Macron n’aime pas les Français …
et c’est pire pour les retraités !

Publié par le 8 Avr, 2022 dans Blog | 4 commentaires

Macron n’aime pas les Français … et c’est pire pour les retraités !

Au terme d’une campagne électorale qui n’a brillé ni par ni par sa qualité, ni par son intérêt, ni par l’imagination de la plupart de ceux qui veulent briguer nos suffrages, les 18 millions de retraités –  38% quand même du corps électoral! – sont appelés aux urnes.  

Mais du moins aujourd’hui les choses sont parfaitement claires puisque pendant le quinquennat qui s’achève,  ils  ont eu à faire face à l’hostilité attentive de l’Élysée.

Vous venez de lire l’introduction d’un article de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF) qui incite les retraités à réfléchir avant de glisser leur bulletin dans l’urne  :

Et même si dans les tout derniers jours, les candidats des partis qu’on appelle de gouvernement se sont avisés in extremis  de promettre le cœur sur la main l’imminente ré-indexation des pensions, les retraités savent parfaitement à quoi s’en tenir sur la crédibilité des uns et des autres, plus proches du reniement de Saint Pierre que du serment de Koufra. En effet, cela fait des décennies que tous les gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche s’acharnent contre les retraités en les excluant de toutes les enceintes où ils devraient siéger (I) et voici maintenant que, depuis plusieurs années, ils s’en prennent à leurs pensions qu’ils ne cessent de rogner sauvagement (II).

I – La ségrégation physique

 Pour trop de ces politiques, les retraités sont des moins que rien, des ilotes, des intouchables, dont ce n’est même pas la peine de recueillir, ni d’écouter les protestations. C’est pour cette raison qu’ils les chassent sans vergogne  de toutes les institutions  de la République et de la plupart des caisses de retraite où, pourtant,  pour tout observateur de bon sens, leur place s’impose En effet à l’inverse du contrat de travail qui induit des relations bilatérales entre le salarié et l’employeur, la retraite repose toute entière sur une base triangulaire qui ne se limite pas à  la  période d’activité où cotisent un salarié et un employeur, mais qui inclut en plus – et c’est la finalité même de l’institution – le salarié devenu retraité durant  une seconde période, celle-là d’inactivité. On ne peut donc logiquement pas construire les retraites en empêchant la représentation des retraités à parité avec celle des salariés représentés par  les syndicats et celle des  employeurs représenté par leurs organisations professionnelles. En clair, il s’agit que les retraités accèdent à la qualité officielle de partenaire social, qui leur est présentement refusée par le front uni des deux partenaires déjà en place, avec la collusion d’un Gouvernement qui ne veut rien entendre.

Or et ce n’est certes pas le fait du hasard, on ne compte aucun retraité élu ès qualités parmi les 175  membres du CESE, aucun parmi les 41 membres du Conseil d’Orientation des Retraites, aucun non plus parmi les 5 membres du Comité de Suivi des Retraites, aucun parmi les 20 administrateurs de la plus importante Caisse de retraite complémentaire, l’Agirc-Arrco.  Et pour bien montrer qu’il ne s’agit nullement d’un hasard ou d’une inadvertance, le projet macronien de réforme des retraites n’admettait lui non plus la présence d’aucun retraité au sein du Conseil d’Administration de la future Caisse de retraite qui se prétendait pourtant – et sans rire – Nationale et Universelle, alors qu’elle refusait la juste représentation de 18 millions de retraités, soit plus du quart du pays. Bref depuis la Libération, la France peut être fière d’avoir imposé à ses retraités le cadre sans cesse renforcé d’un apartheid social, en apposant sur les entrées de ses principales institutions et caisses de retraite un sorte d’hologramme discret: « République Française: interdit aux retraités et aux chiens ». Vous vous doutez bien que ce n’est pas par hasard que les salariés, les employeurs et l’État ne veulent surtout pas faire des retraités un vrai partenaire social, parce qu’il est infiniment plus facile:

– de taper tout le temps sur les retraites et de rogner les pensions, quand il n’y a personne pour les défendre;

