Monsieur Macron saisit désormais toute occasion de faire flotter le seul drapeau européen sous l’Arc de Triomphe.
Depuis le début de son mandat, son obsession est d’établir une « souveraineté européenne ». Il l’avait réclamée dès son discours de la Sorbonne en 2017.
La guerre en Ukraine est pour lui une occasion inespérée de la faire prévaloir. Le sommet européen tenu ces 10 et 11 mars à Versailles lui a donné une tribune à cet effet. Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, répète que la souveraineté européenne n’est pas une lubie française mais une urgence et un impératif face à l’accélération de l’histoire !
Vous venez de lire l’introduction d’un article de Jean-Philippe Delsol paru sur le site de l’IREF :
Mais sont-ils bien conscients qu’une souveraineté ne se partage pas ?
La souveraineté, dérivée du latin superus, supérieur, représente l’autorité suprême : « La souveraineté est le pouvoir de commander et de contraindre sans être commandé ni contraint par qui que ce soit sur la Terre » écrit Jean Bodin en 1576. Puis Rousseau a lié la souveraineté du peuple à l’intérêt général. La République s’en est inspiré. Selon le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789 … ». En effet, l’article 3 de cette Déclaration proclame que « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ». Tandis que l’article 3 de la Constitution de 1958 rappelle que « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».
Donc la souveraineté ne se divise pas. Autorité suprême, elle ne peut pas être tout à la fois en dessous et au-dessus. Elle peut être exercée par une personne individuelle ou par une institution collective, mais elle est une. Elle peut être déléguée partiellement, mais elle ne peut pas l’être totalement sans devenir un transfert de souveraineté.
Créer une souveraineté européenne revient donc à supprimer la souveraineté des nations transférée à l’Europe. En matière de défense, cela signifierait que les Français ne seraient plus maîtres de leurs amis et de leurs ennemis, qu’ils devraient se battre sans délibérer sur une décision susceptible d’être prise à l’encontre de leurs représentants. Cet abandon de souveraineté militaire couplée avec l’abandon déjà consommé de souveraineté monétaire réduirait la nation française à si peu de chose qu’elle ne serait déjà plus souveraine. Les Français y sont-ils prêts ? Je ne le crois pas. Je ne le pense pas souhaitable.
Les Européens ne résisteront aux assauts des despotismes que s’ils sont d’accord pour défendre notre civilisation
Nous ne nous défendrons pas mieux, contre les Russes, les Chinois ou d’autres, en créant une souveraineté européenne qui sera une nouvelle foire d’empoigne et une superstructure de plus faisant grandir le millefeuille administratif et politique au profit de ceux qui en trusteront les places, les honneurs et les avantages petits et grands. Les pays européens peuvent préserver leurs territoires et populations au travers d’accords d’entraides réciproques et en augmentant de manière symétrique et équitable leurs forces de défense, en les associant, en les coordonnant. Peu importe que ce soit dans l’OTAN, qui a le mérite de nous associer à nos descendants américains, ou dans un nouveau pacte. Mais les Européens ne résisteront aux assauts des despotismes que s’ils sont d’accord pour ne pas défendre seulement des immeubles et des individus, mais des cultures diverses et néanmoins rassemblées par le respect de la liberté et la dignité des personnes, en un mot une civilisation, ou plutôt notre civilisation. Y-croyons-nous encore ?
Curieusement face aux difficultés, les politiciens français cherchent toujours à se réfugier derrière l’Europe, ne serait-ce que pour dire qu’elle n’en a pas fait assez. Et leurs solutions consistent toujours à vouloir plus d’Europe. Je reste pourtant persuadé que les Français, eux, ne veulent pas plus d’Europe, mais une autre Europe, qui croit en elle-même. « L’esprit européen, disait Bernanos déjà en 1946, c’est cette foi que l’Europe avait en elle-même, en ses destinées, en sa mission universelle. Elle l’a perdue, elle l’a deux fois perdue puisqu’elle ne l’a remplacée par rien ». Nous ne combattrons pas la Russie et la Chine en les imitant dans leur volonté impériale et dominatrice. La Russie et la Chine ne veulent pas nous combattre par haine de l’Occident mais parce qu’elles font un constat d’échec de l’Occident. Ces deux pays méprisent nos démocraties déliquescentes, pleutres, pusillanimes. Ils croient en leur modèle autoritaire et servile en voyant ce que nous faisons de nos libertés humiliées par le wokisme, le djihadisme, le gauchisme…, ce que nous faisons de notre histoire mutilée, de notre culture abandonnée, de nos familles déboussolées, de nos peurs d’être nous-mêmes. A nous d’offrir une alternative puissante, plaisante et crédible aux modèles absolutistes, holistes, de la Chine, de la Russie et consorts et de redonner à leurs peuples envie d’aimer la liberté. Il s’agit moins de rebâtir un empire que de faire vivre l’esprit européen de nos Patries, grandes ou petites, assemblées dans le respect de nos identités et dans une commune conception de l’homme, ce nain qui se grandit sur les épaules des géants de notre histoire partagée.
Jean-Philippe Delsol pour l’IREF.
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2 Réponses à “Faut-il brader la souveraineté française ?”
Eh oui, macrotte se prend pour Charlemagne, aidé en ceci par van der la hyène.
Et c’est pour cela qu’il part en guerre.
(Charlemagne qui avait, en l’an 800, voulu se faire couronner empereur afin de s’emparer de l’héritage de l’empire romain au détriment de l’empereur légitime d’Orient.)
Non, il faut brader macron !