Voici la quatrième partie de l’analyse proposée par Michel Geoffroy et publiée sur le site de Polemia (partie 1 ici, partie 2 ici et partie 3 là):
La France de Macron,
une dictature post-démocratique
Les élections ne sont pas interdites :
elles sont inutiles !
Revenons à Raphaël Enthoven.
Certes Emmanuel Macron n’a pas supprimé les élections. Mais l’ordre post-démocratique qu’il représente les a rendues inutiles puisqu’elles restent sans effet sur le cours des choses.
Les élections ne servent plus à rien puisque les gouvernants obéissent non plus aux électeurs mais à l’oligarchie qui se réunit à Davos. Et qu’ils conduisent la même politique quel que soit le parti élu.
Les manifestations ne sont pas interdites, mais elles n’ont aucune influence sur le pouvoir lorsqu’elles vont à rebours de l’idéologie du système. Qu’on se souvienne du « grand débat national » ou des cahiers de doléances censés répondre aux attentes des Gilets jaunes : pour quel résultat concret ? Aucun.
Les élections deviennent inutiles dès lors que les gouvernants et les législateurs ont perdu les moyens de garantir le bien commun, en abdiquant l’essentiel de leurs pouvoirs à la BCE, à la Commission européenne, à l’OTAN, aux banques, aux grandes entreprises et aux juges. C’est pourquoi l’abstention électorale progresse.
C’est pourquoi aussi le concept de « majorité » parlementaire ou présidentielle ne correspond plus à rien de nos jours : LREM ne représente plus, depuis les élections régionales, que 10 % du corps électoral en France. Ce qui ne l’empêche pas de faire la loi au Parlement ! Et Emmanuel Macron lui-même doit plus son élection présidentielle de 2017 au parquet national financier et aux médias qu’au choix populaire.
La privatisation de la dictature
Les défenseurs attitrés de la république macronienne ont beau jeu de vanter le caractère libéral de nos institutions ou le fait que l’état de droit limiterait la malévolence [6] de l’Etat, selon le vieux credo libéral.
Mais, ce faisant, ils passent sous silence que la restriction des libertés provient de nos jours beaucoup plus, et de façon croissante, des grandes entreprises privées, des associations et des ONG que de l’État.
Les GAFAM, alors qu’Internet est devenu incontournable [7], n’hésitent plus à censurer les dissidents, voire les présidents qui leur déplaisent. Ce qui s’est passé lors de l’élection présidentielle américaine en 2020 marque sur ce plan un tournant important pour l’analyse du phénomène dictatorial en Occident. En France, Facebook et Twitter censurent allègrement les opposants à la macronie, mais beaucoup moins les islamistes !
De même, de nombreuses entreprises prennent de plus en plus ouvertement des postures politiques, sous prétexte de respecter leurs « chartes des valeurs », lesquelles déclinent à l’infini, par un heureux hasard, le politiquement correct. Et ajoutent à la précarité économique la répression politique.
Rappelons-nous ces entreprises [8] ayant décidé de boycotter toute publicité sur CNews – donc de discriminer – sous prétexte que cette chaîne donnait la parole à Éric Zemmour. Rappelons-nous ces dirigeants d’entreprise faisant profession d’antiracisme, de diversité ou d’écologie dans les médias, donc devenant prescripteurs idéologiques, pour avoir le droit… de licencier les autochtones en toute liberté. Rappelons-nous, aussi, les interdits professionnels de fait qui se développent en toute impunité à l’encontre des militants identitaires, du Rassemblement national, voire à l’encontre de leurs salariés se réclamant des Gilets jaunes et demain bien sûr ne se faisant pas vacciner.
Pensons aussi à cette myriade d’associations, subventionnées par le contribuable, qui traquent les propos incorrects et désignent les dissidents à la vindicte médiatique et judiciaire. Et aux ONG qui encouragent l’immigration illégale.
Contrairement à ce que certains affirment, le nouveau capitalisme libéral et mondialisé n’est en effet nullement axiomatiquement neutre comme au temps du « laisser faire, laisser passer » ; au contraire il ne cesse d’imposer de nouveaux dogmes, de nouveaux tabous qui correspondent à ses intérêts : sans-frontiérisme, déconstruction culturelle, culte de la diversité, féminisme puritain, écologie punitive, etc.
En d’autres termes, l’État a privatisé la censure et la restriction des libertés, il a privatisé la dictature, tout comme il confie aux commerçants la charge de contrôler les passes sanitaires !
Mais cela ne change rien au fait que les libertés se réduisent, bien au contraire, puisque ces censures privées ne sont susceptibles de quasiment aucun recours.
Michel Geoffroy pour Polemia.
[6] Malévolence : désir de faire du mal (cf malveillance)
[7] Selon une récente étude, les Français passeraient un tiers de leur temps sur Internet…
[8] Ferrero, Decathlon, Maif, Groupama, Monabanq, Maaf, PSA, Maître Coq, Lipton, Aramisauto, Autosphere, Atlantic, BlaBlaCar, Direct Assurance, Leboncoin, Société générale, Skoda, Solocal, l’Institut Pasteur, Volkswagen, Novotel.
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2 Réponses à “La démocratie a t-elle dérivé vers une dictature douce ? (4)”
Les élections ne servent plus à rien puisque les gouvernants obéissent non plus aux électeurs mais à l’oligarchie qui se réunit à Davos. Et qu’ils conduisent la même politique quel que soit le parti élu.
Les manifestations ne sont pas interdites, mais elles n’ont aucune influence sur le pouvoir lorsqu’elles vont à rebours de l’idéologie du système. Qu’on se souvienne du « grand débat national » ou des cahiers de doléances censés répondre aux attentes des Gilets jaunes : pour quel résultat concret ? Aucun.
Les élections deviennent inutiles dès lors que les gouvernants et les législateurs ont perdu les moyens de garantir le bien commun, en abdiquant l’essentiel de leurs pouvoirs à la BCE, à la Commission européenne, à l’OTAN, aux banques, aux grandes entreprises et aux juges. C’est pourquoi l’abstention électorale progresse.
Contrairement à ce que certains affirment, le nouveau capitalisme libéral et mondialisé n’est en effet nullement axiomatiquement neutre comme au temps du « laisser faire, laisser passer » ; au contraire il ne cesse d’imposer de nouveaux dogmes, de nouveaux tabous qui correspondent à ses intérêts : sans-frontiérisme, déconstruction culturelle, culte de la diversité, féminisme puritain, écologie punitive, etc.
En d’autres termes, l’État a privatisé la censure et la restriction des libertés, il a privatisé la dictature, tout comme il confie aux commerçants la charge de contrôler les passes sanitaires !