Le clivage gauche droite existe toujours mais il s’efface progressivement au profit du clivage progressisme versus conservatisme.
Comme cela a été prouvé tout récemment, le clivage induit par les réformes sociétales telles que le droit à la PMA pour toutes, divise la droite et c’est juste parce qu’elle n’a presque plus de convictions qu’elle ne se déchire pas plus violemment.
A mon sens, la droite républicaine qu’on a connue, à savoir l’UMP puis Les Républicains, n’est plus viable en l’état.
Un schisme est inéluctable ! D’ailleurs il a déjà commencé. J’ai renvoyé ma carte d’adhérent !
A moyen terme, les progressistes (les centristes mous) devront rejoindre Macron, les conservateurs devant se refonder en vue d’un regroupement à terme avec toutes les forces de la droite conservatrice. Le verrou à faire sauter pour y parvenir s’appelle … Marine Le Pen!
Dans son dernier édito du Figaro Magazine, Guillaume Roquette conclut de la façon suivante :
« C’est finalement à la droite de revendiquer une forme éclairée de conservatisme. Elle le fait au Royaume-Uni, et cela lui réussit plutôt bien électoralement. Alors pourquoi pas en France ? »
Extension infinie des droits
Parfois, la petite histoire en dit autant sur son époque que la grande.
Prenez les incartades du prince Harry, renonçant avec son épouse à toutes ses fonctions royales pour mieux jouir de sa liberté. L’affaire passionne évidemment les tabloïds anglais et la presse people du monde entier, mais elle est aussi un intéressant concentré de sociologie contemporaine. Rien n’y manque : ni le primat de l’autonomie individuelle, ni le rejet des contraintes et des conventions (« Je ne parle plus en tant que prince mais en tant qu’Harry », se réjouissait l’intéressé le week-end dernier), ni les attraits de la mondialisation (le couple va s’installer au Canada). Sans oublier le soupçon de discrimination envers Meghan Markle.
Voilà en tout cas le second fils du prince Charles et de Diana affranchi désormais de toutes les obligations qui s’attachaient à sa naissance.
Finalement (et pardon pour ce rapprochement osé), sa démarche fait un peu penser à celle des partisans de la théorie du genre. A la question : « Qui suis-je ? », le concept de genre répond en effet sans hésiter: « Je suis ce que je veux. » Harry est donc indéniablement un enfant de son époque: partout en Occident, et pas seulement dans les familles royales, chacun peut revendiquer une autonomie absolue.
Le défi est redoutable pour les dirigeants en place.
Ils doivent faire face à cette demande permanente d’extension des droits, avec un risque de fracturation définitive de la société. L’actualité législative nous en donne un bon exemple : quand Emmanuel Macron veut faire voter une loi ouvrant la procréation médicalement assistée aux couples de femmes, il répond à une demande mais déconstruit du même coup la cellule familiale en faisant disparaître le père. L’inquiétude qui a mené des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Paris dimanche dernier est légitime.
Le danger d’une émancipation sans fin est de générer ce que le philosophe britannique Roger Scruton appelait une culture de la répudiation.
A vouloir tout changer, expliquait-il, on prend le risque de rejeter l’héritage culturel qui nous définit. Face à ce péril, la mission des responsables politiques est au contraire de promouvoir ce que nous voulons défendre, ce qui a une réelle valeur. Conforter cet héritage plutôt que de chercher à le mettre en pièces serait aussi une excellente façon de redonner confiance à des Français inquiets de leur avenir. Que la gauche s’y refuse au nom du culte du progrès n’est pas surprenant. Qu’Emmanuel Macron préfère privilégier l’émancipation, tant dans le domaine économique que sociétal, est cohérent avec son positionnement politique.
C’est finalement à la droite de revendiquer une forme éclairée de conservatisme. Elle le fait au Royaume-Uni, et cela lui réussit plutôt bien électoralement. Alors pourquoi pas en France ?
Guillaume Roquette pour Le Figaro Magazine.
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