« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement,
et les mots pour le dire viennent aisément »
Cette magnifique phrase, citée de l’Art poétique de Boileau, est aussi belle que pertinente et s’applique à merveille au monde politique. Tant il lui est parfois difficile de nommer clairement les choses.
On se rappelle toute cette série d’attentats durant le quinquennat précédent, après lesquels Normal 1 er du nom, s’acharnait à ne jamais utiliser le mot islamique. Il ne faisait ainsi que continuer la longue tradition de la gauche française qui a interdit, pendant trente ans, tout débat sur l’immigration.
Et voici qu’Emmanuel Macron, dont on attend depuis des mois, le « grand discours sur la radicalisation », vient d’abandonner le vocable communautarisme pour le remplacer par séparatisme.
Cela en dit long sur cette impossibilité, à gauche – car dans ce domaine, Macron est bien de gauche – de nommer l’ennemi : l’islamisme et sa religion de référence : l’islam.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais quand je pense aux séparatistes, je vois plutôt des Corses, des Basques ou des Catalans, que des barbus égorgeurs !
J’accepterais à la limite le vocable séparatisme religieux ou mieux encore séparatisme islamique. Mais ça restera un voeu pieux !
La volonté d’Emmanuel Macron est évidente : ne pas stigmatiser la communauté musulmane ! Alors on tourne autour du pot sans lui mettre une étiquette précise. Avec une conséquence :
Quand on ne peut pas nommer son ennemi, on ne peut le combattre !
Je relaye aujourd’hui, un excellent article de Céline Pina, qu’on connait pour avoir débattu très intelligemment avec Eric Zemmour sur CNews :
« Séparatisme », « communautarisme » …
Et si on parlait simplement d’islamisme ?
Le changement sémantique voulu par Emmanuel Macron démontre que les dirigeants français errent complètement, alors que monte la menace islamiste sur notre sol. L’analyse de Céline Pina.
Face aux attentats, violences et tensions qui traversent notre société, le Président de la république n’a pas été avare de plans. On nous a d’abord vendu en fanfare des plans contre la radicalisation, on les a même relancés. Sans succès. On nous a dit alors qu’on allait voir ce qu’on allait voir et que le gouvernement allait lancer un plan contre le communautarisme. On n’a rien vu. Aujourd’hui, tout le monde attend avec impatience le nouveau nouveau plan. Contre le séparatisme cette fois-ci. Le problème c’est que pour l’instant toutes ces annonces n’impulsent aucune dynamique et n’obtiennent pas de résultats. Au moins l’analyse du bilan n’est-elle pas épuisante : ces plans sont en général des coquilles vides qui ne servent qu’à mettre en scène une volonté politique, celle-ci tenant lieu d’action concrète et permettant de faire durer l’immobilisme comme de faire patienter le peuple jusqu’au prochain attentat, au prochain meurtre, au prochain scandale, à la prochaine adolescente chassée de son lycée par une meute fanatisée …
Un errement sémantique qui en dit beaucoup
Radicalisation, communautarisme, séparatisme… L’impossibilité à déterminer le vocabulaire le plus approprié témoigne de la superficialité des analyses comme de la réticence à agir réellement. Les changements sémantiques ne sont jamais innocents. Les errements sémantiques non plus. Ils révèlent l’absence de doctrine, autrement dit de vision partagée sur un sujet entraînant des logiques d’action. En d’autres mots : « ce qui se pense clairement s’énonce clairement » et non seulement les mots pour le dire « viennent aisément » mais ils permettent surtout d’entreprendre, de créer et d’accomplir.
Là ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que le président de la République fait tout pour éviter le seul terme qui explicite ce que nous affrontons en tant que peuple et société politique : l’islamisme. Il faut à tout prix éviter le mot avec « islam » dedans. Les termes radicalisation, communautarisme et séparatisme visent à s’en approcher sans l’assumer totalement. Ils avaient vocation à envoyer un double signal : dire à la société française qui depuis 2015 connait les assassinats de masse liés au jihad et les revendications agressives liées à l’islamisation des quartiers que leurs dirigeants n’étaient pas totalement déconnectés, et en même temps, en évacuant le terme islam, préserver ses relations clientélistes dans les quartiers et avec les leaders de l’islam politique ou consulaire (CFCM, Musulmans de France (ex UOIF), CCIF…).
Nous avons bien un gros problème
Le problème c’est que la stratégie de l’autruche et la légitimation des islamistes au nom de la protection des musulmans a certes obtenu des résultats, mais que ce ne sont pas ceux espérés. Loin de reculer, l’influence des islamistes s’est étendue et approfondie, les tenants d’un islam plus traditionnel ont adopté certains de leurs codes (voiles, obsession du hallal), la violence antisémite a exposé, les atteintes à la religion chrétienne explosent, le rejet de l’universalisme s’est répandu et on assiste à l’émergence d’une culture de la haine raciale et confessionnelle où se faire traiter de « Français » ou de Blancs, quand ce n’est pas de « croisés », est une mise en danger dans certains environnements.
