En 1968, Jean Daniel, fondateur du Nouvel Obs, publiait un article de Jean-Paul Sartre dans lequel ce dernier écrivait que : « Tout anti-communiste est un chien ! » Il y appelait à ce que « Raymond Aron soit promené nu à La Sorbonne ! »
Jean Daniel expliqua, en 1991, avoir alors déclaré à Claude Roy qu’il trouvait « plus facile d’avoir tort avec Sartre qui trucule, exubère et effervesce plutôt que d’avoir raison dans la morosité avec Aron! »
Tout le sectarisme atavique de la gauche française est résumé dans cette formule !
On voit aujourd’hui à quelle déchéance cette malhonnêteté intellectuelle a conduit la gauche :
- Un Jean-Luc Mélenchon passé en 20 ans de la laïcité la plus stricte à la compromission avec l’islam radical. Je me permettrai d’illustrer ce parcours par cette saillie trouvée sur le Net : « La gauche a bouffé du curé pendant des décennies pour finir par sucer de l’imam ! »
- Un Parti socialiste qui a vendu son âme à la France Insoumise pour sauver quelques sièges de députés et qui aujourd’hui mange son chapeau en reniant la Nupes !
Aujourd’hui, Éric Zemmour, dans cette tribune du Figaro, rend hommage à Raymond Aron :
Éric Zemmour : « Ce que je dois à Raymond Aron »
À l’occasion du 40e anniversaire de la mort du philosophe, le président de Reconquête ! invite à relire l’œuvre de l’intellectuel. Elle nous appelle à la révolte, au refus de la médiocrité et à la défense farouche de la civilisation occidentale, explique-t-il.
Toute ma vie j’ai vécu avec Raymond Aron. Je n’ai jamais été pourtant son exégète ni son disciple ; je n’ai même pas eu la chance de le côtoyer dans les couloirs du Figaro. Il était de la génération de mon grand-père. J’avais découvert son livre, De Gaulle, Israël et les Juifs , dans la bibliothèque de celui-ci. Mais il était pour moi davantage qu’une silhouette vue à la télévision, sur les marches de l’Élysée, donnant le bras à Jean-Paul Sartre, ou invité régulier des « Apostrophes » de Bernard Pivot. Adolescent, je prenais pour modèle cet israélite de l’ancienne roche qui entourait toujours son identité religieuse de ses deux compagnons si français, la raison et la discrétion.
Étudiant à Sciences Po, je lisais le seul théoricien politique qui, avec Hannah Arendt, me révélait ce que le nazisme avait de commun avec le communisme : ils étaient deux totalitarismes. Journaliste, j’admirais le rôle de « spectateur engagé » qu’il s’était forgé pour mener le combat intellectuel. Entré dans l’arène politique, je continue de découvrir en lui une honnêteté et une lucidité que je ne trouve plus chez tant de mes contemporains.
Il y a quarante ans, le 17 octobre 1983, Raymond Aron s’effondrait peu après avoir quitté le palais de Justice de Paris. Il s’y était rendu, défiant l’âge et la maladie, pour défendre l’honneur de son ami Bertrand de Jouvenel, accusé de « fascisme » par l’historien Zeev Sternhell. Une fin en guise d’ultime signature : jusqu’à son dernier souffle, il ne céderait en rien à la diabolisation de notre pays que la nouvelle génération d’intellectuels imposerait après sa disparition. Une fin particulièrement symbolique pour celui qui était devenu, au fil des années, « l’intellectuel de droite » le plus connu – et controversé – de France.
De droite, il ne l’avait pas toujours été, pourtant. Sa jeunesse avait été « socialisante ». Mais Raymond Aron n’était plus de gauche puisqu’il avait refusé de suivre le troupeau des « compagnons de route ». La gauche le laissait sur le bord du chemin, avant de le brocarder, le houspiller, l’insulter. Bientôt, il aggraverait son cas puisque l’histoire lui donnerait raison. C’est le crime que la gauche ne pardonne jamais, elle qui préfère toujours, selon la formule célèbre, « avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ». Mais Aron aimait trop la vérité, même et surtout quand elle est dure à dire, pour se satisfaire de cette prison où la pensée est interdite et le moindre écart de conduite sanctionné. Il crucifia la gauche en 1955 en publiant L’Opium des intellectuels , dans lequel il mettait en évidence la quintessence chimérique de tout projet révolutionnaire. Son texte, magistral, n’a pas pris une ride.
