L’opération a été rondement menée.
Ce lundi 23 novembre, aux alentours de 8 heures, quelque cinq cents clandestins majoritairement afghans ont été installés dans un campement sauvage, place de la République, en plein cœur de Paris, entourés d’une myriade d’avocats des « droits de l’homme », de journalistes et de militants pro-migrants, bien décidés à rendre impossible (et donc spectaculaire) toute évacuation.
Arrivée rapidement sur les lieux, la police a procédé à l’évacuation de la place sous les huées des militants et une cohorte de caméras complices, dont les images devaient rapidement faire le tour des réseaux sociaux, afin de dénoncer les brutalités d’un Etat policier impitoyable envers de pauvres « exilés » sans défense. Mais derrière cette grossière présentation des faits, se cache en réalité une habile opération d’agitprop, rondement menée par l’association Utopia 56, aidée dans sa démarche par la sphère militante pro-migrants.
C’est dans Le Club de Valeurs actuelles qu’Amaury Bucco dénonce le piège dans lequel est tombée la police place de la République. Mais aussi Gérald Darmanin !
Evacuation des migrants à République : comment l’association Utopia 56 a manipulé l’opinion publique
L’évacuation brutale du campement sauvage de la place de la République, à Paris, est le fruit d’une opération rondement menée par l’association Utopia 56, habituée à ce type de coups médiatiques, avec des prises de positions radicales contre les frontières, l’Etat et la police. Explications.
Tout a commencé, mardi 17 novembre, avec l’évacuation d’un campement de migrants à Saint-Denis situé sous une bretelle d’autoroute, face au Stade de France, réunissant 2 800 personnes, principalement de jeunes hommes venus d’Afghanistan, du Soudan, d’Ethiopie et de Somalie, durant la vague migratoire de 2015. « Ces camps ne sont pas acceptables,avait déclaré à la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement avant d’ordonner l’évacuation, avec l’aval du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Cette opération a lieu pour faire en sorte que les personnes en situation régulière soient mises à l’abri et celles en situation irrégulière n’ont pas vocation à rester sur le territoire ». Pour l’occasion, 70 bus avaient été mobilisés afin d’emmener les migrants vers 26 centres d’accueil et gymnases de la région. Faute de place et de renvoi dans leurs pays d’origine, plusieurs centaines d’entre eux n’avaient pu trouver un abri et erraient dans le nord de Paris, régulièrement dispersés par la police afin d’éviter la création d’un nouveau campement sauvage.
500 tentes et 1 000 couvertures distribuées par l’association Utopia 56
Parmi les associations à l’œuvre auprès des migrants installés dans le campement de fortune de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, on trouve alors l’association Utopia 56, qui dénonce sur Twitter la « violente » évacuation menée par Didier Lallement. C’est ensuite pour remédier à la « chasse aux personnes exilées », opérée par la police dans le Nord de Paris envers les migrants qui n’ont pas pu prendre en charge, que la même association décide lundi de créer un immense campement sauvage en plein cœur de la capitale, place de la République. 450 clandestins sont alors rameutés, auxquels l’association distribue 500 tentes et 1000 couvertures,
tandis qu’en parallèle, avocats, militants, élus et médias de gauche sont conviés à assister – aux premières loges – au triste spectacle de l’évacuation qui se prépare.
Sur Twitter, et sur la place de la République, auprès de la police, l’association Utopia 56 tente de négocier avec le gouvernement. « Occupation en cours de la place de la République à Paris par 450 personnes exilées, laissées à la rue suite à l’évacuation mardi du campement de Saint-Denis. Nous demandons des ouvertures de places d’hébergement et un réel système d’accueil des exilés », écrit-elle aux alentours de 19h00, avant de dénoncer par la suite une « pression policière ». « A la garantie de l’ouverture de 1 000 places d’hébergement, on partira ! », réitère l’association, transformant ainsi les 450 migrants réunis en autant de manifestants à sa solde. Dans le communiqué de presse publié par l’association sur son site quelques heures avant l’opération, celle-ci expliquait par ailleurs avoir engagé des poursuites judiciaires contre les policiers ayant procédé à l’évacuation du campement de Saint-Denis : « Une trentaine de signalements IGPN ont été réalisés. Le dépôt de plaintes contre la préfecture et le ministère de l’Intérieur est en cours. »
Durant toute la soirée, les images de l’association se mêleront à celles des journalistes pour dénoncer la brutalité de l’évacuation bloquée au maximum par la cohorte de militants et d’avocats présents sur les lieux « Nous demandons la démission du préfet de police et du ministre de l’Intérieur, l’arrêt immédiat des violences policières ainsi que des solutions d’hébergement immédiates et inconditionnelles. Nouvelle action en préparation », écrit dès le lendemain matin l’association Utopia 56, qui peut se féliciter d’avoir réussi un joli coup médiatique. Et ainsi d’avoir pu faire peser ses revendications. Mais quelles sont ces revendications ?