– de se réserver entre deux partenaires les pouvoirs de la cogestion des caisses, fort bien rémunérée, plutôt que de devoir partager le pouvoir avec un troisième partenaire qui sera, en cas de partage entre salariés et employeurs, l’arbitre de la majorité et qui ne tolérera certainement pas les facilités, les dérives et la fraude qu’on observe actuellement;

– pour l’État enfin de promettre à Bruxelles une énergique réduction des pensions, qui conduira sans faillir nombre de retraités de la nécessité au dénuement, puis du dénuement à la misère, misère qu’on      ne connaît bien entendu pas dans les couloirs de la Commission.

Heureusement, une première lueur d’espoir vient de naître puisque le 30 novembre dernier, 28 députés – dont Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan parmi les candidats à l’élection présidentielle – ont pris l’initiative de faire enregistrer à la Présidence de l’Assemblée Nationale une proposition de loi N° 4729 radicalement nouvelle. En effet elle tend à faire enfin des retraités le troisième partenaire social de la Caisse Nationale d’Assurance-Vieillesse, avant d’annoncer pour l’avenir l’extension de la démarche à la Caisse Nationale d’Assurance-Maladie, au Conseil d’Orientation des Retraites,  au Comité de Suivi des Retraites et enfin au Conseil Économique, Social et Environnemental. Mais les retraités ne doivent pas uniquement se battre pour obtenir une représentation à la mesure de leur poids démographique dans la Nation, il leur faut dès maintenant sonner le tocsin contre les ravages d’une désindexation sauvage et récurrente, dont manifestement beaucoup n’ont pas encore perçu les perspectives ravageuses.

II – L’euthanasie financière

 En effet non contente de démembrer la personnalité du retraité qu’elle dépouille de ses éléments de citoyenneté  tenant à la fois à l’aspect  social, économique et environnemental, la « bande des trois » (les deux partenaires sociaux actuels + État) en veut également à son argent, plus précisément à ses  pensions qu’elle ne  cesse de réduire comme peau de chagrin. C’est ainsi que sur la durée du dernier mandat présidentiel, un décompte très prudent a permis de mettre en évidence une perte de pouvoir d’achat d’un peu plus de 5 % qui correspond à la perte définitive et irréversible de plus de 19 jours de pension, comme si dès le 13 décembre pointait l’avènement d’un nouveau mercredi des cendres et que les fêtes de Noël et de fin d’année étaient remplacées par un nouveau carême. Alors certes 19 jours de pension en moins sur une année qui en comporte 365, cela fait déjà beaucoup, mais réfléchissez:  ce n’est que sur cinq ans, alors que la durée moyenne d’une retraite tourne selon l’OCDE autour de 25 ans.

Donc il ne suffit nullement de pleurer sur ce que viennent de vous ôter les cinq dernières années, mais il faut vous interroger sur le coût total de ces mesures de désindexation ou de sur-taxation ciblée (hausse de la CSG), pour peu qu’elles accompagnent votre retraite entière. Naturellement ne comptez pas sur le Conseil d’Orientation des Retraites, ni sur le Comité de Suivi des Retraites pour vous éclairer, pas plus d’ailleurs que sur certain Secrétaire d’État en charge des retraites (une personne si discrète que j’ai oublié son nom,) pour vous alarmer: ce n’est évidemment pas leur rôle et ils préfèrent de loin masquer la progression sournoise de leurs forfaits  annuels,  afin que vous ne vous aperceviez du mal qu’une fois qu’il sera fait.

C’est pour cette raison que nous avons décidé de vous présenter en annexe un tableau inédit qui vous permettra de suivre année par année la détérioration progressive de votre pouvoir d’achat, selon que la désindexation courra sur un rythme annuel de 1, 2 ou 3 %, toutes hypothèses des plus raisonnables au regard de l’inflation qui repart. En plus nous avons tenu à vous présenter un calcul simple, puisqu’il résulte de l’application récurrente d’un multiplicateur constant :

  • de 0,99 (= 1,00 – 0,01) pour un taux annuel de désindexation de 1 %,
  • de 0,98 (=1,00-0,02) si ce taux monte à 2 %,
  • et de 0,97  (=1,00 -0,03) s’il atteint 3 %.

