Voici la quatrième et dernière partie du Grand entretien donné par Philippe de Villiers à Valeurs actuelles.
La première partie était consacrée à un jugement sévère sur la gestion de la lutte contre le coronavirus.
La deuxième partie avait sonné l’alerte contre l’invasion migratoire et la paralysie du pouvoir par un état de droit dévoyé.
La troisième partie était dédiée au terrorisme, à la police et plus généralement à la sécurité.
Dans la dernière partie, Philippe de Villiers s’en prend directement au pouvoir en place et plus généralement à la classe politique …
Valeurs actuelles : Jean Castex vous semble-t-il être l’homme de la situation ?
Philippe de Villiers : Ah oui, je pense que c’est l’homme idoine… (Rires.) Il n’a pas d’équivalent. Il faut reconnaître que c’est un métier spécial que d’être déconfineur d’été, confineur d’automne, redéconfineur d’hiver et reconfineur de la Saint-Sylvestre ! Il a le profil du parfait répétiteur ventriloque. Le matin au feu,
le soir au couvre-feu.
Quand je le regarde, il me ramène à mes années de stagiaire de l’Ena. Il a des airs de chef de division des cartes grises à la sous-préfecture de Bayonne. Pour le récompenser d’avoir échoué dans le déconfinement, il a été promu chef de l’Absurdistan et des remontées mécaniques. Il restera dans l’histoire, comme le nouveau Régis Laspalès : « Y en a qui ont essayé les tire-fesses … ils ont eu des problèmes … » Je le vois d’un voisinage de bon aloi auprès des portraits flatteurs de Deschanel en pyjama ou de Mac-Mahon qui s’exclamait : « Que d’eau, que d’eau !» Que d’eau tiède ! Que de neige dans les stations! C’est l’homme qui aura interdit aux terroristes de passer la frontière suisse avec des skis.
Valeurs actuelles : Comment jugez-vous aujourd’hui Emmanuel Macron, que vous avez épargné jusqu’alors ?
Philippe de Villiers : Le confinement l’a déconfiné à mes yeux. Il a tombé le masque: il n’a pas de goût pour la France … Quand on fera son bilan, on se souviendra que, selon ses objectifs de campagne, il affichait avec grandiloquence deux objectifs – aujourd’hui deux fake news : nous sortir du socialisme et nous faire entrer dans la mondialisation heureuse. Je pense souvent à VGE qui me disait, lorsque j’étais sous-préfet de Vendôme, en 1980 : un pays devient socialiste lorsqu’il dépasse les 40 % de prélèvements obligatoires. Macron, qui voulait libérer les forces créatrices, nous aura fait passer la barre des 50 % ! C’est l’État qui assure les fins de mois. C’est de la belle ouvrage. Jamais le pays n’aura été aussi collectivisé. Des milliards d’assignats volent au-dessus de nos têtes.
Le PS en a rêvé, Macron l’a fait.
Pour ce qui est de la mondialisation heureuse, il voulait un monde sans frontières, un monde d’ouverture. Et nous avons eu deux virus, qui transhument avec délice : celui de l’islamisme et le coronavirus. Résultat, on a mis des barrières intérieures partout et on a enfermé les gens chez eux. Mais a-t-il vraiment les manettes ?
Je sens que le pouvoir lui brûle les doigts, je pense même qu’il ne veut pas le pouvoir puisqu’il le distribue à chaque fois qu’il l’obtient. Il transfère à Bruxelles tout ce qu’il peut transférer. Il a confié en huit jours, au mois de mars, le pouvoir aux experts en créant le Conseil scientifique – il se liait les mains par avance – puis l’a remis entre les mains de la Convention citoyenne, composée par tirage au sort, c’est-à-dire la représentation par le hasard. Il vient de recommencer en annonçant la création d’un comité citoyen pour gérer le vaccin. Il n’est pas le seul, hélas, à mettre notre pays au bord de l’abîme. L’affaire vient de loin.
Tous, ils ont abandonné notre vieux pays recru d’épreuves. Il faut qu’ils s’en aillent tous.
Valeurs actuelles : Pourquoi souhaitez-vous qu’« ils s’en aillent tous » ?
Philippe de Villiers : Depuis cinquante ans, les générations politiques de droite et de gauche qui se sont succédé au pouvoir ont fait la même chose. Avec un seul impératif catégorique: il faut réformer ! Ils ont tout
détricoté, tout sapé, tout déconstruit. En particulier les quatre murs porteurs de la société française. Il est impossible de les absoudre, eux et leurs héritiers doivent partir.
Premier mur porteur démoli consciencieusement, pierre après pierre : l’autorité. L’autorité paternelle, qui tenait la famille; l’autorité régalienne qui tenait l’État; l’autorité magistrale, qui tenait la classe; et l’autorité spirituelle qui tenait les âmes.
Deuxième mur porteur : la sécurité. Les délinquants et les barbares peuvent courir, la sécurité, première raison sociale de fabriquer une société, n’est plus assurée.
Troisième mur porteur: la souveraineté. On l’a vu avec le virus, les souverainetés pharmaceutique, industrielle, numérique se sont évaporées. On a largué notre industrie, au nom d’un tertiaire illusoire. Avec une Europe qui, par le processus Hamilton – cet Américain qui promettait que l’État serait fédéral le jour où un emprunt commun serait contracté par la fédération même tente d’imposer un emprunt de la Commission. Le tout en mettant évidemment au pas tous les pays – Hongrie, Pologne – qui voudraient avoir
leur propre vision de l’immigration ou des LGBT.
