C’était un extrait de la célèbre chanson de Jacques Dutronc, l’opportuniste, dont les paroles s’appliquent parfaitement aux ministres de droite qui ont rejoint Emmanuel Macron.
Mais après les ralliements, viennent toujours les couleuvres à avaler …
Très vite, la première couleuvre fut avalée par Bruno Le Maire qui dans son programme de candidat à la présidentielle préconisait une baisse sensible de la CSG et qui, arrivé à Bercy, l’avait augmentée, aussi sec, de … 25 % !
Après la phase libérale, Emmanuel Macron, soucieux de donner des gages à son aile gauche, entre maintenant dans sa phase libertaire et les couleuvres propres à satisfaire la gauche bobo vont devenir plus fréquentes et plus grosses !
Voici, sur le sujet, l’édito de Guillaume Roquette paru dans Le Figaro Magazine :
Le prix des volte-face
Il y a peu de temps encore, Jean -Michel Blanquer était opposé à l’accompagnement des sorties scolaires par des mères voilées : il vient de faire adopter la disposition inverse dans sa loi sur l’école. Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin étaient, eux, hostiles à la PMA pour les couples de lesbiennes : ils s’apprêtent à soutenir comme un seul homme une loi la légalisant.
Sans doute faut-il avoir l’échine souple pour passer chaque semaine la porte du Conseil des ministres. Et cette élasticité est d’ailleurs vieille comme la politique : L’Opportuniste, inoubliable chanson de Jacques Dutronc, date de 1968.
Sous tous les régimes, il est généralement plus important pour un responsable politique de gagner les élections que de défendre des convictions. « Les idées sont une prison », a dit un jour Jacques Chirac. Mais, dans le cas des ministres de droite d’Emmanuel Macron, il n’est pas exclu que ces volte-face aient leur part de sincérité. « Le mérite du débat démocratique, c’est de vous faire bouger », affirmait cette semaine Bruno Le Maire sur Europe 1 quand on l’interrogeait sur ses prises de position passées sur la PMA. On touche là à l’essence même du progressisme macronien : le mouvement devient la finalité de l’action publique. Ce qui compte, c’est d’être « en marche ».
Mais en marche vers où ? Dans un entretien roboratif accordé cette semaine au Figaro, l’essayiste François Sureau répond en une phrase:
« L’Etat n’a plus d’autre fonction que de garantir les désirs. »
Ce parti pris a l’avantage de garantir une forme de paix civile en cédant aux revendications des minorités qui cessent ainsi, au moins provisoirement, de réclamer des droits nouveaux. De plus, la satisfaction des désirs de certains est réputée ne rien enlever aux autres. Comme le rétorquaient les partisans de la loi Taubira à ceux qui s’y opposaient : « On n’empêche pas les hétéros de continuer à se marier. » Mais la médaille a son revers. Cette politique de garantie des désirs tient pour secondaire ce qui contribuait à donner à la société française son homogénéité. Les références culturelles communes, l’attachement à la famille et le civisme républicain apparaissent comme quantité négligeable ou vestiges d’un monde dépassé. L’individualisme devient la norme, l’Etat ne s’accordant plus la légitimité d’y résister.
Ce laisser-faire sociétal du gouvernement ne pose sans doute pas de problème majeur aux électeurs d’Emmanuel Macron, les membres du « bloc élitaire » qu’évoquait dans nos colonnes la semaine dernière le politologue Jérôme Sainte-Marie. Rares sont ceux qui verront les sorties scolaires de leurs enfants encadrées par des femmes coiffées du hidjab. Mais il n’en va pas de même dans les classes populaires. Elles assistent aux premières loges à la montée du communautarisme islamique et ne possèdent pas le capital économique et culturel pour échapper à ce face-à-face. C’est à l’Etat de les défendre. Il ne le fait pas, comme il s’apprête à ne plus défendre le droit d’un enfant à avoir un père.
Singulière conception du progrès.
Guillaume Roquette pour Le Figaro Magazine.
Ce qu’ils disaient de Macron … Avant !
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