Si le communisme est tombé dans les poubelles de l’Histoire, le wokisme a pris sa succession. Même millénarisme, même fanatisme, même sectarisme. Même internationalisme. Même déconnexion délibérée avec le réel : les lois de l’économie n’existaient pas pour les marxistes ; pas davantage celles de la biologie pour les wokistes. Le peuple-dieu de la révolution n’est plus la classe ouvrière mais les musulmans. On se moque de désespérer Billancourt si on n’offusque pas Barbès- Rochechouart. À l’époque, le marxisme était « l’horizon indépassable de notre temps » ; désormais, l’islamo-gauchisme impose sa loi d’airain à tous les prétendus progressistes.
Aron nous avait décrit le communisme comme une « religion séculière » ; nous avons désormais, avec l’islam, « un communisme avec Dieu ». En libéral authentique, Raymond Aron sacrifia tout à sa quête intransigeante de la vérité. Quiconque aime la liberté française lui doit quelque chose, moi le premier. Longtemps, je me suis vu comme lui, en « spectateur engagé ». Oscillant en permanence entre la posture de l’intellectuel en retrait et celle du commentateur partisan, il ne céda jamais devant les injonctions menaçantes des « bien-pensants ». Libéral, Aron l’était à la française, en émule de Montesquieu et Tocqueville, qui ne rejette pas l’État et chérit la nation. Le libéralisme aronien n’est pas un libertarisme à l’anglo-saxonne ni un mondialisme.
« Quarante ans après, Aron n’est pas mort »
Contrairement à son homologue américain, il refuse l’alliance avec l’extrême gauche ; il est conservateur car enraciné dans l’histoire et la culture de notre pays.
Il était hanté par l’idée de la disparition de la France depuis la déroute de 1940. Il rappelait sans cesse aux nouvelles générations amnésiques que « l’Histoire est tragique » – et Dieu sait si je l’ai cité ! Il saisit ainsi très vite ce qui se jouait vraiment au cœur de la guerre d’Algérie. Une analyse qui était aussi celle du général de Gaulle, et qu’il résumera ainsi dans ses Mémoires : « Le taux de croissance démographique est trop différent des deux côtés de la Méditerranée pour que ces peuples, de race et de religion différentes, puissent être fractions d’une même communauté. » « La démographie est le destin » : il n’ignorait pas cette formule américaine. Mais se doutait-il que la même question démographique se poserait à nouveau, et que l’immigration poserait un problème « colonial », cette fois planté sur le sol même de la France ?
Quarante ans après, Aron n’est pas mort. Son héritage intellectuel est même plus pertinent que jamais. Comment ne pas penser, par exemple, à son Plaidoyer pour l’Europe décadente, l’un de ses derniers ouvrages, dans lequel il regrettait la faiblesse de l’Occident endormi, plus prompt à prendre des coups qu’à les rendre ?
À l’heure de la submersion migratoire, de l’islamisation du pays et de la désagrégation de l’Amérique, et de l’Europe, par le wokisme, les leçons de Raymond Aron nous sont plus précieuses que jamais. La voix de celui qui évoquait, dans ses Mémoires, une « histoire de l’humanité jonchée de cultures mortes », continue de tonner : elle nous appelle à la révolte, au refus de la médiocrité, du mensonge, à la préservation de notre « cher et vieux pays » et à la défense farouche de la civilisation occidentale.
Éric Zemmour pour Le Figaro.
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Une réponse à “Mieux valait avoir tort avec Sartre que raison avec Aron !”
E Zemmour, heritier des idées de De Gaulle, a bien raison !
À l’heure de la submersion migratoire, de l’islamisation du pays et de la désagrégation de l’Amérique, et de l’Europe, par le wokisme, les leçons de Raymond Aron nous sont plus précieuses que jamais.
Comme De Gaulle.
Le j p sartre avait, des idées tres radicalisées, sectaires !!!