Quatrième mur porteur : l’identité. Elle a été abîmée par l’immigration et troublée par l’islam conquérant. Nous avons une société française désaffiliée et qui se désagrège. On a pratiqué l’euthanasie dans les Ehpad, on a forcé le barrage sur la PMA et, au lendemain de l’apparition d’une pathologie qui révèle le danger d’une maladie transmissible entre espèces, la loi a autorisé la création d’embryons transgéniques ou chimériques mêlant des cellules souches humaines et animales. C’est le passage au transhumanisme. Le monde a basculé de l’engendrement naturel d’un enfant vers la procréation technique et la sélection organisée est devant nous.
Ils ont démoli les murs porteurs. La France aujourd’hui est au bord du précipice et on sent bien qu’elle peut mourir.
Valeurs actuelles : Les politiques sont-ils réellement responsables?
Philippe de Villiers : J’ai vécu assez longtemps pour me souvenir de la grande chaîne des renoncements. Prenons comme illustration le phénomène migratoire.
Avec Pompidou, nous avons eu l’immigration de travail, exigée par le patronat pour avoir une main-d’œuvre moins chère. Avec Giscard, l’immigration de peuplement, avec le chassé-croisé criminel entre l’avortement de masse et l’immigration de masse, c’est-à-dire l’esquisse d’un changement de population. Avec Mitterrand, ce fut l’immigration de rédemption: le lumpenprolétariat de substitution. Ce sont les années SOS Racisme – qui faisait pour les racismes ce que SOS baleines faisait pour les baleines: les sauver. Avec la phrase célèbre qui signe le septennat de Mitterrand: « Les étrangers sont chez eux chez nous. » Ensuite, nous avons Chirac et l’immigration de régénération, avec les accords de Schengen. Non seulement nous n’avions plus de frontières, mais nous avons abandonné l’assimilation, en 2004, avec le principe d’acceptation mutuelle imposé par la Commission européenne. Ce sont les années de « l’accommodement raisonnable », le multiculturalisme naissant que combattait pourtant, encore en 1990, la plate-forme RPR-UDF.
Vinrent ensuite Sarkozy et l’immigration d’enrichissement mutuel: la création du CFCM, la présence solennelle du ministre de l’Intérieur au congrès de l’UOIF, le 19 avril 2003, et cette phrase fameuse qui résume son quinquennat: « sortir l’islam des caves ». C’est réussi ! Dans les caves, c’est à nous d’y aller nous confiner. Naturellement, il fut aussi le président qui nous a imposé la discrimination positive à l’américaine.
C’est à ce moment-là qu’on a livré au public cet impeccable syllogisme: « Certes, l’islam radical existe. Mais l’islam modéré ne demande qu’à le vaincre. Il faut donc encourager l’islam modéré. L’islam radical est plutôt dans les caves. L’islam modéré est plutôt dans les mosquées. Il faut donc sortir des caves et construire des mosquées. » Imparable, n’est-ce pas?
Ce fut ensuite Hollande et l’immigration de clientèle, avec Terra Nova qui l’invita explicitement à s’appuyer sur les suffrages des immigrés pour être élu. C’est à ce moment-là qu’on commence à verser un pourboire de 6 milliards d’euros à la Turquie cela continue aujourd’hui – pour qu’elle protège nos frontières ! Hollande, c’est également le délit d’islamophobie: c’est la grande intimidation. Toute personne qui dénonce la descente aux enfers peut aller en prison ou avoir des problèmes avec la justice. Enfin, c’est Macron, avec la managing migration, c’est-à-dire l’immigration de remplacement. C’est le pacte de Marrakech et c’est le pacte européen du 23 septembre. Selon ces textes, la personne humaine n’est plus qu’un agent économique interchangeable et déplaçable au gré des besoins de la mondialisation.
Depuis quarante ans, chaque personne lucide qui fronce le nez est prise au collet, prise de panique, menacée d’être jetée dans la cage aux phobes. Quand j’avais 15 ans, on risquait, même étant fils de résistant, l’accusation de « fascisme ». À 30 ans, planait au-dessus de nos têtes le soupçon de « racisme »; puis, ces dernières années, a surgi chez les élites populophobes l’accusation de « populisme »- « la lèpre populiste », disait Macron ! Et voici que le « complotisme » vient se lover dans les anfractuosités des murs de l’arène. Tout le petit monde de la politique longe les murs pour éviter les étiquettes infamantes.
Alors oui, ils sont responsables, et c’est impardonnable parce qu’ils savaient tous ce qu’ils faisaient. Macron, comme les autres leurs héritiers, devrait, au nom de l’honneur, se faire porter pâle. Un bon petit confinement loin de l’agora, entre la salle d’eau et les poissons rouges, leur ferait le plus grand bien.
Qu’ils s’en aillent tous !
Propos recueillis par Charlotte d’Ornella et Geoffroy Lejeune.
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4 Réponses à “Le « J’accuse » de Philippe de Villiers (4)”
Philippes De Villiers president, ai je deja ecris !
Je crains qu’il ait déjà décliné l’invitation à l’être et je pense qu’il n’a plus la grinta pour remonter sur le ring « hexagone » où l’attendent, d’ailleurs, de pied ferme, les gauchistes des « merdias ».
Si je ne peux que partager ses constats, je trouve ses condamnations un peu dures, notamment pour Sarkozy … Villiers n’a pour CV que le Puy du Fou, alors qu’il avait les idées et la notoriété pour s’engager davantage. La critique est toujours facile.
Vous avez raison pour N Sarkozy !