Oui, bravo Laurent Wauquiez !
Car il faut un certain courage pour aller sur une chaine de gauche, dans une émission animée par des « journalistes » militantes de gauche. En plus, tu savais qu’on allait te tendre des traquenards …
Depuis des semaines, tu avais essuyé, depuis ta pourtant brillante élection à la tête des Républicains, un véritable tir de barrage de la presse, tel une préparation d’artillerie avant ton émission. Il fallait t’affaiblir au maximum, de façon à ce que cette émission puisse te donner le coup de grâce médiatique …
Pendant deux mois les médias t’ont pilonné et juste avant ton émission, Ils ont sorti un sondage mauvais pour ton image.
Mais la stratégie montée contre toi a fait long feu car les arguments que t’ont servis tes interlocuteurs durant l’émission – Alain Minc et Benjamin Griveaux – avaient déjà été usés jusqu’à la corde par les bombardements médiatiques précédents.
Le principal argument contre toi était ton supposé manque de sincérité sous prétexte que depuis ton début en politique, ton positionnement politique aurait varié. Ah, si tu t’étais gauchisé au fil du temps, ces journalistes auraient applaudi mais – horreur – tu t’es droitisé et c’est insupportable à leurs yeux !
Tu n’as pourtant que suivi cette maxime célèbre :
« Celui qui n’est pas socialiste à vingt ans n’a pas de cœur ;
celui qui est socialiste à quarante n’a pas de tête »
Pour répondre à ce soupçon d’insincérité, tu as magnifiquement répondu à Alain Minc qui pensait te mettre K-O. à la première reprise :
Monsieur Minc, vous évoquez des échanges qu’on a pu avoir quand j’avais 28 ans. Nous sommes 14 ans plus tard !
- Vous n’avez pas vu la France changer autour de vous ?
- Vous n’avez pas vu le terrorisme monter ?
- Vous n’avez pas vu les problématiques de l’intégration se durcir ?
- Vous n’avez pas vu, vous qui êtes un apôtre de la mondialisation, la détresse des classes moyennes et leur paupérisation ?
- Vous n’avez pas compris ce qui s’est passé en Allemagne, avec le vote sur Angela Merkel ?
- Vous n’avez pas regardé ce qui s’est passé sur le brexit ?
- Vous n’avez pas vu ce qui s’est passé aux Etats-Unis ?
Oui, monsieur Minc, j’ai fait un choix et ce choix je l’assume ! C’est de me remettre en question.
Mais vous avez raison. J’ai eu la chance de faire les grandes écoles de la République, et j’en suis fier ! Mais j’en connais aussi les limites. J’en connais les contours de sa pensée unique ! Je sais aussi la façon dont elle formate les esprits ! Et j’ai fait le choix de me libérer ! Et l’homme qui est devant vous, effectivement, est quelqu’un qui est passé au travers de l’épreuve du terrain, de la Haute-Loire, de ce que j’ai vu d’une société française que j’aime et dont il m’a semblé qu’elle perdait progressivement ses repères. Et bien, ce que je défends, c’est cette idée pour moi très simple que je ne crois pas qu’on construira la réussite de la France en tournant le dos à toutes les valeurs et tous les repères qui nous ont construits.
Et ma différence fondamentale avec Emmanuel Macron, c’est que je pense que, pour lui, la France doit sauter dans le train de la mondialisation. Tant mieux pour ceux qui réussissent ! Tant pis pour ceux qui restent à quai ! Et quitte à ce que la France se renie pour s’adapter à cette mondialisation. Moi ce que je crois, c’est que, pour que la France retrouve un avenir, elle doit retrouver ce qu’elle était : un pays qui croit au travail, un pays qui croit à la laïcité, un pays qui croit à l’intégration républicaine.
Je crains, monsieur Minc, que mon cas ne soit encore plus grave que ce que vous pensez ! Ce n’est pas une stratégie politique. Ce sont des convictions ! Des convictions profondes !
Vous savez, monsieur Minc, quand vous expliquez qu’écouter les gens, essayer de faire l’effort de comprendre ce qui se passe dans le pays, […] et que vous qualifiez ça de populisme, je pense que, précisément, toute l’errance actuelle dans laquelle sont toutes les démocraties européennes, c’est qu’elles n’ont pas suffisamment écouté ce que leur disaient leurs habitants.
Magistral ! Non ? Tu en as profité pour tuer ce lamentable reproche que l’on te fait souvent : « Vous critiquez les élites mais vous êtes vous-même le produit de cet élitisme français ! » Comme si chaque homme, malgré son miliei ou son éducation n’était pas capable de réfléchir par lui-même et de refuser le formatage qu’on voudrait lui imposer …
Pour le reste de l’émission …
Pour le reste, nous avons assisté à une caricature de débat.
Je n’ai rien à dire sur la prestation de monsieur Lenglet, toujours égal à lui-même.
Ce fut ensuite un long échange avec une intellectuelle musulmane franco-marocaine qui contesta le fait, cher Laurent, que tu aies parlé d’une sourate du Coran à la place d’un verset. Personne n’y a rien compris mais on a bien vu l’universitaire sous-entendre que la société française (à cause, donc, de son racisme) était en partie responsable du développement de l’intégrisme dans les quartiers dits « sensibles ». Mais, cher Laurent, tu as rejeté fermement cette accusation trop facile.
Mais le clou de la soirée fut l’intervention d’une lesbienne mariée à une femme qui a eu un enfant par PMA. Grâce à la loi Taubira, elle a pu épouser sa compagne et surtout pu bénéficier de l’adoption plénière de l’enfant de sa compagne, type d’adoption que tu contestes, cher Laurent. Nous avons tous sorti les mouchoirs quand cette femme nous a expliqué qu’elle élevait son enfant adopté avec beaucoup d’amour et que, contrairement à ce que tu disais, Laurent, elle donnait bien des repères à son enfant. Elle lui parle de ses grands parents et de toute la famille …
A l’évidence, France2, en faisant témoigner cette lesbienne, qui nous a brossé un tableau idyllique de cette famille, visait à stigmatiser ta position. Tu lui as très bien répondu, Laurent, en saluant son rôle de mère mais en élevant le débat au niveau politique en évoquant les problèmes d’éthique et de respect des droits de l’enfant.
La même stratégie a été utilisée par la chaine en t’entrainant dans un refuge pour migrants où tout se passait « merveilleusement bien ». Les intervenants ont essayé de montrer ton incohérence entre ta revendication des racines chrétiennes de la France et ton refus d’accueillir plus de migrants au mépris des préceptes de la religion catholique. Là encore, tu as su élever le débat et faire la part des choses entre les demandeurs d’asile et les migrants économiques.
Quant au débat avec Benjamin Griveaux, il me semble que tu as su démontrer, grâce à un exemple pratique, que la politique de Macron favorisait les Français les plus aisés (42 % des exonérations d’impôts bénéficieront seulement aux 5 % des Français les plus riches !) au détriment des retraités modestes (1 000 € de retraite).
En résumé
Oui, vraiment bravo Laurent. Tu as su ne rien lâcher sur tes positions politiques que tu as exprimées sans outrances mais de manière très claire ! Je pense que beaucoup de Français auront été sensibles à tes arguments et à cette totale absence de langue de bois qui rafraîchit un peu la politique française.
La route est longue vers la reconstruction de la droite que tu as promis mais une étape importante a été franchie. Le lynchage médiatique dont tu as fait l’objet, et qui nous rappelle celui contre Nicolas Sarkozy, et cette embuscade sur le « service public » auront fait long feu.
Bon courage à toi ! Et surtout ne dévie pas de ta ligne !
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