Mais ce qui très certainement vous surprendra le plus, c’est l’importance insoupçonnée de la perte cumulée que vous subirez sur les 25 années de la durée de votre retraite et dont bien peu d’entre vous ont la moindre idée.

En effet, sur ces 25 années de retraite, il faut vous attendre à perdre au total:

  • 2,78 annuités de pension si la désindexation court à 1 %,
  • 5,17 années de pension si la désindexation court à 2 %,
  • et 7,23 années si la désindexation court à 3 %.

Les pourcentages de perte (25 ans – total des équivalents annuels des pensions effectivement reçues/100) ne sont pas moins inquiétants:

  • 11,13 % pour la première hypothèse à 1 %,
  • 20,69 % pour la seconde hypothèse à 2 %,
  • 28,93 % pour la troisième hypothèse à 3 %.

Inutile de dire qu’avec des prévisions qui situent l’inflation 2022 entre 4 et 5%, la maison brûle.

D’ailleurs, si les retraités ne se réveillent pas dès maintenant et ne font pas du combat de la préservation de leur pouvoir d’achat l’un des enjeux majeurs des joutes à venir, ils peuvent dès maintenant songer aux petits boulots qu’il va leur falloir trouver lors de leur départ en retraite pour assurer un minimum de dignité à leurs vieux jours.

Conclusion, que faire ?

En face de cette situation, vous ne pouvez plus vous permettre de tergiverser. Au regard des élections à venir, il vous faut des assurances et des solides. La première:  que l’ensemble des retraités accédera  bien dans les tout prochains mois  au statut de partenaire social à part entière,  ce qui vous permettra de discuter de votre sort de plain pied avec les autres partenaires sociaux et avec l’État. Ensuite considérez sans barguigner comme des menteurs tous ceux (et toutes celles) qui vous promettent une nouvelle fois et sans autre précaution d’indexer vos pensions sur l’inflation (le Président Macron, qui vous a montré en 2017 tout son savoir-faire sur le sujet, vient de récidiver sans vergogne en vue du prochain quinquennat !). Et puisqu’eux ou leurs frères violent régulièrement et avec la bénédiction du Conseil constitutionnel, l’article L 161-25 du Code de la Sécurité sociale qui exige déjà cette indexation, ne croyez plus désormais que ceux et uniquement ceux qui vous promettent d’inscrire leur promesse dans la Constitution ! Vous verrez, il n’y en a pas beaucoup !

N’oubliez pas pourtant que c’est la politique toute entière du pays que votre vote va engager et que malgré son importance, il vous appartiendra de resituer la politique des retraites dans un ensemble qui la dépasse pour glisser dans l’urne le bulletin d’un citoyen vigilant, mais pas sectaire.

À vos prochains votes !

Thierry Benne pour l’IREF.

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4 Réponses à “Macron n’aime pas les Français …
et c’est pire pour les retraités !”

  1. C’est clair : ma retraite ayant diminué, je me posais des questions.
    Il semblerait que la CSG ait augmenté, même pour moi qui ait une petite retraite!

    Mais brizitte s’en fiche, hein.
    Elle mange du homard dans de la porcelaine de Sèvres, sous les Lumières de Versailles!

  2. Il faut voter E Zemmour.

    La chaine officielle de Zemmour
    https://www.youtube.com/channel/UCjTbZBXEw-gplUAnMXLYHpg

    • Non, je ne voterai pas Zemmour, vu que, s’il veut supprimer le pass sanitaire, il ne parle pas de supprimer le pass vaxxinal, ce qui correspond à ce qu’il avait proclamé au début de l’année, à savoir : « je suis vacciné et j’ai un pass et cela ne me gêne pas »)

      Au deuxième tour, pour moi, ce sera « tout sauf macron et pécresse… »

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