C’est Clémenceau à qui l’on prête la phrase célèbre :
« La guerre ! C’est une chose trop grave
pour la confier à des militaires. »
C’est un article paru dans le Figaro Premium qui m’a suggéré de transposer cette citation dans le domaine de la justice !
Car les actes de justice qui sont rapportés dans cet article m’ont laissé d’abord pantois puis révolté !
Voici les faits résumés par le Figaro Premium :
En 2015, une femme engagée dans une relation extra-conjugale décide d’y mettre un terme au bout de deux mois. Mais son amant n’accepte pas sa décision, il la harcèle et menace de tout révéler à son époux. Ce qu’il finit par faire. Le couple divorce alors, mais les deux hommes n’en restent pas là. En juin 2015, ils font équipe, enlèvent la femme, la séquestrent et la battent, son ancien amant la maintenant au sol pendant que son mari la frappe avec un bâton clouté.
La victime dépose plainte et les deux agresseurs sont jugés. L’ex-mari est condamné à 15 mois de prison avec sursis et à 1500 euros d’amende. Le parquet, jugeant la peine trop légère décide de faire appel, et réclame une peine ferme de 3 ans et demi. Mais le 11 octobre dernier, les deux juges de la cour d’appel ont décidé de maintenir la première décision du tribunal.
A ce stade, on ne peut que partager le sentiment du parquet quant à la scandaleuse légèreté de la peine – 15 mois avec sursis – par rapport au fait car il y a quand même enlèvement, séquestration, et agression en bande organisée mettant en jeu une arme dangereuse ! Excusez du peu !
Mais le pire est à venir quand on lit les motivations de la cour d’appel !
« L’adultère commis par une femme est une conduite que la société condamne et condamne fortement», peut-on lire dans la décision du tribunal, qui explique « comprendre la violence de l’homme, victime de cette trahison après avoir été vexé et humilié par sa femme ».
« Dans la Bible, nous pouvons lire que la femme adultère devait être punie par la peine de mort », rappelle le texte qui cite également la lapidation de femmes infidèles dans certaines sociétés et une loi portugaise de 1876 prévoyant des peines légères à l’encontre d’un homme qui tuait sa femme coupable d’adultère.
Et devinez où ces faits de justice se sont passés ?
Vous pensez peut-être que ces faits se sont passés au Yemen ou en Arabie Saoudite ? Vous n’y êtes pas ! Dans ces pays, la femme aurait probablement eu besoin de l’autorisation de son mari pour pouvoir déposer sa plainte qui de toute façon n’aurait pas été instruite …
Alors, le Pakistan ou l’Iran ? Encore raté !
Non ça s’est passé à 1000 km de chez nous, dans un pays démocratique et européen …
A Porto, au Portugal
Une décision qui légitime les violences conjugales
La décision de la cour d’appel a suscité une vive émotion au Portugal !
« Nous sommes perplexes et révoltées », affirme l’UMAR (Union de Femmes Alternative et Réponse), qui, à l’instar, d’autres mouvements féministes « condamne » le verdict. « Cette décision légitime tout simplement la violence conjugale contre les femmes », a fait valoir l’UMAR dans un communiqué ajoutant qu’évoquer la Bible au cours d’un jugement constitue une atteinte « à l’Etat de droit dans lequel nous vivons ». Une pétition lancée sur les réseaux sociaux pour protester contre cette décision a recueilli, ce jeudi, plus de 15.000 signatures de personnes s’estimant « choquées », tandis qu’un appel à manifester était lancé pour vendredi.
Après les remous engendrés par cette affaire, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) portugais qui avait dans un premier temps fait valoir l’indépendance des tribunaux et avait exclu d’intervenir malgré la levée de boucliers dans le pays, a finalement annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête.
En conclusion …
Comment des actes de justice (en première instance et surtout en appel) aussi scandaleux, aussi anachroniques, ont-ils pu se produire dans un pays démocratique ?
Faut-il que les juges soient à ce point déconnectés des réalités de la vie pour aboutir à ces décisions ?
Faut-il qu’ils aient le sentiment de leur toute puissance et de leur impunité pour oser de telles jugements ?
Faut-il, enfin, qu’ils aient un tel mépris pour les femmes pour ne pas ne pas condamner plus fermement cette lâche agression, à deux hommes contre une femme ?
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