Cette dramatique crise sanitaire ne frappe pas tous les pays du monde avec la même gravité.
Même en Europe, le virus frappe différemment suivant les pays. L’Italie et l’Espagne sont les plus touchées mais la France arrive tout de suite après.
Quid du système de santé, « le meilleur du monde » ?
L’arrogance française, et notamment celle de la gauche, toujours prompte à saluer les performances de ses « services publics à la française », sont mises à rude épreuve.
La comparaison avec l’Allemagne est très déstabilisante pour notre fierté nationale comme le montre le tableau suivant. Si les taux de contamination français et allemand sont proches (0,85 pour 0,81 contaminés pour 1000 habitant), on meurt presque 7 fois moins du coronavirus en Allemagne qu’en France.
Avant de vous proposer un article des échos analysant les raisons de cet écart de performance sanitaire entre les deux pays, je voudrais dire deux mots des Etats-Unis.
Les médias français ne cessent d’attirer l’attention sur « l’explosion de la contamination aux Etats-Unis ». Si l’on excepte la situation locale dramatique de New-York et bientôt de la Floride, les chiffres ne reflètent pas cette inquiétude.
Le taux de contamination aux USA est actuellement inférieur de 24 % à celui de la France et son taux de mortalité plus de 4 fois inférieur. Il est vrai que les Etats-Unis ont une semaine de retard sur l’Europe. Sur la courbe donnée en fin d’article, on voit que la courbe française (en gris) est bien au dessus de la courbe américaine ramenée à la population de la France (en orange) et que les deux courbes ont la même allure.
On dirait que les médias français souhaitent ardemment que les Etats-Unis soient frappés le plus durement possible. Sans doute pour leur donner plus d’arguments dans leur anti-trumpisme primaire …
Voici donc l’article des Echos paru le 31 mars dernier :
Pourquoi l’Allemagne dispose de tests et pas la France
Les gouvernements sont confrontés au choix difficile entre prolonger un confinement généralisé, ce qui paralyse l’économie mais sauve des vies, et y mettre fin, ce qui relance la machine économique mais augmente la mortalité. La seule façon de permettre une relance de l’économie qui minimise les risques liés à des vagues supplémentaires de l’épidémie est de conduire des tests massivement
Le problème est que jusqu’à présent la France s’est montrée incapable d’administrer des tests à grande échelle : moins de 50.000 tests par semaine chez nous alors que les Allemands en administrent plus de 500.000.
Pourquoi ce contraste aussi dramatique entre ces deux pays ?
La réponse tient en trois mots : désindustrialisation, délocalisation, chaînes de valeur étendues. La France à bas bruit s’est désindustrialisée, elle a poussé à l’excès la délocalisation de ses chaînes de valeur.
Les Allemands produisent beaucoupplus de composants de tests Covid-19 que nous, et sont des exportateurs nets de ces composants, alors que la France est importatrice nette. Et les exportations brutes de rAllemagne en composants de tests Covid s’élèvent à près de 2 milliards d’euros par an, contre à peine 200 millions d’euros par an pour la France.
Derrière ce contraste entre les exportations et importations des différents composants de tests Covid en France et en Allemagne se cache une réalité beaucoup plus globale et dramatique :
la France a délocalisé à outrance depuis des décennies, à l’opposé de l’Allemagne.
Ce contraste entre la France et l’Allemagne tient à plusieurs facteurs. Il est d’abord lié à un effet de spécialisation, conforté par un effort en R&D plus important en Allemagne qu’en France, et, plus généralement, à l’attitude plus dynamique des entreprises allemandes en matière d’investissement innovant et d’exportation. Qu’on en juge.
L’industrie allemande pèse 2,35 fois plus que la française, ce rapport est bien plus élevé dans quelques secteurs, points forts de la spécialisation allemande, comme les machines et équipements (5,8 fois), l’automobile (4,8 fois) ou les équipements électriques où l’industrie allemande pèse plus de 4,5 fois plus que la française.
L’industrie allemande dégage des excédents considérables dans cinq secteurs et elle a réussi à renforcer considérablement ses points forts tout au long des années 2000. Entre 2000 et 2010, période pendant laquelle la France décroche, le secteur des machines et équipements en Allemagne a vu ses excédents bondir quand la France voyait son déficit croître. L’industrie automobile allemande, quant à elle, a vu en dix ans ses excédents doubler quand l’automobile française passait d’un excédent à un déficit Les équipements électriques ont vu l’excédent doubler en Allemagne quand la France passait d’un léger excédent à un déficit. La chimie a triplé son excédent quand la France maintenait, à peu près, le même faible excédent. Enfin, la pharmacie allemande a quadruplé son excédent entre 2000 et 2010 quand là France améliorait le sien à la marge.
Quelles leçons tirer de cette comparaison France-Allemagne ?
Une première conclusion est qu’il est difficile, même en économie de guerre, de mobiliser des capacités inexistantes, des savoir-faire évaporés et de combler les trous béants de la spécialisation.
La deuxième conclusion est qu’en réaction à cette crise la France ne doit pas se contenter de relancer la demande, elle doit s’attaquer également au côté « offre» à la fois investir massivement dans la recherche et l’innovation, et développer une véritable politique industrielle qui permette à notre pays de se réapproprier le contrôle de ses chaînes de valeur.
Philippe Aghion, Elie Cohen et Timothée Gigout-Magiorani pour les Echos.
Philippe Aghion est économiste, professeur au Collège de France.
Elie Cohen est directeur de recherche au CNRS.
Timothée Gigout-Magiorani est économiste au· Cepii.
Les conclusions de cet article rejoignent parfaitement les constantes analyses d’Eric Zemmour sur la désindustrialisation de la France et les méfaits de la mondialisation.
Mais les règles de l’Union européenne sont-elles compatibles avec cette réindustrialisation de la France qui nécessiterait probablement de restaurer une part de protectionnisme ? Eric Zemmour répond clairement non !
Voici les courbes comparatives entre les contaminations en France et aux Etats-Unis :
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