Né à Paris, j’allais passer toutes mes vacances chez mes grands parents en Dordogne. Je me souviens que les petits autochtones, moqueurs, me lançaient :
« Parisien, tête de chien, Parigot, tête de veau ! »
Maintenant que j’ai rejoint la région bordelaise, je me mets plus facilement à leur place et je vais pouvoir me lâcher…
J’avais en projet d’écrire un petit article sur les Parisiens, assez sidéré par deux de leurs comportements récents :
- Le fait qu’ils aient porté Anne Hidalgo en tête des municipales ! Malgré, les migrants, les rats, la saleté repoussante des rues, la délinquance et l’incroyable endettement de la ville !
- Le fait qu’ils aient abandonné Paris à la veille du confinement prenant ainsi le risque de contaminé la province …
Mais je viens de trouver, dans Causeur, un article très drôle sur cet exode …
Les bobos des villes se sont carapatés chez les ploucs des champs.
Une satire signée Isabelle Marchandier.
Ils ont eu une journée top chrono pour fuir Paris et les grandes villes avant que l’épée de Damoclès du confinement ne les oblige à rester confinés chez eux. On les a vu prendre d’assaut les gares, les aéroports, les loueurs de voitures et faire la queue aux stations-services. Une sorte d’exode qui n’était pas sans rappeler celui de Juin 40.
La grande évasion
Les bobos des villes se sont carapatés chez les ploucs des champs. Ils ont trouvé refuge chez ceux dont ils méprisaient le mode de vie anti-écolo. Mais quelle ne fut pas leur galère pour quitter la capitale. Voyons concrètement ce qui s’est passé pour l’un d’entre eux. Prenons l’archétype de ce col blanc, écolo dans l’âme, filant à toute allure chaque matin sur sa trottinette électrique pour se rendre à la station F, le Q.G de la Tech made in France et des élites mondialisées. Mais voilà, ne connaissant pas les frontières, le virus made in China s’est exporté en Europe. Faisant fi des classes sociales et des tranches d’âges, il touche tout le monde. Devant l’ampleur de la crise sanitaire et l’impréparation des pouvoirs publics à la gérer, le citoyen de la start-up nation applique les injonctions du management agile : il s’adapte… et se barre.
Mais la grande évasion ne va pas sans sacrifice. Car pour assurer sa fuite et sa survie, il a dû renier ses convictions écologistes, pourtant bien mûres et récemment nourries par le prêchi-prêcha de sa nouvelle idole, Greta Thunberg. Imaginez la tempête Greta se déchaînant sous son crane lorsqu’il du se résoudre à louer une voiture, lui qui avait l’habitude de se déplacer en covoiturage.
Polluer ou être infecté, il faut choisir
Tant pis : face aux nouvelles normes de sécurité à adopter et à la distanciation sociale à respecter, Dame Nature passe en second. Il se dit qu’il boira de l’eau de pluie en guise de pénitence. Après tout, nous sommes en guerre. Mais au moment de louer la voiture, notre bobo tombe de nouveau des nues. La seule voiture encore disponible roule au diesel. Polluer ou être infecté, il faut choisir. Devant ce dilemme, notre start-uper se décide pour la première option. Une fois son diesel loué, direction sa maison de campagne située dans les terres en Touraine. Enfin arrivé dans le petit village tourangeau, il se gare pour aller faire les courses. Mais voilà qu’une inquiétude le gagne : où va-t-il se ravitailler en graines de chia, de pavot, de lin ou de courges, lui qui en saupoudre tous ses plats ? Comment tenir sans ses steaks de soja, son pain sans gluten et son lait d’amande ?
Alors qu’il essaye de résoudre ses terribles problèmes alimentaires, il arrive sur la place du marché et entend le boucher l’alpaguer en lui proposant des côtes de bœufs bien fermes : « C’est pas le moment d’avoir son système immunitaire en sous-régime, mon bon monsieur » lui lance le boucher. Mais rien n’y fait, il se rabat sur un jus de pruneau 100% naturel. Se purger en guise de pénitence, c’est bien aussi. Une fois installé dans sa résidence secondaire, lui vient alors l’idée de faire une petite séance de Tai-chi dans son jardin. Après tout, le temps s’y prête et puis c’est le moment idéal pour se reconnecter avec son être vrai, communier avec la nature et évacuer toutes les mauvaises ondes. Mais à peine a t-il commencé à s’étirer et à déployer lentement les membres de son corps, que sa concentration est troublée par un festival de caquètements et de meuglements et qu’une odeur extrêmement forte de fumier vient lui irriter les narines. Exaspéré par tous ces désagréments naturels, il décide de remettre sa séance à plus tard.
On a souvent besoin d’un plus petit que soi
Heureusement qu’il a apporté son iPad Pro. Il va pouvoir enfin se délasser en matant Netflix. Affalé dans son canapé, il se croit enfin en sécurité. Il décide alors de se faire une petite frayeur et de regarder le film Contagion. Manque de chance, tous les ploucs de la région se sont connectés à Facebook pour lancer une cagnotte de soutien au corps médical. Le réseau est donc saturé et il est impossible de démarrer le film.
Et pendant ce temps-là, alors que les « anywhere », les bobos hors-sol, ont trouvé refuge en province, les « somewhere », ceux qui roulent en diesel et fument des clopes, se dévouent chaque jour à leurs risques et périls, hélas sans masques, pour ravitailler le pays, le soigner, le nettoyer, le protéger, l’approvisionner en essence et en fioul, bref le faire survivre. Belle revanche pour cette France trop souvent oubliée, raillée, méprisée et mise sur le banc des accusés pour son attachement à un mode de vie non-conforme au dogme du mondialisme écolo-responsable.
Et comme toute histoire se finit par une morale, relisons la célèbre fable de La Fontaine Le lion et le rat qui se conclut ainsi :
« On a souvent besoin d’un plus petit que soi ».
Isabelle Marchandier pour Causeur.
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