 2020, il y aura les régionales et les départementales en 2021. Le chemin de croix électoral de Macron ne fait que commencer.
Nous aurons l’occasion d’y revenir mais notons l’effondrement inattendu de la liste LR (8,4 %) de Bellamy derrière EELV (13 %) et celle de la France insoumise (6,3 %).
Explication possible : la liste RN a bénéficié d’un apport de voix de la droite et de la gauche. Si 17 % de ceux qui ont voté Fillon se sont prononcés cette fois pour Marine Le Pen, de même 10 % des électeurs de Mélenchon de 2017 ont voté pour le Rassemblement national et EELV reverdit. On notera également que le parti du Brexit au Royaume-Uni arrive en tête avec 31 %.
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