Toute la lumière sur le Parquet National Politique

Publié par le 18 Juil, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Toute la lumière sur le Parquet National Politique

Je reviens une fois de plus sur l’affaire du Parquet National Financier, qualifié plutôt ici de politique !

Il est très inquiétant que, dans une grande démocratie comme la France, un président de la république ait pu créer, de toute pièce, en toute « légalité » ou plutôt en toute impunité, une machine à tuer ses concurrents politiques.

Je n’arrive pas à digérer cette main-basse socialiste sur la Justice qui a changé le cours de la politique.

On pourrait presque même dire qui a changé le cours de l’histoire !

Car si Nicolas Sarkozy avait pu faire un second quinquennat ou si François Fillon n’avait pas été assassiné politiquement, il n’y aurait pas eu de Macron, et donc peut-être pas de Gilets jaunes, pas de Castaner, pas de Sibeth Ndiaye, pas de vidage des prisons par Nicole Belloubet !

Ça ouvre des horizons !

Hervé Lehman est un ancien juge d’instruction, avocat et essayiste. Il est l’auteur du «  Procès Fillon ». Cette semaine dans Valeurs actuelles, il nous décrit par le menu la genèse du Parquet National Financier et son noyautage par les copains socialistes de François Hollande.

C’est terriblement édifiant !

Les acteurs judiciaires des affaires Sarkozy et Fillon étaient tous proches du PS ou du Syndicat de la magistrature.

Aux origines du Parquet national … politique

Le Parquet national financier, institution judiciaire censée traquer la grande délinquance économique, est rapidement devenu un outil politique dans les mains du pouvoir socialiste. Au détriment de l’idée même de justice.

Comment le Parquet national financier est-il devenu le parquet national politique ?

Acte I

Au commencement, après le choc de l’affaire Cahuzac, François Hollande a fait voter par le Parlement une loi instituant un parquet spécialisé pour la grande délinquance financière. Qui pourrait être contre ? La loi du 6 décembre 2013 précisait que le procureur de la République financier est compétent principalement pour :

les affaires d’une grande complexité, en raison notamment du grand nombre d’auteurs, de complices ou de victimes ou du ressort géographique sur lesquels elles s’étendent.

Acte II

Christiane Taubira, garde des Sceaux, signe le 31 janvier 2014 une circulaire interprétant la notion de complexité:

Néanmoins, et bien que le critère de la grande complexité apparaisse dans les dispositions […] relatives au procureur de la République financier, ce dernier a pour essence vocation à connaître des affaires susceptibles de provoquer un retentissement national ou international.

En d’autres termes, bien que la loi dise blanc, elle veut dire bleu. Un étudiant de première année de droit sait qu’une circulaire ministérielle ne peut modifier la loi, un élève de troisième sait que complexité et retentissement ne sont pas synonymes : qu’importe ! C’est la circulaire plutôt que la loi qu’appliquera le Parquet national financier pour se saisir des affaires qui impliquent les leaders de l’opposition, même lorsqu’elles sont aussi peu complexes que le travail d’une assistante parlementaire de la Sarthe. En écartant soigneusement les affaires Bayrou, Ferrand ou Business France, malgré leur retentissement national.

Il ne suffisait évidemment pas d’une circulaire pour mettre en place cet outil politique. Il fallait choisir soigneusement les personnes qui seraient amenées à le faire fonctionner. La clé de voûte est le procureur général de Paris. Comme il l’ a raconté lui-même, l’ancien procureur général a subi des pressions pour quitter son poste afin de le laisser à quelqu’un ayant « la même sensibilité » que la garde des Sceaux. Après le départ de François Falletti, ce sera Catherine Champrenault qui sera choisie et nommée par François Hollande. Ancienne membre du cabinet ministériel de Ségolène Royal, elle effectue ainsi un bond de carrière prodigieux en passant directement du parquet général de Basse-Terre à celui de Paris. C’est elle qui donnera les instructions écrites à Éliane Houlette pour qu’elle ouvre une information, seul moyen procédural d’obtenir la mise en examen de François Fillon avant l’élection présidentielle.

Éliane Houlette non plus n’avait pas l’expérience pour exercer le poste particulièrement délicat de procureur national financier. Mais elle a été recommandée par JeanLouis Nadal, dont elle a été la collaboratrice. Conseiller technique chargé des nominations de magistrats au cabinet de Robert Badinter, la carrière de Jean-Louis Nadal a bénéficié de grands coups d’accélérateur à chaque fois que la gauche était au pouvoir. Procureur général de la Cour de cassation, il affiche son désaccord avec la politique judiciaire de Nicolas Sarkozy. En 2011, il s’engage publiquement auprès de Martine Aubry puis de François Hollande qui lui confiera la présidence de la Haute Autorité de transparence de la vie publique, créée en même temps que le Parquet national financier.

En haut de la chaîne, pour coordonner tout cela, François Hollande a nommé directeur des affaires criminelles à la chancellerie son camarade de régiment Robert Gelli, qui a été cinq ans au cabinet de Lionel Jospin à Matignon et menait la fronde des procureurs contre la politique pénale de Nicolas Sarkozy. En bas de la chaîne, le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat, vingt ans au Syndicat de la magistrature, ancien du cabinet ministériel de Ségolène Royal, nommé en 2014 par François Hollande, choisit les juges d’instruction: pour Sarkozy et Fillon, ce sera Serge Tournaire, que l’on appelle au palais le « juge de fer« .

La conseillère justice de François Hollande au moment de l’affaire Fillon, Ariane Amson, vient … du Parquet national financier. Compagne du directeur adjoint de cabinet de Michel Sapin, ministre des Finances et ami de l’ancien président de la République, c’est elle qui avait, au Parquet national financier, lancé la procédure de vérification des fadettes des avocats proches de Thierry Herzog pour confondre Nicolas Sarkozy. La fin justifie les moyens.

Le Parquet national financier a fait tomber Nicolas Sarkozy qui, englué dans des affaires multiples sinon sérieuses, a perdu la primaire de la droite et du centre, puis François Fillon, mis en examen quelques semaines avant le scrutin présidentiel. Décidément, comme dit le proverbe populaire, quand la politique entre dans le prétoire, la justice en sort. La conclusion la plus terrible est celle de Jean Veil, avocat respecté de tous après quarante ans de barreau, victime de l’affaire des fadettes :

« Je n’ai pas du tout confiance dans la justice. »

Hervé Lehman pour Valeurs actuelles.

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