Je cultive depuis longtemps une grande admiration pour Clint Eastwood.
Depuis ses premiers rôles dans les « westerns spaghetti », puis sa longue carrière dans la peau de l’inspecteur Harry Callahan, jusqu’à son étonnante et brillante carrière de réalisateur (Million dollar baby, Impitoyable, Gran Torino, Mystic River, etc …), quel parcours !
J’avais donc décidé, ce dimanche, d’aller voir son dernier film, « le 15H17 pour Paris », tiré de l’attentat islamiste déjoué à bord du Thalys.
Je m’étais étonné du peu de publicité fait à ce film dans les médias. Etonnement renforcé quand je découvrai que dans ma région (Yvelines) le film était programmé – quand il l’était ! – seulement en soirée (à 20H ou 21H !!!)
Alors que nous avons eu droit à une promotion au bazooka pour un film au succès déjà programmé, les Tuche 3, on a peu entendu parler du film de Clint Eastwood, ce qui pose plusieurs questions :
- Est-il contraire au « vivrensemble » de parler d’un film relatant une tentative d’attentat islamique sur le sol Français ?
- L’anti-américanisme primaire qui règne au sein du monde de la culture interdit-il de raconter l’histoire de héros … américains ?
En préparant cet article, j’ai trouvé celui d’Ana Pouvreau paru dans Causeur.fr dont voici quelques extraits :
« Le 15h17 pour Paris »: Clint Eastwood, le terrorisme et nous
L’accueil reçu par le film montre le déni et l’amnésie d’une certaine presse française. Le 15h17 pour Paris, le nouveau film de Clint Eastwood sur l’attentat déjoué du Thalys interroge notre capacité à affronter la menace terroriste.
Ovni cinématographique, Le 15h17 pour Paris est à la fois un biopic hors norme et la reconstitution fidèle de la scène d’un meurtre de masse déjoué. Que le film biographique à l’intérieur de l’œuvre, oscillant entre réalisme et pathos, soit jugé bon ou mauvais par les critiques de cinéma français, cela importe finalement très peu tant la démarche du réalisateur est extraordinaire. A 87 ans, Clint Eastwood, ce monument du cinéma américain, à la fois acteur, réalisateur et producteur, dont le parcours est jalonné de quatre Oscars (pour Million Dollar Baby et Impitoyable), cinq Golden Globes, trois Césars et de la Palme d’honneur à Cannes en 2009 récompensant sa carrière exceptionnelle, berce nos vies de cinéphiles depuis près de soixante ans avec ses quelque soixante-dix films, dont d’innombrables chefs-d’œuvre. En glorifiant le mythe de l’Ouest américain et en forgeant l’image de ses héros (et de ses anti-héros) sur le modèle des pionniers, il est parvenu à façonner à sa manière la matrice de l’homme occidental.
Il réussit là un énième tour de force – et peut-être son dernier film, son ultime legs – en parvenant à mettre en scène six des principaux protagonistes de l’attentat du 21 août 2015 perpétré par le terroriste marocain Ayoub El-Khazzani dans le Thalys Amsterdam-Paris Nord. Les deux militaires américains Spencer Stone (US Air Force) et Alek Skarlatos (membre d’une unité de la Garde nationale américaine), et leur ami Anthony Sadler, qui ont tous trois neutralisé l’assaillant au péril de leurs vies sans toutefois le tuer; l’universitaire américain Mark Moogalian, qui, de sang-froid, s’est jeté sur El-Khazzani et lui a arraché sa kalachnikov avant d’être blessé par balles et son épouse française Isabelle Risacher; et enfin le passager britannique Chris Norman, qui aida à maîtriser le terroriste, jouent tous leur propre rôle et leur prestation est objectivement plus qu’honorable pour des néophytes. La reconstitution de la cérémonie de remise des Légions d’honneur par François Hollande à l’Elysée, sur laquelle viennent se juxtaposer les images d’origine prises le 24 août 2015, est plutôt audacieuse.
Amnésie et déni de réalité
Dans ce contexte, par contraste avec l’affligeante comédie d’Olivier Baroux Les Tuche 3 qui fait actuellement l’objet d’une promotion tous azimuts et devrait prochainement totaliser 5 ou même 6 millions d’entrées selon les experts (!), l’indifférence voire le dédain affiché pour le film de Clint Eastwood interroge sur la capacité de notre société à tirer les leçons des événements tragiques qu’elle traverse malgré elle. L’amnésie et le déni de réalité la guettent pour sûr, jusqu’à sa disparition certaine, si elle ne fait pas l’effort de revenir à la raison. « Une nation ou une civilisation qui produit de jour en jour des hommes stupides achète à crédit sa propre mort spirituelle » déclarait Martin Luther King. Il ne croyait pas si bien dire.
Ana Pouvreau pour Causeur.fr
Je ne résiste pas au plaisir de citer une critique « impartiale » extraite du site de France Sphincter (Le masque et la plume) :
Xavier Leherpeur : « Les Chtis à Marseille à côté, c’est un bonheur ! »
Ce n’est pas un film, ce n’est rien. Ça n’a aucun intérêt.
Donc il va raconter l’histoire de ces gamins (enfin surtout des deux militaires, l’étudiant noir, Clint Eastwood n’en a rien à faire), surtout le petit rondouillard qui a tout donné à l’armée, l’armée lui a si peu rendu en l’empêchant de devenir ce qu’il voulait être, mais il s’est musclé, il s’est endurci, il s’est valorisé, il aime Dieu. Donc : Dieu / l’armée / les armes : le gamin est un pur Ricain élevé au Kellogg’s, il est inattaquable.
Tous les poncifs de la gauche laïcarde et anti-américaine sont bien là ! Et puis, traiter Clint Eastwood de raciste, ça ne mange pas de pain !
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