La guerre idéologique n’a jamais été aussi violente (2/2)

Publié par le 2 Oct, 2021 dans Blog | 2 commentaires

La guerre idéologique n’a jamais été aussi violente (2/2)

Voici la suite de l’interview de Georges Bensoussan par Valeurs actuelles (première partie ici).

Seconde partie :

Quel regard portez-vous sur le débat public depuis ?

Il s’est un peu déverrouillé à force d’un long travail de reconquête mené par la société et une partie du monde intellectuel. En 2002, les médias acquis à la bourgeoisie culturelle « de gauche » n’étaient pas loin de qualifier les Territoires perdus de livre « raciste » et « proche du FN ». On n’en est plus tout à fait là aujourd’hui, et c’est aussi pourquoi la guerre idéologique n’a jamais été aussi violente où l’on voit le gauchisme culturel qui imprègne une partie de la classe médiatico-politico-judiciaire s’offusquer de l’apparition de nouveaux pôles de parole. Qu’elle entend donc interdire.

Ainsi fait-elle campagne en sous-main pour supprimer Répliques, l’émission d’Alain Finkielkraut sur France Culture, pour empêcher Marcel Gauchet de s’exprimer aux Rendez-vous de l’histoire de Blois, pour vouer aux gémonies Kamel Daoud et Olivier Pétré-Grenouilleau, pour suspecter Paul Yonnet de nostalgie « pour les idées nauséabondes » et pour renvoyer Jean-Claude Michéa dans la « fachosphère ». Ad nauseam … C’est là sa vraie nature, celle d’un ordre moral qui de nature cléricale hier, est aujourd’hui de nature sociétale (GPA, « écriture inclusive », « migrants »), qui cloue au pilori, condamne au silence par l’invective (« extrême droite » !), dissuade d’inviter (« clivant ») et stérilise le débat intellectuel, obnubilée non par la recherche de la vérité, mais par le seul souci de savoir si vos propos font, ou non, le « jeu du RN ».

Qu’en est-il six ans plus tard des crises mises en lumière par votre procès ?

La liberté de parole a un peu progressé et pourtant la crise s’est approfondie. Crise des institutions démocratiques, nullement synonyme d’une dépolitisation tant, au contraire, la société française, condamnée au silence dans les grands médias (voyez quelle y est la représentation des classes populaires), débat chaque jour dans les cafés, dans la rue et sur les ronds-points.

Mais de moins en moins dans les urnes. Parce que la politique, précisément, ne s’y trouve plus. L’immense majorité de nos contemporains a le sentiment que les décisions sont prises par des organismes technocratiques non élus, notamment à Bruxelles, ou à Paris par le Conseil d’État, non élu lui aussi, qui peut bloquer une loi, nourrissant au passage un complet décalage avec la vie quotidienne du peuple des « invisibles » À ma connaissance, peu de conseillers d’État vivent sur le terrain les conséquences concrètes d’une immigration de peuplement dont ils décident à leur façon. À leur instar, la bourgeoisie culturelle « de gauche » pratique un évitement résidentiel, social et scolaire qui vide de toute substance la démocratie. A fortiori quand les classes populaires ont le sentiment que leur monde d’appartenance se dérobe sous leurs pieds et que leur souci d’identité est moqué, sinon entaché de honte. C’est là le terreau profond du populisme et du RN.

Enfin, comment passer sous silence le décalage entre grands médias et population? En 2020, une enquête du Monde diplomatique révélait qu’en une journée ordinaire de novembre 2019, sur France Inter, les représentants des classes populaires n’avaient occupé que 2,6 % du temps d’antenne. On comprend que pour ces journalistes-là, en novembre 2018, les « gilets jaunes » aient été une surprise.

Vous vous inquiétez aussi d’une perte d’identité …

Notre pays a le sentiment de changer d’identité face à une puissante poussée démographique qui s’impose sans que pour autant on veuille la nommer.  La parole officielle reste engluée en effet dans le déni d’une réalité qui s’étale sous nos yeux. De là, un malaise, une espèce de dépression collective que vient redoubler une hausse impressionnante de la violence qui témoigne, outre la crise sociale et la paupérisation, d’un effondrement des notions de loi et d’autorité. Plus largement, d’une désinstitutionnalisation de la société. A fortiori dans des milieux qui habitent la France sans y vivre.

