On se souvient tous de l’affaire Théo avec ce symbole de François Hollande accourant au chevet du jeune homme noir blessé lors de son arrestation mouvementée par des policiers.
La présence du chef de l’Etat ne pouvait alors être considérée comme normale et anodine. L’avait-on vu précédemment au chevet de policiers blessés dans les quartiers sensibles ? Jamais !
Quand Hollande se rend dans cet hôpital, le message qu’il envoie est très clair :
« Théo, je suis de votre côté ! Je désapprouve
les violences dont vous avez été la victime ! »
Et dans la presse, ces violences sont qualifiées de viol par sodomisation ! Un crime très grave !
L’Institut pour la Justice, que je relaye ici régulièrement, vient de publier un communiqué à propos de l’affaire Théo qui rebalaye tout le déroulé de l’affaire et les errements qui l’ont accompagné. Je me suis permis de résumer ce communiqué très long dont la version intégrale est disponible ici.
La vérité sur l’affaire Théo
Qui a dit ?
« Comment ne pas être choqué par ce qui est arrivé à Théo ? Parce qu’à Aulnay, c’est la force illégitime de l’Etat qui a eu cours et la dignité d’un jeune garçon, d’une famille et d’un quartier, qui a été mise en cause. Je tiens à rendre hommage à Théo et à son entourage. Alors que tout semble les pousser vers la haine et la révolte, ils font preuve d’un formidable sang-froid. »
C’est ce qu’a déclaré Emmanuel Macron, le 8 février 2017. C’était six jours après le début de ce que l’on a ensuite appelé « l’affaire Théo ».
Les faits.
Le 2 février 2017, quatre policiers de la Brigade Spécialisée de Terrain (BST) d’Aulnay-sous-Bois procèdent à un contrôle d’identité sur un groupe de jeunes gens. Rapidement le contrôle dégénère. Les individus contrôlés s’enfuient. L’un d’entre eux, Théo Luhaka, 22 ans, se bat avec un policier. Les quatre agents tentent de l’interpeller. Théo, un solide gaillard d’un mètre quatre-vingt dix, se débat violemment. Il est finalement maîtrisé. C’est à son arrivée au commissariat que les policiers disent constater qu’il saigne au niveau des fesses. Théo est alors transporté à l’hôpital, où un médecin diagnostiquera « une plaie longitudinale du canal anal » et une « section du muscle sphinctérien ».
De son lit d’hôpital, le jeune homme accuse les policiers d’avoir baissé son pantalon et son caleçon et de lui avoir volontairement introduit une matraque télescopique dans l’anus au cours de l’interpellation !
Dans ses premières déclarations, Théo est très précis.
Un fonctionnaire lui aurait, dit-il, « enfoncé le bâton dans les fesses après avoir écarté le caleçon sur le côté » pendant qu’un autre lui « tenait les jambes », un troisième le maintenant « légèrement incliné debout ».
Les policiers accusés nient vigoureusement avoir accompli un tel geste, mais qu’importe. Le parquet est saisi. Le juge chargé de l’affaire met en examen pour viol le policier qui a fait usage de sa matraque télescopique, et les trois autres pour violences volontaires aggravées.
Les quatre fonctionnaires sont placés sous contrôle judiciaire et le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bruno Le Roux, suspend les quatre policiers « immédiatement et à titre conservatoire ». Et la tempête médiatique commence à se déchaîner.
Des journaux font leurs gros titres sur le « viol » de Théo. Dans une tribune parue dans Libération, des dizaines « d’artistes » traitent les 4 policiers de « monstres » et de « brebis galeuses ».
Les politiques ne sont pas en reste pour dénoncer les « brutalités policières ». Et le 7 février, François Hollande, le président de la République lui-même, se rend au chevet de Théo, pour lui témoigner son soutien et se faire photographier avec lui.
Et parallèlement des émeutes éclatent un peu partout en France. Les émeutiers réclament « justice pour Théo » en incendiant des véhicules et en affrontant brutalement les policiers. Le 11 février à Bobigny, le 15 et le 18 février à Paris, le 11 et le 17 février à Rouen…
L’enquête n’est qu’au début, mais on a l’impression que les policiers sont déjà jugés coupables. Pourtant des éléments discordants apparaissent …
Dès le 10 février, l’Inspection Générale de la Police Nationale, qui a visionné les images de l’arrestation filmée par une caméra de vidéo surveillance, retient la thèse de l’accident et écarte toute « idée de viol délibéré ».
