« A cultiver la haine de soi,
on ne récolte que la haine des autres. »
C’est le titre d’un excellent article du sénateur LR, Bruno Retailleau, paru dans le magazine Valeurs actuelles.
Le progressisme ne peut justifier sa confiance aveugle dans le futur et le progrès qu’en cultivant la haine et le reniement du passé.
Le Conservatisme, au contraire, est naturellement confiant dans le futur car il s’appuie sur les réussites du passé tout en tentant d’en corriger les erreurs.
C’est un non-sens absolu de juger les actions du passé avec les normes d’aujourd’hui. Les progressistes nient l’évidente nécessité de contextualiser notre regard sur le passé.
Ce strabisme historique pousse les progressistes dans une tendance morbide a l’autoflagellation permanente aggravée dans le contexte actuel du droit-de-l-hommisme à tout crin.
Voici l’interview de Bruno Retailleau :
Valeurs actuelles : En 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle déclarait sur une chaîne algérienne que la colonisation constituait un « crime contre l’humanité ». En 2019, Emmanuel Macron président persiste et signe : le colonialisme a été « une faute de la République » a-t-il déclaré à Abidjan aux côtés du président ivoirien Alassane Ouattara. Celui qui faisait du juste milieu une vertu, ne s’embarrasse pas de nuances sur cette épineuse question de la colonisation. Cette lecture unilatérale des faits n’exacerbe-t-elle pas le complexe de repentance qui affecte la France depuis de nombreuses années ?
Bruno Retailleau : Cette récidive d’Emmanuel Macron traduit une vision pénitentielle de l’histoire de France qui, en réalité, est consubstantielle au progressisme. Pour ce dernier, le présent est moralement supérieur au passé, et la tâche des hommes de bien consiste à extirper le mal d’une histoire nationale qui, pour les progressistes, ne serait qu’une succession de crimes.
Ce mélange d’arrogance et d’ignorance n’est pas seulement faux sur le plan historique – la colonisation est un phénomène éminemment plus complexe que semble vouloir le croire Emmanuel Macron – mais il est également dangereux sur le plan civique. Car comment faire aimer la France aux nouveaux venus si l’on ne cesse d’exhiber des raisons de la détester, comme autant de tâches indélébiles sur le drapeau tricolore ? L’autoflagellation ne peut tenir lieu de politique d’intégration.
Valeurs actuelles : Le poète Léopold Sédar Senghor énonçait poétiquement que : « la colonisation a charrié de l’or et de la boue. Pourquoi retenir la boue et pas les pépites ? » Nous pourrions retourner cette question à Emmanuel Macron. À votre avis, pourquoi le chef de l’État ne s’appesantit que sur les affres de la colonisation, à l’exclusion des bénéfices qu’elle a pu avoir ?
Bruno Retailleau : Les raisons sont idéologiques et peut être aussi électorales. Car pour la gauche « terra-novienne », dont Emmanuel Macron est issu, la repentance est une manière de s’adresser à ces « minorités » issues de l’immigration dont elle a voulu faire son électorat de substitution, après avoir théorisé l’abandon des classes populaires.
Ce calcul est doublement dangereux. D’abord parce qu’il donne du grain à moudre à tous ceux qui ne veulent pas que les immigrés ou les Français issus de l’immigration s’assimilent à la France, à commencer par les tenants de l’islam politique. Ensuite parce qu’il renforce l’insécurité culturelle de tous ces Français attachés à la France à qui l’on présente leur histoire comme indigne d’être aimée.
L’on voudrait favoriser les replis qu’on ne s’y prendrait pas mieux ! Notre destin collectif ne peut s’accomplir que dans une vision réconciliée de notre histoire. En noircissant le passé de la France, Emmanuel Macron obscurcit l’avenir des Français.
Valeurs actuelles : Censées « apaiser » le ressentiment anti-français en Afrique, de telles déclarations ne risquent-elles pas a contrario de le renforcer parmi les populations locales ?
Bruno Retailleau : Oui. Car à cultiver la haine de soi, on ne récolte que la haine des autres. D’autant que nous savons que ce type de discours irresponsable trouve un écho en Afrique, notamment au Mali où certains cherchent à faire passer le combat de la France contre le djihadisme comme la traduction d’un nouveau « colonialisme » français.
Valeurs actuelles : En France, la question coloniale demeure à ce jour un sujet extrêmement tabou. Si bien qu’à l’école, nombre d’enseignants doivent déployer des trésors de précautions pour ne pas heurter la « sensibilité » de certains élèves. Les propos d’Emmanuel Macron ne placent-ils pas la France en position de débitrice éternelle de revendications mémorielles ?
Bruno Retailleau : Le processus de criminalisation de notre histoire risque de nous entrainer dans un procès sans fin dans lequel la liste des cités à comparaître ne cessera fatalement de s’étoffer. Faudra-t-il renommer les écoles Jules Ferry compte tenu des propos que ce dernier a tenu en faveur de la colonisation ?
Après tout, certains avaient même exigé en 2017 que les collèges ou les lycées portant le nom de Colbert soient débaptisés au motif que ce dernier aurait joué un rôle dans l’élaboration du « code noir » … Les Français voient bien à quelles absurdités la repentance peut amener. Regardons les choses en face : la France vit sous la menace de la séparation. Le grand défi de ces prochaines années sera celui de l’unité française.
Emmanuel Macron vient de démontrer une nouvelle fois qu’il n’est pas celui qui le relèvera.
Propos recueillis par Victor-Isaac Anne.
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