Depuis des années, la droite est inaudible !
Depuis le retrait de Nicolas Sarkozy, et la débâcle de François Fillon, la droite ne fait plus parler d’elle que pour afficher ses divisions.
En décalage total avec ses sympathisants, les responsables des Républicains font une chasse ouverte et permanente à leur aile droite. Laurent Wauquiez a été écarté et aujourd’hui, alors que Bruno Retailleau pourrait représenter un recours, on voit bien que la direction du parti se mobilise pour le « tuer » politiquement.
Ne peuvent-ils pas comprendre qu’Emmanuel Macron a avalé le centre droit et qu’il ne reste plus d’espace pour des candidats tels que Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, assurés de faire un score à un seul chiffre en 2022 ?
De la même façon, François-Xavier Bellamy est victime, lui aussi, de cette chasse aux dérives droitières du parti. On lui fait porter, très injustement, le chapeau de l’échec des Républicains aux élections européennes. « Trop conservateur ! » lui reproche t-on !
Et pourtant, le jeune philosophe est le seul, à droite, à faire entendre un voix claire, proche des militants et des sympathisants.
Voici des extraits d’une interview qu’il a donné au Club de Valeurs actuelles. Une interview dans laquelle il prend clairement position contre l’immigration massive et incontrôlée :
Valeurs actuelles : L’attentat près des anciens locaux de Charlie Hebdo a porté dans le débat public la problématique des mineurs isolés. Il a fallu attendre ce drame pour que l’on s’en préoccupe …
François-Xavier Bellamy : Ce sujet est symptomatique de l’hypocrisie totale de nos politiques migratoires. Beaucoup d’élus départementaux alertent depuis des années sur ces “mineurs non accompagnés”, qui sont en fait très souvent des adultes connaissant parfaitement les failles de notre droit et cherchant seulement à bénéficier de ce statut protégé. Ce détournement manifeste est régulièrement couvert par paresse, lâcheté ou idéologie. Cela coûte 2 milliards d’euros chaque année.
Le terroriste du 25 septembre était en effet un faux mineur. Que faudrait-il changer pour que ce système ne soit plus dévoyé ?
Il est indispensable que l’âge soit vérifié avant que quelqu’un soit reconnu comme mineur, pour mettre fin à ces mensonges évidents. Le juge qui s’est opposé à cette vérification dans le cas de ce migrant pakistanais devrait d’ailleurs s’en expliquer aujourd’hui… De manière plus générale, il faut réformer ce statut car la situation actuelle, loin de protéger les mineurs, crée une incitation au départ qui les met directement en danger : le gouvernement a d’ailleurs commis une faute très grave en renforçant ce risque, quand il a élargi récemment le regroupement familial aux mineurs. Bien sûr, dans l’urgence, il faut prendre soin d’un enfant isolé qui arriverait chez nous ; mais le seul objectif doit être d’organiser le plus rapidement possible son rapatriement vers sa famille dans son pays d’origine. La seule manière d’éviter que des mineurs ne soient jetés sur les routes de l’exil, c’est de garantir que personne ne restera sur le sol européen s’il n’a pas été autorisé à y entrer légalement.
L’Union européenne, tiraillée par les intérêts divergents des nations qui la composent, peut-elle défendre une ligne cohérente sur la question migratoire ?
Si elle n’y arrive pas, elle est vouée à disparaître. Aucune construction politique, aucune civilisation n’a d’avenir si elle ne maîtrise pas son territoire. Mais je voudrais quand même rappeler que l’Europe n’est pas la première responsable en la matière : la plus grande part de l’immigration qui entre chaque année en France est une immigration légale. L’État a délivré l’an dernier plus de 300 000 titres de séjour, l’équivalent de la ville de Bordeaux ! Chaque année, ce gouvernement bat un nouveau record, et il en est totalement responsable.
Malgré tout, s’accorder à 27 sur une politique migratoire commune ne vous semble-t-il pas difficile à réaliser politiquement ?
Bien sûr, mais la situation évolue. En 2015, les pays européens ont été violemment divisés sur la crise migratoire. Quand l’Allemagne a accueilli plus d’un million de migrants sur son sol, d’autres pays – comme ceux du groupe de Visegrád – s’opposaient vigoureusement à cette ouverture. Aujourd’hui, la ligne de Viktor Orbán l’a clairement emporté. Regardez le pacte sur les migrations présenté par la Commission européenne : il reste dans ce projet des points qui posent de vrais problèmes, mais, fondamentalement, l’option prise par la Com-mission consiste à protéger concrètement les frontières extérieures de l’Europe et à adopter enfin une vraie politique de reconduites. Un élément crucial : la Commission accepte enfin de renoncer à l’idée inopérante et antidémocratique de la relocalisation obligatoire de quotas de migrants dans les États membres. Cela représente une rupture substantielle depuis 2015 – Angela Merkel elle-même ne défend plus ses positions de l’époque.