Les « politiques meurtrières des gouvernements des pays les plus riches » dans le viseur
Créée en janvier 2016, en Bretagne, pour « encadrer le bénévolat qui se déployait alors sur la jungle de Calais » (site de l’association), Utopia 56 revendique 150 bénévoles répartis entre Calais, Grande-Synthe, Lille, Paris, Rennes, Toulouse et Tours, pour des missions diverses comme les maraudes, l’accès au soin, l’hébergement citoyen et solidaire ou l’aide juridique d’Etat. Mais, plus spécifiquement, l’aide aux migrants, sa mission initiale. Son fondateur, Yann Manzi, s’était ainsi retrouvé en garde-à-vue, à Paris, en septembre dernier pour « outrage », après avoir voulu empêcher un gendarme de contrôler un migrant installé dans la rue. Le même Yann Manzi avait mis cette arrestation sur le compte d’une vengeance des forces de l’ordre répondant à une opération menée quelques jours plus tôt, par son association, en tout point similaire à celle menée place de la République, les retombées médiatiques en moins. 200 migrants avaient été alors installés par Utopia 56 sur le parvis de l’Hôtel de Ville, le 31 août afin de réclamer une meilleure prise en charge. Le lendemain, la préfecture de police de Paris avait procédé à l’évacuation de la place, tandis que la mairie avait ouvert une salle pour héberger les migrants.
Comme une grande partie des associations humanitaires venant en aide aux migrants, l’association Utopia 56 ne se contente pas d’aider les clandestins, mais milite également pour la régularisation systématique des étrangers qui traversent illégalement les frontières françaises. En décembre 2019, l’association avait organisé une manifestation place de la République à l’occasion de la journée des migrants pour défendre « le respect des droits des étrangers et contre cette politique de non-accueil à l’œuvre », mais aussi « pour stopper la montée des nationalismes, le développement du fascisme et de toutes les formes de racisme », ou encore à la « mémoire des dizaines de milliers de femmes, d’enfants et d’hommes morts sur les routes de la migration, victimes des frontières et des politiques meurtrières des gouvernements des pays les plus riches de la planète et de leurs complices ». Pour accompagner cette mobilisation, l’association avait diffusé une affiche faisant référence aux chaines de l’esclavage, avec ce slogan : « Egaux, égales, personne n’est illégal. »
Dès le début de sa création, en 2016, Utopia 56 avait créé la stupeur chez ses bénévoles en demandant aux femmes à l’œuvre pour l’association de s’habiller de manière à « tenir compte de la différence culturelle des migrants », plutôt donc que d’habituer les migrants aux us et coutumes occidentaux. « Les femmes doivent veiller à avoir des vêtements amples, longs (pas de t-shirts courts, ni jupes, ni shorts) sans décolletés et couvrant bien les épaules (pas de débardeurs). La population du camp étant très majoritairement kurde, il est important de tenir compte de la différence culturelle », développait l’association dans un message destiné à une de ses bénévoles en mission.
Ces prises de positions radicales n’empêchent pas l’association de recevoir l’argent de respectables donateurs ou mécènes comme Axa, Nexity, Monoprix ou encore Saleforce, qui représentent 20% de ses financements, principalement fourni (à 68%) par le grand public via des dons de particuliers, des campagnes de financement participatif ou des adhésions, précise l’association sur son site. 90% des dépenses sont liées aux « actions auprès des personnes exilées », c’est-à-dire des migrants clandestins, comme l’achat de tentes ou de couvertures, le reste étant attribué à son fonctionnement. En 2019, l’association déclarait néanmoins refuser toutes subventions de l’Etat.
Amaury Bucco pour Le Club de Valeurs actuelles.
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