Le système de retraite par répartition consiste à financer les pensions des retraités par les cotisations des actifs.
Dans un tel système, même le plus demeuré des citoyens – même ceux votant pour la Nupes – comprend que, si on ne veut pas que le montant des cotisations explose, il faut faire en sorte d’avoir le plus possible d’actifs par retraité.
Dans les années 60, il y avait 4 actifs pour un retraité. Aujourd’hui il n’y en a plus que 1,7 et dans quelques années ce nombre tombera à 1,5 !
Ceci étant établi, par quel miracle, dans un débat sur le système de retraite par répartition, n’aborde t-on pas le sujet de la natalité ?
Ce miracle s’appelle l’idéologie progressiste !
Elle a été parfaitement résumée par Sandrine Rousseau :
Lâchez nos utérus ! Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement de votre réforme des retraites !
Et un proche de Macron a défini sa philosophie sur le sujet par ces mots :
L’idée d’une politique familiale assumée, ce n’est pas dans le logiciel du chef de l’État : Cela donne l’impression de réduire les femmes à un rôle de mère, c’est pas notre truc.
Il y a une énorme hypocrisie par tous les débatteurs actuels sur le réforme des retraites :
On ne peut pas refuser de relancer la natalité sans introduire une part de capitalisation dans le système de financement des retraites !
Tout le monde le sait mais personne n’en parle !
A gauche, cette hypocrisie est sous-tendue par le choix de courte vue et irresponsable de remplacer les bébés par des immigrés !
Voici un article de La Sélection du Jour qui nous explique pourquoi, en France, la natalité a si mauvaise presse :
Réforme des retraites : et si on rajeunissait la France ?
Faut-il avoir des enfants pour sauver les retraites ? À cette question, il y a deux réponses, arithmétique et politique. Les chiffres sont connus : on compte aujourd’hui 1,7 actif pour un retraité ; il y en aura 1,2 seulement en 2070, selon le Conseil d’orientation des retraites (Cor). On le sait aussi depuis longtemps : le taux de fécondité – 1,83 enfant par femme – se trouve en dessous du seuil de renouvellement des générations. Bien qu’elle figure en tête de l’UE (où la moyenne s’établit à 1,5), la France ne préside qu’un cortège funèbre, où dans l’hiver démographique, s’éteignent en premier les pays méditerranéens de culture catholique comme l’Italie (1,19), l’Espagne (1,34) et Malte (1,19).
Pourquoi ne pas réagir par une politique nataliste ? Si le système par répartition est un pilier de la solidarité, comme le disent tous les gouvernements, pourquoi ne pas miser sur le développement durable de la dynamique familiale ? Ici, la réponse devient politique et tient en trois points :
Le premier relève du psychisme : la natalité rappelle la puissance vitale et destructrice du nazisme, qui fut d’abord un mouvement de jeunesse. Ce passif nous condamne au passé. Tuée dans sa tête, l’Europe se sent appelée à disparaître au profit de principe abstrait que l’UE est justement là pour faire appliquer contre toute volonté européenne de se définir par ses origines, par toute forme d’essence.
Le deuxième fait de la natalité un sujet interdit car il est porté par la droite et qu’il est donc frappé d’illégitimité morale. Seul un spectre « LRN » en parle. Éric Ciotti, président des Républicains, dit que « l’évolution démographique constitue, à terme, la première source de déséquilibre du régime des retraites ». Bruno Retailleau, son alter ego LR au Sénat, affirme que « l’impensé du gouvernement pour cette réforme des retraites est la politique familiale ». Jordan Bardella fait chorus : le président du RN répète que la pérennité du système de retraites passe par « deux leviers : la natalité, avec une grande politique nataliste, et la productivité ».
À gauche, on se méfie d’autant plus du sujet que la droite, adepte à sa manière de la convergence des luttes, cherche à le relier à l’immigration. Ainsi, dans Libération, un billet de Jonathan Bouchet-Petersen désigne la natalité comme « le cache-sexe de l’obsession xénophobe du RN ». Dans deux amendements, ce parti avait demandé la part fiscale pleine pour le deuxième enfant ainsi que des allocations familiales réservées aux Français (ou aux personnes ayant travaillé cinq ans en France). En septembre à l’Assemblée, le RN avait même fait la totale avec une proposition de résolution inspirée de la Hongrie et de la Pologne pour « déclarer la natalité française « Grande cause nationale 2024 » face à une « immigration de peuplement » ». Le sujet risque de rebondir lors du débat autour du projet de loi immigration, à partir du 28 mars au Sénat.
Le troisième point associe la natalité en berne à la « « déconstruction sociale« que notre société subit ». Dans Causeur, une tribune de Ludovine de la Rochère déclenche l’ « alerte rouge sur les naissances ». La présidente de La Manif pour Tous fustige les choix politiques du hollandisme, en particulier « les conditions nouvelles accolées au congé parental » qualifiées de « catastrophe » mais déplore aussi « l’idéologie woke, l’écologie millénariste, (…) une forme de dépression collective incitant les jeunes à renoncer à la famille ». Un certain extrémisme sociétal, surtout importé des États-Unis, tarit les forces vives du Vieux continent.
Pour ces trois raisons, la natalité a mauvaise presse. Est-ce irrémédiable ? Non, si la raison prévalait sur les passions et si on voyait plus large, comme le fait l‘enquête du Monde sur « le vieillissement de la population ». Le journal reconnaît que le sujet « dépasse de loin le problème des retraites ». Le vieillissement signifie « explosion de la dépendance », qualifiée de « défi majeur », mais aussi « pénurie de main-d’œuvre et épargne bloquée » sans oublier un risque déflationniste et une transmission du patrimoine au ralenti, etc. L’unanimisme et la largeur de vue des experts contraste avec l’infantilisme de postures politiciennes. Citons seulement celle de Sandrine Rousseau, député écologiste, arguant à l’Assemblée que « nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement de la réforme des retraites »…
« Car, mathématiquement, indique Le Monde, plus un pays vieillit, plus la population en âge de travailler diminue, plus la croissance potentielle ralentit. » D’ici 2030, pour 760 000 postes à pourvoir en moyenne chaque année, seuls 640 000 jeunes entreront sur le marché du travail. « Dans certains secteurs, on bat le rappel des retraités pour combler les trous dans les plannings », précise Dorian Roucher de la Dares (direction statistique du ministère du travail). « Ce bricolage ne peut tenir lieu de politique à long terme », ajoute-t-il.
Avec 723 000 naissance en 2022 en France, au plus bas depuis 1946, il n’est plus urgent d’attendre.
Louis Daufresne pour La Sélection du Jour.
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