Je n’ai aucune sympathie pour Christian Estrosi, un homme qu’on a connu très à droite et qui, depuis son élection grâce au désistement des socialistes pour faire obstacle au Front National, s’est découvert une âme d’homme de gauche.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, Christian Estrosi a montré beaucoup de complaisance vis-à-vis de la Macronie.
Ceci étant dit, j’ai appris en lisant Valeurs actuelles, que le maire de Nice s’était battu avec pugnacité, et ceci contre plusieurs gouvernements, pour éviter l’édification d’un centre « culturel » musulman Nice. Qu’il en soit remercié !
Voici le récit de cette bataille :
Depuis 2012, Christian Estrosi, maire de Nice, épuise tous les recours administratifs et judiciaires pour fermer la mosquée En-nour, financée par des fonds saoudiens. Au -delà de l’impuissance des édiles face au communautarisme, ce cas d’école démontre la duplicité de l’État.
Loin de l’affluence du vendredi, jour de prière, la mosquée Ennour, située au coeur du nouveau quartier d’affaires de l’Éco-Vallée, est, en ce jeudi de juin, déserte. Tel un gardien du temple pour lequel il a tant bataillé, l’imam Benzamia est à son bureau. Après nous avoir prié de retirer nos chaussures avant d’en fouler la moquette, il interroge d’un sourire la raison de notre venue : les polémiques notamment autour du financement de la mosquée … Il déclare alors n’avoir rien à nous dire de plus sans avoir consulté son avocat, dès lors que la justice a clos le dossier. Restaurant halal, librairie, salles de cours, d’ablutions et de prière pour les hommes et pour les femmes, l’Institut niçois En-nour peut accueillir jusqu’à 1000 fidèles. Il a ouvert ses portes un mois avant l’attentat de Nice, en 2016, à l’issue d’un bras de fer juridique et judiciaire qui l’oppose toujours au maire de Nice, Christian Estrosi. Au coeur de l’affaire: le financement étranger et occulte du lieu.
Tout commence en 2002. À cette époque, un riche Saoudien, Saleh alShaikh, en vacances sur la Côte d’Azur, recherche un lieu de culte pour s’acquitter de l’une de ses prières quotidiennes. À sa descente d’avion, il se rend à la mosquée Attaqwa, dans le quartier des Moulins, et fait la connaissance de son imam, Mahmoud Benzamia. Un an plus tard, le cheikh acquiert pour 1,2 million d’euros un ancien restaurant d’entreprise situé avenue Emmanuel Pontremoli avec pour voeu pieux d’y bâtir une mosquée susceptible d’accueillir les familles saoudiennes en villégiature dans la cité azuréenne.
Proche du prince héritier Mohamed ben Salman, le nouveau propriétaire des lieux n’est autre que le ministre des Affaires islamiques et de la Propagation de la foi d’Arabie saoudite, État religieux wahhabite proche du salafisme qui prône la charia … Le dignitaire saoudien loue le bâtiment à Mahmoud Benzamia. En 2012, alors qu’aucune autorisation administrative n’a été délivrée par la Ville, l’Association socioculturelle et cultuelle Nice La Plaine, qui exploite le local, commence le réaménagement intérieur du bâtiment. Coût estimé des travaux: 760 000 euros.
Hostile à l’implantation d’une nouvelle mosquée dans une zone en pleine expansion et qui plus est propriété d’un ministre saoudien, le maire de Nice, Christian Estrosi, écrit, dès 2012, à Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, afin que ses services diligentent une enquête sur l’origine des fonds. Une démarche qu’il renouvelle, en 2015, auprès de Bernard Cazeneuve, successeur de Valls. Beauvau accuse réception mais ne donne pas suite aux demandes d’Estrosi.
L’édile trouve alors une parade administrative : l’ouverture d’une enquête d’utilité publique pour l’implantation d’une crèche en lieu et place de la mosquée. En 2016, un commissaire enquêteur émet un avis favorable pour ce nouveau projet, mais le préfet des AlpesMaritimes, Adolphe Colrat, refuse de signer la déclaration d’utilité publique et privilégie la poursuite des travaux du lieu de culte. Il assortit cependant sa décision de deux conditions: que l’Arabie saoudite n’ait aucune influence sur l’association porteuse du projet et que la communauté musulmane niçoise soit représentée au conseil d’administration d’En-nour.
Si la seconde condition se révèle une pure formalité, la première est loin d’être acquise: depuis 2002, le loyer de 4 700 euros n’a jamais été réglé au cheikh. De plus, on s’aperçoit, en scrutant les devis des travaux réalisés par le centre En-nour, qu’une dizaine de sociétés seraient intervenues bénévolement … Étonnamment, certaines d’entre elles sont constituées deux jours avant le début des travaux et déposent le bilan sitôt la mosquée ouverte. Pis, un mystérieux « donateur » lègue 100 000 euros en espèces. Pour porter ces valises de billets, les services de renseignements s’interrogent sur le rôle que jouerait Fethi Slimi Mabrouki. Ce carreleur, membre du conseil d’administration d’En-nour, est organisateur de pèlerinages à La Mecque. Ainsi que l’a découvert la police municipale au détour d’un banal contrôle routier, il fait l’objet d’une fiche S.
La gauche, toujours complaisante pour l’islam.
À la lumière de ces éléments troublants, Christian Estrosi adresse un signalement au parquet de Nice en application de l’article 40 du code de procédure pénale pour des soupçons d’abus de biens sociaux, fraude fiscale et blanchiment d’argent. Un an plus tard, l’enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République de Nice aboutit à un classement sans suite. «Manuel Valls à l’époque comme Emmanuel Macron aujourd’hui ont promis de s’attaquer au .financement étranger des mosquées. Qu’est-ce qui terrorise autant le pouvoir socialiste d’hier et celui d’aujourd’hui dans le fait de fermer ce lieu de culte ? », s’interroge Estrosi dans son bureau de l’hôtel de ville. « J’hésite entre le laxisme du gouvernement ou un intérêt supérieur à tout autre d’entretenir de bonnes relations avec l’Arabie saoudite », attaque-t-il.
D’autant que soi-disant garant d’un islam du « juste milieu », le centre En-nour a accueilli Hani Ramadan, notamment pour une conférence sur l »‘islamophobie ». Le frère de Tariq Ramadan, islamologue controversé, est d’ailleurs interdit de territoire depuis 2017 … Quant à Mahmoud Benzamia, l’imam de la mosquée, il tient des propos archaïques notamment sur la femme occidentale, « objet sexuel de l’homme […] prisonnière des désirs et des fantasmes masculins […] la liberté de la femme est réduite à sa liberté sexuelle ». Il fut par ailleurs, dans les années 1990, le président de l’Umam, la branche locale de l’UOIF (dénommée Musulmans de France depuis 2017), émanation des Frères musulmans … Le renseignement territorial écrit, dans une note de 2013 que Valeurs actuelles a pu consulter : « Personnage équivoque au passé tumultueux et aux proximités diverses. » Benzamia continue d’entretenir aujourd’hui des liens étroits avec l’association Au coeur de l’espoir, qui distribue nourriture, tapis de prière et Coran aux migrants à Vintimille. Une association dans laquelle s’était engagé un certain Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l’auteur de l’attentat de Nice, qui a fait 86 morts, le 14 juillet 2016.
Patricia de Sagazan pour Valeurs actuelles.
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