Martin Blachier, médecin vedette des plateaux télé

Je dois reconnaitre que j’ai dû manger mon chapeau à propos de mon appréciation du docteur Martin Blachier.

Fan du Docteur Didier Raoult qui se battait seul contre le pouvoir sanitaire et les cohortes de médecins dépêchés sur les plateaux télé pour promouvoir les vaccins ARN, j’ai d’abord été contrarié par ce jeune médecin qui osait contredire le « Savant de Marseille » !

Et puis, j’ai vu que, s’il doutait de l’efficacité de l’hydrochloroquine, il combattait souvent aux côtés de Didier Raoult les oukases de la politique sanitaire de Macron et Véran.

Beaucoup de médecins se sont trompés et se sont écharpés sur les plateaux de télé, mais on peut dire que Martin Blachier figure parmi ceux qui se sont trompés le moins !

A l’occasion de la sortie de son livre : Méga gâchis – Histoire secrète d’une pandémie, Judith Waintraub lui a consacré cet article dans Le Figaro Magazine :

Au chevet d’une France malade de sa technocratie

Alors que la courbe des contaminations repart à la hausse, l’épidémiologiste publie le récit de deux ans de combat contre la collusion des administrations, des corporations scientifiques et des lobbys qui ont pris le pouvoir pendant la crise sanitaire.

Le nombre de cas de Covid-19 détectés remontant, les « enfermistes » ont recommencé à donner de la voix. En vain, en tout cas en ce qui concerne le passe vaccinal et le masque en intérieur, abrogés lundi. Une « libération » saluée par Martin
Blachier, qui prévoit pour les prochains jours une vague de « faible intensité », à l’impact hospitalier « marginal ». Quitte à se faire traiter de « rassuriste » par certains de ses confrères, ce dont il n’a cure.

Comme il le raconte dans Méga gâchis. Histoire secrète de la pandémie, ses quelque 2 000 passages télé depuis le début de la crise sanitaire ont valu à l’épidémiologiste de 36 ans les épithètes les plus infamantes. « Rassuriste », donc, pour avoir combattu le confinement, la fermeture des écoles, le passe sanitaire puis vaccinal, mais « affoliste » quand, en avril 2020, il a tenté d’expliquer que loin d’être terminée, l’épidémie pourrait avoir causé « 85 000 morts » en septembre. Ce chiffre était tiré de la modélisation réalisée par Public Health Expertise, le cabinet qu’il a fondé avec son ami Henri Leleu, rencontré en internat de médecine. Les deux experts se sont trompés sur le calendrier mais pas sur l’évolution de la crise sanitaire.

Les 85 000 morts ont en fait été atteints en février 2021. Au fur et à mesure que la réalité donnait raison à Martin Blachier, les invitations sur les plateaux se sont multipliées. Un épidémiologiste qui reconnaît une erreur – il a expliqué avoir sous-estimé l’effet saisonnier -, c’est rare. Un médecin, même ‘il n’a jamais pratiqué, qui ne réduit pas le coût humain d’une pandémie au nombre de morts ou au taux d’occupation des lits d’hôpital, ça ne constitue pas plus la majorité du genre. Bon pédagogue, ne recourant pas aux arguments d’autorité et hostile à la stratégie de la peur, le spécialiste Covid préféré de David Pujadas et de Pascal Praud a conquis son rond de serviette dans les émissions les plus regardées de LCI et de CNEWS. 

Lui jure que son activisme télévisuel ne vise pas à nourrir un ego surdimensionné ni à arrondir ses fins de mois, puisque ses interventions ne sont pas rétribuées. S’adresser à l’opinion via les médias a été, affirme-t-il, le seul moyen de contourner les administrations, les corporations et les lobbys qui ont « confisqué » le pouvoir pendant la crise sanitaire.

Son livre, passionnant, raconte autant un « gâchis » qu’un, voire plusieurs scandales. Ironiquement, alors qu’il voit dans le phénomène Didier Raoult « la logique du mandarin poussée à son extrême », ses critiques contre l’entre-soi de la corporation scientifique qui règne sur notre système de santé publique recoupent largement celles du professeur marseillais.

Martin Blachier montre par exemple que le confinement a été décrété sur la base de modèles inadaptés à la Covid-19, fournis par des organismes surtout soucieux de conserver leur influence sur les décideurs politiques.

Dans son viseur, entre autres, l’Institut Pasteur qui « prévoit presque tout et son contraire, histoire probablement de ratisser large et de ne pas être contredit ». Ou, encore, le Conseil scientifique, coopté « sans aucun contradictoire, sans aucune procédure officielle », note l’épidémiologiste, qui qualifie la stratégie du « tester-tracer-isoler » de « véritable chef-d’œuvre technocratique et idéologique », « une usine à gaz totalement inadaptée à ce virus qui finira, dépassée, au fond d’un tiroir du ministère, malgré les 8 000 agents mobilisés pour l’occasion » !

Sa notoriété a valu à Martin Blachier … une invitation à déjeuner avec Brigitte Macron. Elle lui a assuré que les alertes et les analyses qu’il a envoyées directement au président étaient lues avec attention et l’a encouragé à persister. Et c’est ainsi qu’il a pu ébranler – un peu – la forteresse sanitaire française.

Judith Waintraub pour Le Figaro Magazine.