Des bienfaits de la logique floue en politique …

La logique floue, je suis certain que cela ne vous dit rien !

C’est une théorie formalisée par le mathématicien russe Lofti Zadeh en 1965 sous le nom de Fuzzy Logic.

La logique floue propose une alternative à la logique classique dite binaire. Dans cette dernière, on ne distingue que deux états : vrai et faux ou en numérique 0 et 1.

Dans mon activité d’ingénieur en électronique, je me suis intéressé à cette théorie à titre personnel. Je n’ai pas pu l’utiliser pratiquement dans mes projets mais je trouve son concept intéressant et j’y vois aujourd’hui un réel intérêt dans la politique.

Je me propose de vous présenter sommairement cette théorie pour ceux qui n’auraient pas déjà décroché à la lecture de mon introduction.

Voici un exemple très simple qui introduit parfaitement la logique floue.

Tentons de représenter la fonction « avoir de la fièvre » en logique binaire. On va dire qu’en dessous d’une certaine température un patient n’a pas de fièvre (la fonction vaut 0) et qu’au delà de cette température il en a (la fonction vaut 1). On a une figure en forme d’échelon.

Cela donne le diagramme suivant :

La logique binaire montre ici sa limite dès que l’on veut fixer une valeur à la température de transition (T⁰). Si l’on choisit par exemple 38°C, un patient qui a 37,9°C n’a pas la fièvre à l’inverse de celui qui a 38,1°C.

C’est là que la logique floue apporte une solution en proposant un diagramme plus progressif :

Un diagramme qui se lit ainsi :

• à 37°C ou en dessous, le patient n’a pas de fièvre (la fonction vaut zéro),
• à 38°C, la fonction vaut 0,5 et le patient a un peu de fièvre,
• à 39°C ou au delà, le patient est fiévreux (la fonction vaut 1),
• Entre 37°C et 39°C, la fonction croit linéairement de 0 à 1.

On voit tout de suite l’intérêt de la logique floue car on n’imagine pas qu’un médecin  ou qu’un algorithme de diagnostic prenne des décisions très différentes entre un patient qui à 37,9°C ou bien 38,1°C ! La logique floue, elle, donnera des valeurs de fonction évoluant de 0,45 à 0,55 !

Je m’arrête là dans cette courte présentation du principe de la logique floue. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, j’ai mis en ligne cette page web qui va plus loin …

Ce qu’il faut savoir c’est que le cerveau humain fonctionne en logique floue.

En voiture, vous appréciez les distances avec des notions floues comme « très proche, proche, loin, très loin » et quand vous freinez vous n’avez pas que deux positions à votre pédale. Vous savez moduler la pression sur la pédale en fonction de la situation.

Mais vous allez me dire : quel rapport avec la politique ?

Et bien, il y en a un ! Le rapprochement m’est finalement venu en entendant des interviews d’Henri Guaino sur la situation géopolitique créée par l’invasion de l’Ukraine.

J’ai relayé un article passionnant publié par Henri Guaino :

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules

Ce sont d’ailleurs les réactions outragées des médias et de certains politiques qui ont hurlé à la poutinomania d’Henri Guaino qui ont inspiré cet article. Sous prétexte qu’Henri Guaino analyse la situation en observant de l’extérieur les responsabilités partagées de la Russie et de l’Otan dans le déclenchement de cette guerre, il a été conspué.

Nos sociétés occidentales ne sont plus guidées par la géopolitique mais par la morale. Et la morale, le plus souvent se décline en logique binaire. Il y a le Bien et le Mal !

Les politiques et les médias ont oublié le sens même de certaines expressions ou certains principes qui ont pourtant fait leur preuve :

• « Peser le pour et le contre »,
• « Faire la part des choses »,
• « Thèse, antithèse, synthèse ».

Toutes ces choses qui faisaient la richesse de nos savants, de nos diplomates et des grands auteurs français d’antan !

Aujourd’hui, on applique sans réfléchir un jugement moral sur un acte ou un événement, et puis on s’y tient ! Une fois qu’on a désigné le coupable, il devient impossible à quiconque de faire valoir un argument qui pourrait en quoi que ce soir expliquer – même sans l’excuser – l’acte de celui qui porte désormais le masque du Mal.

Premier exemple : l’Ukraine !

Poutine envahit l’Ukraine. Il est l’agresseur, il est le mal et doit être combattu comme tel !

La moindre remarque qui pourrait expliquer son geste sans l’excuser vous range dans le clan des pro-Poutine !

Par exemple, ne dites pas :

• Mais le gouvernement d’Ukraine bombarde les populations russophones du Donbass depuis 8 ans sans que l’Occident et l’Otan n’y ai trouvé à redire.
• Mais depuis l’écroulement de l’URSS et le démantèlement du pacte de Varsovie, l’Otan n’a cessé d’avancer vers l’Est.
• Les USA accepteraient-ils que la Russie installe des missiles au Mexique près de la frontière américaine ?

Toutes ces remarques devraient au minimum être prises en compte « pour faire la part des choses ». Ne devrait-on pas « peser le pour et le contre » avant de prendre des mesures qui risquent de déclencher une guerre mondiale, donc nucléaire ?

Non seulement, les USA imposent la logique binaire de la morale mais en plus il exige de définir eux-mêmes et seuls cette morale. Une morale qui, à l’évidence, est à géométrie variable.

Qui se mobilise pour la guerre au Yemen menée par les alliés saoudiens des USA ? Les Yéménites ne valent-ils pas autant que les Ukrainiens ?

Second exemple : la vaccination contre le covid

Pour ne pas être trop long, je vous laisse mesurer la scandaleuse binarité qui a conduit la politique sanitaire du gouvernement :

• La chloroquine, c’est le Mal. Le vaccin c’est le Bien,
• Jean-François Delfraissy, c’est le Bien, Didier Raoult, c’est le diable !

Floue, la politique sanitaire l’a été, c’est certain ! Mais sans aucune logique ! Sur les masques, sur les tests, sur les variants, sur les doses, une, deux, puis trois, puis quatre doses … en attendant la vaccination contre la variole du singe !

En conclusion …

Non, la logique binaire est incapable de modéliser les situations et les problèmes contemporains.

Oui, la logique floue est bien mieux adaptée à la modélisation de la complexité du monde.

Mais au fond, cette logique floue n’est-elle pas juste plus conforme au simple bon sens. Nous avons tous vérifié dans nos vies que dans les conflits rien n’est jamais noir ou blanc mais dans toutes les nuances de gris …

Les médias portent, là encore, une énorme responsabilité dans la sur-simplification des situations politiques. C’est bien souvent eux qui disent le Bien et le Mal …

… en plus en toute subjectivité !

PS : j’espère ne pas vous avoir barbé avec ma théorie fumeuse. Mais si vous lisez cette phrase, c’est que vous n’avez pas zappé plus haut ! Merci à vous !

Pour me faire pardonner, je vous propose une petite devinette qui montre que la diplomatie et l’amour se modélisent mieux en logique floue :

Quelle est la différence entre un diplomate et une femme du monde ?

Quand un diplomate dit oui, ça veut dire peut-être,
Quand il dit peut-être, ça veut dire non,
Et s’il dit non, alors ça n’est pas un diplomate !

La femme du monde, c’est l’inverse !

Quand une femme du monde dit non, ça veut dire peut-être,
Quand elle dit peut-être, ça veut dire oui,
Et si elle dit oui, alors ça n’est pas une femme du monde !

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