Le président de la République a présenté récemment un plan de “lutte contre les séparatismes”, salué largement dans la classe politique – y compris à droite…
Pour ma part, je ne trouve malheureusement dans ce discours qu’un mélange de naïveté, d’inconséquence et de pure communication. L’islamisme représente une menace politique vitale : le président propose une réponse juridique … Mais pourquoi créer un nouvel arsenal de lois, quand on a renoncé à appliquer celles qui existent déjà, par manque de volonté et de fermeté ? Emmanuel Macron persévère par ailleurs dans cette culture de l’excuse qui consiste à mettre encore et toujours la France en accusation. Il dénonce le « surmoi postcolonial » de la France, qu’il avait déjà accusée de crime contre l’humanité ; il relie les attentats islamistes au fait que nous n’avons pas donné sa chance à la jeunesse … Mais bien des jeunes vivent dans les territoires déshérités et abandonnés de la France périphérique, qui n’ont d’ailleurs pas bénéficié des financements colossaux des politiques de la ville ; et ceux-là ne commettent pas d’attentats ! Il est absurde de penser, par une espèce de matérialisme postmarxiste, que tout s’explique par l’économie et qu’on en vient à tuer des gens à coups de hachoir parce qu’on n’a pas pu intégrer une école de commerce… On ne fera pas reculer le terrorisme en expliquant qu’il y a des raisons qui pourraient le légitimer.
Emmanuel Macron a parlé à plusieurs reprises dans ce discours de la « civilisation musulmane » , présente de fait dans notre pays. Est-ce une manière d’acter que notre société est désormais multiculturelle ?
En l’écoutant, je me demandais, songeur, s’il serait prêt à parler de la civilisation chrétienne. Emmanuel Macron avait explicitement refusé, dans son discours aux Bernardins, de reconnaître les racines chrétiennes de notre civilisation. Nous sommes prêts à reconnaître la culture de l’Autre : seule notre propre origine n’est pas admise dans le panthéon diversitaire. Dans ce réflexe multiculturaliste, il y a l’illusion de croire qu’on sauvera le “vivre ensemble” en acceptant de sacrifier sans cesse un peu plus de notre culture, de nos principes et de notre manière de vivre. Mais le déni de soi ne ramènera pas la paix, au contraire, il ne peut susciter que l’éclatement de la société en une juxtaposition de communautarismes revendicatifs.
Cela ne trouve-t-il pas une traduction concrète sur la question de l’apprentissage de l’arabe ?
C’est un contresens majeur. Dans notre pays, à 18 ans, un jeune sur cinq est en difficulté dans la lecture et l’écriture du français : et on voudrait lutter contre le séparatisme en promouvant l’enseignement de l’arabe ? Le vrai défi qui nous attend, c’est de garantir que chaque enfant qui grandit en France soit authentiquement français, pas seulement par l’état civil mais par la culture, le sentiment d’appartenance, et d’abord par la langue.
Que faudrait-il donc faire pour lutter contre le séparatisme islamiste ?
La première réponse, c’est de faire appliquer la loi partout, sans faiblesse, de punir la première infraction, de sanctionner sans faillir ceux qui défient nos lois – tout cela est d’abord une question de volonté politique. La deuxième, c’est de mettre fin à l’immigration massive et de commencer par mener le travail d’intégration en échec depuis si longtemps. Prétendre lutter contre le séparatisme quand on laisse entrer chaque année en France 450 000 personnes, c’est simplement un mensonge. Enfin, la troisième réponse est l’éducation : s’il nous reste une chance d’éviter la fracturation définitive de notre société, elle passe par la bataille des cœurs. Seule l’éducation peut transmettre de nouveau la culture française à tous les jeunes qui vivent en France, la donner à connaître et à aimer. C’est possible, et je l’ai vécu comme bien des enseignants qui mesurent la valeur de l’héritage qu’ils ont à partager. Mais il y a vraiment urgence…
Propos recueillis par Bastien Lejeune pour le Club de Valeurs actuelles.
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