Juliette Armanet … Juliette qui ?

Publié par le 14 Août, 2023 dans Blog | 5 commentaires

Juliette Armanet … Juliette qui ?

Certes, je ne m’intéresse plus beaucoup à la chanson française tant les musiques m’en paraissent sans saveur, sans odeur. Je préfère ne pas parler des paroles !

Et donc, j’avoue que je n’avais jamais entendu le nom de Juliette Armanet qui, parait-il, serait une chanteuse française …

J’en ai donc entendu parler à propos de sa diatribe contre la chanson de Michel Sardou : Les lacs du Connemara.

Selon, cet « espoir de la chanson française », ce serait une chanson « scout, sectaire, et de droite ! Y’a rien qui va ! »

Arnaud Florac, dans Boulevard Voltaire, juge sévèrement, les propos de la chanteuse :

 

Juliette Armanet : pourquoi tant de dégoût
pour « Les Lacs du Connemara » ?

Certains lecteurs de BV ne connaissent peut-être pas Juliette Armanet, et c’est objectivement dommage, soit dit sans ironie. C’est une des chanteuses contemporaines les plus talentueuses du paysage musical français. Elle a une voix juste et pure, avec un grain immédiatement reconnaissable et une manière d’articuler que l’on peut trouver précieuse – ou élégante, c’est selon. Elle compose elle-même ses chansons (paroles et musique), avec des progressions harmoniques parfois volontairement kitsch, parfois bien trouvées, et des textes intelligents. On la compare parfois à Véronique Sanson, pour qui elle confesse son admiration et avec qui elle a enregistré une mémorable version d’« Une nuit sur mon épaule ».

Interrogée par la télévision belge francophone RTBF, la chanteuse a répondu à une question plutôt rigolote, quoique pas posée dans un français très rigoureusement construit :

C’est quoi, les trois titres où, si tu rentres dans une pièce et il y a ça dans la soirée, c’est un non, tu rentres pas ?

En français classique :

Quels sont les trois titres qui t’empêcheraient (mieux : « qui vous empêcheraient », mais on ne va pas chipoter) d’entrer dans une soirée si tu les entendais ?

Réponse de Juliette Armanet : « Trois fois Les Lacs du Connemara. » Et de préciser : « C’est une chanson qui me dégoûte profondément. » Invitée par le présentateur à affiner un propos un petit peu sommaire (on en conviendra), elle explique que c’est le côté « scout » et « sectaire » du tube de Sardou qui la révulse à ce point. Son intervieweur, lui, est sur un autre registre. Il ne comprend pas où elle veut en venir. Lui pense au côté « on se prend tous par les bras » d’une chanson qui « pue la transpi ». Il n’y est pas tout à fait : Juliette Armanet est dans le combat esthético-politique (n’est-ce pas tout un ?). Outre le côté scout et sectaire, elle trouve la musique « immonde » et conclut, « et c’est de droite. Y a rien qui va. »

Que dire ? La chanson de Sardou n’a rien de scout. Elle parle de catholicisme, c’est sûr, mais après tout, quand on évoque l’Histoire de l’Irlande, ce n’est pas complètement débile. Juliette Armanet hait-elle le scoutisme ? C’est possible, mais elle est hors sujet dans ce cas précis. Sectaire ? Si on parle de musique, alors oui, c’est plutôt une chanson occidentale, mais les chansons de Juliette Armanet elles-mêmes sont construites avec le clavier tempéré de la musique occidentale. Elle ne sont ni pentatoniques ni modulées en quarts de ton. La chanteuse fait simplement de la bonne pop, un peu années 80, avec des orchestrations vitaminées d’aujourd’hui, ou des ballades classiques. Pas de quoi la ramener. Immonde ? Merci pour le poème symphonique de Paul Dukas (L’Apprenti sorcier, inspiré d’un poème de Goethe, composé en 1897), popularisé par le personnage de Mickey dans Fantasia, morceau auquel la musique de Jacques Revaux emprunte de larges mesures. Ces allers-retours entre classique et variété sont courants par ailleurs (voir Gainsbourg avec le refrain d’« Initials BB » volé à la Symphonie Du Nouveau Monde de Dvorak), mais apparemment, ce n’est pas encore assez bien.

