Voici la seconde partie de mon article consacré à l’université de Georgetown à l’occasion de l’intégration de Rokhaya Diallo parmi ses chercheurs.
La première partie de cet article décrivait les faits avec l’enregistrement d’une conversation privée entre deux professeurs, sa publication sur internet et le licenciement immédiat de l’un des professeurs.
La seconde partie est plus terrible encore avec le témoignage de certains professeurs – au demeurant très rares, on devine pourquoi – qui osent critiquer cette abominable « Cancel Culture ».
C’est absolument terrifiant ! Et c’est en train d’arriver chez nous !
Seconde partie :
« Suprématie blanche sous-jacente »
Le doyen annonce une série de nouvelles mesures :
la mise en place dès la rentrée d’une formation à la non-discrimination » et l’« allocation d’une bourse aux membres du corps enseignant qui souhaitent travailler pendant l’été à l’élaboration de matériel pédagogique traitant de la justice raciale, des inégalités raciales, ainsi que des expériences et de l’action des groupes traditionnellement marginalisés ». Mais, surtout, il annonce que les étudiants auront désormais la possibilité de signaler « de façon confidentielle auprès du Bureau de la diversité institutionnelle, de l’équité et de l’action positive » d’éventuels incidents racistes.
Comme de nombreux autres campus américains, l’université Georgetown a expérimenté l’un des effets de la fameuse « cancel culture », ou « culture de l’annulation ». Sur les bords du Potomac, dans la vieille ville de Georgetown, cette institution fondée par les jésuites en 1789 est l’une des premières universités catholiques dans ce pays où les établissements les plus prestigieux sont protestants. Elle accueille 12.000 étudiants, venus y vivre une expérience « qui prépare la future génération des citoyens globaux à prendre la direction et faire une différence dans le monde de demain », selon la brochure de l’université.
Les choses n’en restent pas là. Dans les semaines qui suivent, un professeur noir appelle les autres professeurs « non-noirs » à prendre parti plus clairement dans cette affaire. Une déclaration est aussitôt rédigée, dans laquelle les signataires « reconnaissent leur responsabilité en tant que membres non noirs du corps enseignant à s’engager dans un travail constant d’examen et de révision de leurs propres préjugés ». Ils « reconnaissent également les nombreux cas où la notion de suprématie blanche, sous-jacente aux idées de mérite, peut contaminer l’évaluation des performances » des étudiants. Presque tous les professeurs de la faculté de droit de Georgetown signent la déclaration.
Lama Abu-Odeh a refusé. Cette professeur de droit d’origine palestino-jordanienne fait partie des rares voix à s’être élevées contre le sort fait à sa collègue, et aussi contre le climat d’intimidation imposé par les associations de militants antiracistes.
Quand cet incident a eu lieu, mes étudiants voulaient en parler, certains ont demandé pourquoi cette enseignante avait été contrainte à la démission, explique-t-elle. Je leur ai dit que notre conversation était enregistrée, et qu’il fallait faire attention, que nous sommes dans une société où l’on doit prendre garde à ce que l’on dit, et que j’étais désolée de cet état de choses.
Les professeurs ne sont pas protégés par la direction de l’université, poursuit-elle. Un incident comme celui de Georgetown est un message adressé à chaque professeur: voici ce qui peut vous arriver si vous dites ce qu’il ne faut pas. Et une fois que vous serez qualifié de raciste, personne ne vous soutiendra. Tout le monde dans les universités est terrifié. Toute votre existence professionnelle est entre leurs mains, votre carrière peut s’arrêter du jour au lendemain, vous pouvez tout perdre.
Lama Abu-Odeh a signé depuis dans la revue en ligne Quillette une lettre ouverte où elle dénonce une « révolution culturelle » en marche à l’université Georgetown. Elle décrypte l’incident comme une prise du pouvoir par « une nouvelle élite dirigeante qui s’empare des institutions universitaires en utilisant son statut de minorité » et contre laquelle les libéraux progressistes sont impuissants à lutter, même quand leurs principes fondamentaux sont foulés aux pieds. «
Un de mes collègues a fait remarquer que je gaspillais de précieuses ressources de victimisation en refusant de signer la déclaration des professeurs non noirs en tant que musulmane, palestinienne, femme, blablabla, note-t-elle. C’est là toute l’ingéniosité du régime minoritaire: une coalition de minorités qui, collectivement, forment une majorité, mais qui est néanmoins toujours en mesure d’invoquer son statut de minorité pour préserver son pouvoir. Le pouvoir est présenté comme l’absence de pouvoir pour préserver le pouvoir réel.
Daniel Kovalik, professeur de droit à l’université de Pittsburgh et militant de gauche traditionnel, se dit effaré par ce nouveau phénomène, auquel il a consacré un récent ouvrage, Cancel this Book(non traduit).
Ces nouveaux militants ne ressemblent pas aux activistes traditionnels, tel que je l’étais moi-même comme étudiant, quand je militais pour l’égalité des droits ou en faveur de la paix. Ce mouvement s’attaque à des individus. Ses mécanismes sont ceux des persécuteurs. Je ne vois rien de progressiste là-dedans, explique ce spécialiste des droits de l’homme. Les réseaux sociaux ont un effet accélérateur, ajoute-t-il, et ils renforcent une mentalité de meute: la foule est anonyme. Ils ne demandent pas non plus beaucoup d’énergie: ces prétendus activistes restent chez eux derrière leur écran. Parce qu’on a posté quelque chose sur internet, on a l’impression d’avoir agi dans la réalité. Mais c’est aussi redoutablement efficace: les gens sont contraints au silence. Un professeur qui perd son poste, et ce sont des centaines qui se taisent. Dans les universités, les gens ont peur, le pouvoir appartient à ceux qui crient le plus fort.
Ce qui me trouble le plus, conclut Daniel Kovalik, c’est que ce mouvement possède des caractéristiques quasi religieuses et absolutistes. Il n’y a pas de pardon ni de rédemption, juste la damnation. Paul reste Saul et Marie-Madeleine reste une prostituée pour l’éternité. Et le mouvement n’en est qu’à ses débuts.
Adrien Jaulmes pour Le Figaro International.
Suivre @ChrisBalboa78
Une réponse à “Georgetown : haro sur la suprématie blanche !”
C’est le meme systeme chez les communistes, ce sont les jeunes qui prennent le pouvoir et qui dirige la façon de penser pour tous les monde.
Exemple:
Dans les annees 60, 70, les fameux garde rouges, etaient des enfant de 14 a 18 ans, qui condamnaient a mort, ou a la prison les adultes au nom de leurs ideologie, massacré par l’inexperience de la vie.
La plupart des revolutions sont conduites par des jeunes abrutis sans experience de la vraie vie, et qui se font roulés par de belles paroles…