Je relaye régulièrement dans notre blog des interviews ou des articles concernant des jeunes femmes musulmanes ayant résolument et courageusement choisi de se battre pour la défense de la laïcité.
Parmi elles, on peut citer Leïla Slimani, Jeannette Bougrab, Lydia Guirous et la journaliste de grand talent Sonia Mabrouk sur CNews.
Aujourd’hui, je relaye un article du Figaro Magazine signé Judith Waintraub et concernant Zineb El Rhazoui, une journaliste miraculée du massacre de Charlie Hebdo :
Lauréate du prix Simone-Veil, qui récompense « la femme francilienne de l’année », l’ex-journaliste de « Charlie Hebdo » est de nouveau la cible des islamistes et de leurs défenseurs, qui occupent une grande partie du terrain médiatique.
Son premier combat contre l’ islam politique, Zineb El Razhoui l’a mené au Maroc, en 2009. Elle avait 27 ans et travaillait au Journal hebdomadaire, qui militait pour une évolution démocratique du régime de Mohammed VI : « On a décidé d’organiser un pique-nique, en plein ramadan, pour réclamer l’abrogation de l’article 222 du code pénal marocain, qui punit de un à six mois de prison le non-respect du jeûne dans l’espace public, raconte-t-elle. On était fous ! » Le journal a été fermé un an plus tard, l’article est toujours en vigueur, de même que les lois réprimant l’adultère ou, encore, l’homosexualité, et Zineb El Rhazoui a continué la lutte hors de son pays natal.
Son père, marocain, a beau « ne pas être le plus progressiste qui soit », son soutien et celui de sa mère, franco-algérienne, ne lui ont jamais fait défaut. L’ex-journaliste de Charlie Hebdo se souvient qu’ils avaient « pleuré au téléphone » avec elle après l’attentat de 2015, auquel elle a échappé parce qu’elle était à Casablanca. Son père a même participé à la marche contre le terrorisme du 11 janvier à Paris.
Depuis, la « rescapée de Charlie » vit sous protection policière. Licenciée en langue arabe (elle est sortie major de sa promotion à Paris-III) et titulaire d’un master de sociologie des religions à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), elle sait de quoi elle parle quand elle distingue « l’islam comme spiritualité individuelle » de « l’islam comme projet de société ». La tête et le verbe hauts, elle affronte des procès en « islamophobie » dont elle n’aurait que faire s’ils n’alimentaient pas les menaces à son intégrité physique et à celle de sa fille, aujourd’hui âgée de 3 ans et demi.
« C’est cyclique, mais les cycles ont tendance à raccourcir », soupire-t-elle. La dernière salve date du 5 novembre. Invitée de CNews, Zineb El Razhoui a déclaré que la police avait « droit à la légitime défense » et devait pouvoir « tirer à balles réelles » quand elle était victime d’un « guet-apens » comme celui que venaient de lui tendre des « barbares » à Mantes-la-Jolie, Un flot d’ insultes et de menaces a commencé à déferler contre elle sur les réseaux sociaux. Au Sénat, le même soir, pour une table ronde sur l’islamisme organisée par Force républicaine, le mouvement de Bruno Retailleau, elle a cru que son portable « allait exploser ». « Pour la première fois, elle qui m’a toujours impressionnée par son courage, je l’ai vue vraiment mal », témoigne la sénatrice du Val-d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio, qui animait les discussions au côté du président du groupe Les Républicains. Ensemble, ils ont décidé de lancer une cagnotte sur Leetchi pour aider Zineb El Razhoui à intenter des procédures contre ceux qui la menacent. Parmi eux, le rappeur Booba, qui a posté un montage photo d’elle assorti du hashtag #punissonsla, puis a appelé à lui « pourrir la vie » sur Instagram.
Des actes de « bravoure » salués par l’animateur Cyril Hanouna pendant son émission sur C8. La justice a montré son efficacité lors du précédent déchaînement contre Zineb El Rhazoui, en septembre 2018. Son crime, cette fois : avoir déclaré que l’ islam devait « se soumettre à la critique, à l’humour comme n’importe quelle religion ».
A côté de ces procédures, la journaliste espère surtout convaincre les politiques de l ‘urgence d’agir. Emmanuel Macron, qui l’a fait venir à l’Elysée en février, lui a paru « lucide », « au moins sur le diagnostic ». Elle ne désespère pas que le Président renonce à son projet d’« islam de France », concept selon elle « directement sorti des tiroirs des Frères musulmans » et qui « ne servirait qu’à donner l’onction républicaine aux tenants de l’islam politique ».
Son optimisme lui vient des messages de soutien qu’elle reçoit – aussi – en nombre croissant, de la part d’anonymes de toutes sensibilités, depuis l’ex-militant de La France insoumise « qui ne supporte plus que Mélenchon ait vendu son âme à Allah par électoralisme » jusqu’à l’identitaire qui lui trouve « le visage de la République » .
Judith Waintraub pour Le Figaro Magazine.
Lire aussi cet article de Boulevard Voltaire : Sur l’islamisme, les femmes musulmanes sont les plus courageuses !
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