En face, les classes populaires dites « autochtones » ont un attachement d’autant plus fort à la patrie qu’elle est leur seul bien commun, leur mode de vie, leurs traditions et leur histoire dont elles n’entendent pas se défaire. Mais sous leurs yeux se cristallise un bouleversement démographique dont elles craignent qu’il ne les transforme demain en indigènes relégués et méprisés.

La stigmatisation dont elles sont l’objet de la part des « gens de nulle part » (« l’esprit Canal Plus »), l’insulte (combien de commentateurs ont présenté les « gilets jaunes » en abrutis patentés), la diabolisation enfin via l’antisémitisme massif qu’on leur prête dans le seul but de les rendre invisibles nouveau, est l’une des pires violences de classe qu’on ait vues en France depuis la Libération.

À ce sujet, vous dénoncez une instrumentalisation de l’antisémitisme au sein des « gilets jaunes », comment ?

En décembre 2018, on a vu en effet des « quenelleurs » à Paris et ailleurs, des pancartes et des graffitis à contenu antisémite, on a entendu des individus avinés auteurs de propos antijuifs. Tout cela est vrai. Mais pourquoi n’y aurait-il pas d’antisémites chez les « gilets jaunes », puisqu’il en a partout dans la société ? Et pourquoi monter en épingle ces quelques individus sinon pour déconsidérer le mouvement en agitant l’épouvantail de l’antisémitisme ? Je crains là qu’on instrumentalise la mémoire de la Shoah pour délégitimer un mouvement social. Ce détournement est et sera lourd de conséquences. C’est le combat contre l’antisémitisme que cela obère au premier chef et c’est le judaïsme vivant, populaire (et souvent pratiquant), le gros du judaïsme français qui paiera, hélas, le prix d’une stratégie qui n’est pas la sienne. Et il semblerait que cette instrumentalisation ait à nouveau été tentée avec les manifestations anti-passe sanitaire …

J’ai passé vingt-cinq ans de ma vie à travailler et à enseigner sur la rupture anthropologique de la Shoah, le lien de la société moderne à Treblinka, les effets de ce traumatisme sur nos générations et celles qui viennent après nous. Ce n’est donc pas pour laisser cette mémoire
dégradée aujourd’hui en catéchisme mièvre (la « tolérance »), voire en instrument de récupération sociale et politique.

Comment lutter contre le terrorisme intellectuel ?

La liberté a un prix angoissant et coûteux, c’est le courage. D’autant plus nécessaire que le magistère médiatique de la bourgeoisie culturelle « de gauche », encore puissant, se cabre parce que, pour la première fois, il paraît sérieusement contesté.

Oser parler donc !

Propos recueillis par Anne-Laure Debaecker pour Valeurs actuelles.

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2 Réponses à “La guerre idéologique n’a jamais été aussi violente (2/2)”

  1. Pour repondre a tous ces problemes:

    Chaine officielle de E Zemmour:
    https://www.youtube.com/channel/UCjTbZBXEw-gplUAnMXLYHpg

  2. Vous comprenez maintenant pourquoi la montée de l’ideologie destructrice, appelez progressisme pour la voiler ? le laxisme extreme de la justice envers la racaille ? saper les fondement de la france et de l’occident ? de baillonner les peuples meme sur l’immigration et donner autant de pouvoir aux juges ? pourquoi les minorités sont mises en avant dont le resultat ne fait qu’affaiblir le fondement moral de la société ?

    Pourquoi jamais les problemes de font ne sont jamais réglés ? et refusent l’evidence devant l’immigration ?

    Du pourquoi Sarkosy avait parler du nouvel ordre mondial et que « rien n’y personne ne pourrais l’empecher » ?

    On n’a rien a attendre du politique.

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