Après deux précédents articles sur le wokisme :
– Un Occident en totale décadence …
– La guerre contre le wokisme a commencé
J’aimerais partager ici un grand dossier du Figaro qui décrit la véritable sécession culturelle qui se produit actuellement aux Etats-Unis.
Entre les Démocrates et les Républicains, depuis l’élection de Donald Trump puis la victoire contestée de Joe Biden, c’est une véritable guerre qui est déclarée. Une guerre purement idéologique qui oppose en fait les conservateurs aux progressistes sur les sujets principalement sociétaux (avortement, homosexualité, identité de genre, armes).
Au quotidien, on assiste à une véritable migration de nombreux Américains qui changent d’Etat pour gagner un Etat favorable à leurs opinions, notamment sur le sujet brûlant de l’avortement.
Je me propose de découper le consistant dossier du Figaro en trois articles.
Voici le premier d’entre eux :
Port d’armes, wokisme, avortement, racisme, covid:
les États-Unis à l’heure de la grande fracture
Une fracture politique profonde se creuse aux États-Unis. Sur l’avortement, les armes à feu, les nouvelles théories du genre, de la sexualité ou de la race, l’immigration, le port du masque ou l’écologie, conservateurs et progressistes ont pratiquement cessé de débattre. Chaque question n’est qu’un sujet supplémentaire de discorde entre deux Amérique qui s’éloignent de plus en plus l’une de l’autre.
L’une est formée par les États gouvernés par le Parti républicain, concentrés dans le Sud, le Midwest et les Rocheuses. L’autre par ceux dirigés par les démocrates, qui forment deux blocs, sur la côte Pacifique et dans le Nord-Est, sur l’Atlantique. À cette division s’ajoute, à l’intérieur de presque chaque État, celle qui sépare les grandes métropoles des campagnes et petites villes.
Plus que des désaccords sur des politiques, l’Amérique se divise à présent sur des questions d’ordres éthique, culturel, philosophique
Ces deux blocs observent des lois de plus en plus différentes, ou refusent d’appliquer celles de l’État fédéral qui ne leur conviennent pas. Leurs trajectoires divergentes dessinent la carte de deux pays de plus en plus en plus distincts, qui s’opposent dans ce qui ressemble à un grand mouvement de sécession culturelle.
La plus ancienne démocratie contemporaine a déjà traversé des crises profondes. Les tensions entre le pouvoir fédéral et les États ont nourri l’histoire américaine. Le nom même des États-Unis et la devise nationale choisie lors de l’indépendance – «E pluribus unum», un à partir de plusieurs – ont été parfois mis en péril, allant même au XIXesiècle jusqu’à la guerre civile. Mais ces troubles semblaient avoir été dépassés. Depuis les années 1960, les différences politiques étaient allées en diminuant. Les couleurs associées aux deux principaux partis, le rouge pour les républicains et le bleu pour les démocrates, attribuées par la télévision à l’inverse de l’usage en vigueur dans le reste du monde, évoquaient plus deux équipes rivales que des adversaires implacables.
Deux tribus hostiles
Chaque camp se caractérisait surtout par ses habitudes un peu folkloriques. D’un côté l’Amérique rouge, plutôt rurale, qui roule en pick-up, boit de la bière, mange de la viande rouge, suit les courses automobiles du Nascar et regarde Fox News. De l’autre, l’Amérique bleue, plutôt urbaine, qui roule en Volvo ou en Tesla, boit du vin blanc, regarde les matchs de la National Basketball Association et lit le New York Times ou écoute la radio publique NPR. Mais les deux pays se rejoignaient sur l’essentiel. Pendant la fête nationale, le 4 Juillet, devant la finale du Superbowl et autour de la dinde de Thanksgiving, les différends étaient oubliés. Républicains et démocrates partageaient des valeurs extrêmement proches. Un attachement commun à l’économie de marché, une foi solide dans les États-Unis et un culte quasi religieux voué à leur Constitution. Chaque élection était âprement disputée, mais plutôt comme un match où le vaincu faisait bonne figure jusqu’à sa revanche.
Les deux partis ressemblent aujourd’hui à deux tribus hostiles. Depuis quelques années, la polarisation du débat politique a atteint un niveau qui rappelle par certains aspects le climat des années 1850, quand la question de l’esclavage avait menacé l’union du pays. Plus que des désaccords sur des politiques, l’Amérique se divise à présent sur des questions d’ordres éthique, culturel, philosophique. Les deux camps ne se comprennent plus, ne se parlent presque plus, et ne partagent plus grand-chose, y compris les faits.
Si ses racines sont plus profondes, cette division a été amplifiée et accélérée récemment par trois phénomènes presque simultanés. L’élection de Donald Trump, en 2016, a poussé à son paroxysme l’esprit partisan et scindé la société américaine. Adulé par les uns, suscitant la révulsion chez les autres, l’intéressé reconnaît lui-même qu’il a le don de «faire surgir la rage». Cet effet a culminé au cours des derniers mois de son mandat, quand son refus d’accepter les règles du jeu démocratique et de concéder sa défaite ont entamé la crédibilité du système électoral, frisant le coup d’État.
Les réseaux sociaux, qui ont depuis longtemps réalisé que leurs profits augmentaient avec la discorde, ont contribué par leurs algorithmes à chauffer à blanc l’opinion sur tous les sujets possibles. Mais les chaînes d’information continue, Fox pour les conservateurs, CNN pour les progressistes, les avaient précédés. Ces télévisions d’opinion sans nuances alimentent quotidiennement le rejet sans concession de l’adversaire dans des polémiques sans fin.
La pandémie de Covid-19 a aggravé cette polarisation, en la poussant parfois jusqu’à l’hystérie. Le débat scientifique a été vite remplacé par l’affrontement politique. Des mesures de santé publique, comme le port du masque ou la vaccination, sont devenues des sujets de dispute entre les républicains, qui dénoncent le recul des libertés et un totalitarisme sanitaire rampant, et les démocrates qui voient, dans leur refus un laxisme imprudent et une démagogie presque criminelle.
A suivre …
Adrien Jaulmes pour Le Figaro.
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Une réponse à “Etats-Unis : la grande fracture idéologique (1/3)”
Honnêtement, ce qui se passe aux E-U m’indiffère totalement. Si nous étions encore une civilisation digne de son nom, forgeant elle même sa pensée et ses codes, nous n’aurions pas besoin de produits d’importation dont les problématiques ne nous concernent pas à cause d’une histoire et d’un ressenti différent.