En fait, la clé est à la fin, comme les pointes des sonnets classiques. « C’est de droite. Y a rien qui va » : ça veut dire que la musique ne lui plaît pas et que les paroles lui semblent poussiéreuses, traditionnelles, vieille France (tout ça pouvant sans doute être résumé par l’adjectif « scout ») – mais, surtout, que tout ça est au service d’une idéologie horrible. Pensez donc, la droite… C’est ça, le fond du problème. Il y a des chansons très à droite, chez Sardou (« Je suis pour », par exemple), mais « Les Lacs du Connemara », c’est simplement la musique des fins de soirée de la France périphérique, quand « ça pue la transpi », comme dit le « journaliste ». C’est la BO de la France qui bosse, qui galère, qui pue sous les bras, qui a des tatouages bleus et qui écoute Michel Sardou dans la salle des fêtes en terminant les cubis. Des « fachos », des « beaufs », qui voient leur pays leur échapper et leurs élites les mépriser, des gros « ploucs » qui écoutent de la musique de droite. Quelques heures plus tôt, entre les spots bleus et rouges et le carrelage déjà poisseux, on a mis « Les Démons de minuit » et tout le monde a posé la question « Qui ça ? Qui ça ? » en criant. Tout le monde a un petit coup dans les carreaux. On se « prend par les bras », comme dit – encore – le présentateur belge, et on braille un peu. Eh ouais, Juliette, elle est comme ça, la France, depuis les fêtes de village du XIIe siècle jusqu’aux boîtes de nuit de campagne de 2023 (nom typique : Le Saphir, à ne pas confondre avec Le Balto, qui est plutôt un nom de bar-tabac).

La lourde, méchante et grasse moquerie à l’encontre de ce que les urbains appellent les « beaufs » date des années 80 et 90.

Dupont Lajoie, les Deschiens, sont devenus la culture dominante. On se moque très méchamment et très injustement de la vulgarité ordinaire des gens qui, depuis 1 500 ans, ont bâti la France de leurs mains. Alors oui, ils parlent fort, ils sont mal fringués, ils votent à droite et ils écoutent Sardou ; ils n’ont pas, comme l’interlocuteur de Juliette Armanet, un IMC de xylophoniste, une allergie à la « transpi » et un cheveu sur la langue ; ils n’ont pas, comme la chanteuse elle-même, ce visage régulier et cette certitude diaphane, savamment négligée, des gens à qui l’existence n’a fait que des cadeaux. Ils sont le visage de la France. Ils méritent notre respect et notre tendresse. Sardou le sait bien d’ailleurs.

Détester « Les Lacs du Connemara », pour des raisons qui semblent relever du plus méprisable snobisme, est très décevant de la part de Juliette Armanet, qui doit probablement vomir une partie de son propre public. Décevant mais, au fond, pas tellement surprenant. Le temps n’est pas si loin où Jacques Brel, Charles Aznavour ou même Johnny rassemblaient les classes sociales. Dans le domaine de la chanson française comme ailleurs, il y a une archipellisation.

De là à montrer un tel mépris…

Arnaud Florac pour Boulevard Voltaire

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5 Réponses à “Juliette Armanet … Juliette qui ?”

  1. Vous savez ce que disait Cocteau, à propos d’une célébrité aussi éphémère qu’usurpée, destinée à retourner au néant ?

    Juliette Armanet, retenez bien ce nom : vous n’en entendrez plus parler.

  2. Brillant article, où tout est dit. Il mériterait d’être lu à la RTBF comme droit de réponse. En attendant J. Armanet fait le buzz et doit engranger des écoutes sur les plateformes, de ceux qui ne la connaissaient pas, il y aura certainement parmi eux des beaufs réacs et des « fachos de droite », pardon, des « sales fachos de droite », mais l’argent n’ayant pas d’odeur, il sera bienvenu.

    Hier c’était Camilla Jordana qui chouinait, puis il y a eu Yseut dont les CD ne se vendent pas, à cause du racisme et de la grossophobie, mais pas du tout parce que la musique y est quelconque et sans intérêt … A chaque fois c’est la même vieille scie : c’est la faute à la droite, réac, cis genrée, raciste, etc. Et ça marche, pour le buzz, et Yseut a été nommée ambassadrice de la francophonie. Bon, j’arrête, ce monde là n’est pas le mien.

  3. Jamais entendu parlé ; inconnue pour moi, inconnue elle restera.
    ça vaut pas 3 mots de plua

  4. Maria-Miguel Bechet dit:

    La nullité et la médiocrité réunies.

  5. Il parait qu’elle a perçu 154.000€ d’aide à la création………..
    J’ai appris également que bien d’autres artiiiiiiiiistes se font engraisser avec l’argent de nos impôts directs et indirects par le ministère de l’inculture!

    Alors je me dis que cette merd..se comme tous les autres chanteurs, pseudos réalisateurs et acteurs ont bien raison de se moquer et d’insulter la France d’en bas qui fait la claque à tous ces débiles qui se gobergent avec notre pognon!

    Et nous, nous devons dire merci pour la générosité de ces politiciens qui montrent du doigt ces salauds de retraités qui profitent allégrement de la redistribution nationale en percevant une minable pension de retraite de la cnav aprés 40 années de cotisation!

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