Dans la situation de tension sociale où nous sommes arrivés, qu’un gouvernement ait peur qu’en identifiant explicitement l’islamisme comme une menace contre ce que nous sommes sur notre propre sol, cela ait des conséquences sur les musulmans, n’est pas indécent. En revanche, si placé en face du fait que l’immobilisme renforce les dangers pour tous et fait de la communauté musulmane la première cible des islamistes (car leur objectif est d’abord la réislamisation de leurs coreligionnaires), il reste dans le flou et l’expectative, là nous avons un gros problème.
Et si Macron avait la pire stratégie ?
Bien sûr, reprendre en main le territoire ne se fera pas sans tensions, ni violences, la lâcheté du gouvernement donne aux islamistes toutes les audaces et les rend fascinants : ils sont ceux devant qui les puissants s’inclinent, dernièrement ils ont réussi à rétablir le délit de blasphème au pays de la liberté d’expression, pas en droit mais dans les faits. Et comme eux, leurs militants et ceux qui sont dans leur zone d’influence ne reconnaissent que la force, toute soumission les renforce. C’est dire si la stratégie du gouvernement est la pire.
Et pourtant il y aurait des choses à faire. Lutter contre le séparatisme, c’est commencer à empêcher la création d’une société hallal, visant à distinguer les purs (islamistes) des impurs, (tous les autres). Car aujourd’hui le hallal n’est plus une question d’abattage de la viande mais un mode de vie, comme l’explique Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste de ces questions. Le but du jeu est de se distinguer en tout point des mécréants, ces maudits, dans tous les aspects de la vie. Le voile est un de ces éléments discriminants. La distinction doit porter sur tout ce qui se voit bien sûr mais derrière il y a aussi l’idée du jihad économique: l’argent des musulmans doit alimenter la puissance de l’ oumma, de la communauté, ne plus partir chez les kouffars. Or l’AMIF, cette association pour un islam de France voulu par Emmanuel Macron et dirigée par Hakim El Karoui (un de ses proches) a notamment pour fonction de mettre en place une taxe, une certification hallal, autrement dit le meilleur outil pour mettre en place le séparatisme, d’abord au niveau de la nourriture, puis des vêtements, cosmétiques, loisirs, services… Si Emmanuel Macron veut lutter contre le séparatisme islamiste, la première des choses est d’arrêter de créer des monstres, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait pour le CFCM et comme on recommence à le faire avec l’AMIF. Ceux-ci ne font qu’accentuer les tensions et distiller leur logique déstabilisatrice : la mise en place d’une taxe ou certification hallal au sein de l’AMIF est une des pires idées que l’on puisse avoir.
La double-nationalité, dénoncée depuis des années, on en parle ?
Autre annonce faite par le gouvernement : sa confiance affirmée au CFCM dont le délégué général avait été en dessous de tout dans l’affaire Mila et dont le président avait été très ambigu avant qu’il ne finisse par soutenir sans détour la jeune Mila au prix sans doute de quelques remontées de bretelles tant l’élan ne paraissait pas spontané. Quand on veut affirmer les principes de la démocratie, de la république et défendre les libertés publiques, on ne s’appuie pas sur les religieux, mais sur ses propres forces, une histoire, une vision, un projet.
Des actions à réaliser, il y en a : de la déchéance de nationalité à celle de la mise en place d’une procédure d’indignité nationale, il est temps que ceux qui s’excluent de la communauté nationale en paient le prix. Il y a une réflexion à mener sur la double nationalité quand il y a incompatibilité de valeurs entre les pays, particulièrement sur la question de l’égalité femmes/hommes. Il faut arrêter les baux emphytéotiques pour les constructions de mosquées, remettre en place dans les préfectures des contrôles ciblés des salles de prières et associations mêlant cultuel et culturel, il faut contrôler les subventions et sanctionner les organismes noyautés en leur supprimant les subventions et les accréditations pour intervenir en milieu institutionnel (Ligue de l’enseignement, LDH, Planning familial, FCPE), il faut simplifier les licenciements pour ceux qui refusent des se conformer à notre constitution et combattent l’égalité femmes/hommes, il faut porter un regard attentif sur les associations sportives, les organisations de pèlerinage vers la Mecque et de rapatriement de corps, il faut assumer d’arrêter les ELSCO, enseignement dispensés sur notre sol par des pays étrangers dans le but de garder le lien avec leurs ressortissants, car c’est un message d’exigence d’intégration que nous devons porter.
Des choses à faire, il y en a donc beaucoup, les pistes sont très nombreuses tant le mal est profond dans la société française. C’est la volonté et le courage qui manquent. Et je crains que de passer de communautarisme à séparatisme ne suffise pas, si nos dirigeants continuent à éviter les mots avec islam dedans.
Céline Pina pour Causeur.
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