Que voit-on dans la vidéo ? Que Théo ne s’est pas laissé menotter et que l’un des policiers, en tentant de le maîtriser, lui a porté un coup de matraque sur le haut des cuisses, pour, selon lui, le mettre à genou et lui faire lâcher prise. Exactement ce que les policiers avaient affirmé dès le début.
Le 3 mars, lors de sa première audition devant la juge d’instruction, Théo est confronté à ces mêmes images de la vidéo surveillance, qui contredisent sa version des faits. Il reconnaît alors que les policiers n’ont pas baissé son pantalon de survêtement mais que celui-ci avait glissé, parce qu’il était trop large et pas attaché.
Depuis, d’autres éléments sont encore venus s’ajouter au dossier.
Nous avons tous pu visionner la scène filmée par la caméra de vidéo surveillance. Ce que l’on y voit ressemble en effet beaucoup à la version donnée par les policiers.
Il y a 3 semaines, deux expertises médicales ont conclu à l’absence de viol, et que l’unique coup de matraque porté au niveau des cuisses pour le déséquilibrer n’est « pas contraire aux règles de l’art ». Aujourd’hui nous en sommes là.
Une confrontation générale devrait avoir lieu dans les semaines à venir. En attendant les quatre policiers restent mis en examen, et celui qui a porté le coup de matraque ayant blessé Théo est toujours suspendu de ses fonctions.
La justice devrait rendre son verdict définitif prochainement ; on peut du moins l’espérer. Mais une chose est sûre : les policiers ont été immédiatement traînés dans la boue dès que l’affaire a éclaté. La police toute entière a été traînée dans la boue, par certains médias, par certains hommes politiques. Vous je ne sais pas, mais moi cela m’indigne profondément.
D’ailleurs, Céline Berthon, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, l’a très bien expliqué dans Le Figaro :
« Dans tout autre domaine, lorsqu’un personnage public diffame, il se rétracte et fait acte de contrition. Nous aimerions que pour la police nationale il en soit de même. Que la communauté des policiers ait aussi droit au respect et à la présomption d’innocence. Que ceux que l’on a taxés de violeurs puissent se voir rétablis dans leur dignité. »
Croyez-vous qu’il y aura des excuses ? Que ceux qui ont porté des accusations très graves, qui ont préféré croire Théo sur paroles plutôt que quatre policiers assermentés, viendront publiquement présenter des excuses ? A votre avis ?
Des accusations de ce genre, portées sans vergogne par les médias et les hommes politiques, ont un effet dramatique sur l’action de la police, et donc sur notre sécurité à tous. Vous ne me croyez pas ?
Le journaliste Jean-Marie Godard, auteur de Paroles de flics, raconte :
« Le geste de François Hollande, qui est allé au chevet de Théo sans qu’aucune preuve n’ait été faite de la culpabilité des policiers, a été une véritable gifle pour les policiers. L’enquête commençait à peine, on était en pleine séquence électorale, et le pouvoir a voulu calmer les émeutes. »
Il ajoute :
« Beaucoup de jeunes policiers ne veulent plus faire de voie publique, ils ont peur d’être piégés. Avec les smartphones et les réseaux sociaux, ils sont filmés en permanence. Leurs visages sont rendus publics sur internet, ils sont obligés de se voiler le visage en manif. La moindre image de violence est décontextualisée. On oublie que le principe même de la police, c’est l’usage de la force dans un cadre précis. Alors oui, quand un type ne veut pas se laisser arrêter, l’intervention peut être musclée. »
Et voilà pourquoi toute l’agitation médiatique autour de l’affaire Théo, toutes ces accusations lancées sans preuves, sont profondément choquantes, et irresponsables. Elles mettent en danger les force de l’ordre, et elles contribuent à faire monter la délinquance.
Ce genre d’affaires dans lesquelles les policiers sont cloués au pilori et toute la police mise en accusation donne plus de confiance aux délinquants. Cela incite à résister aux forces de l’ordre, à refuser les contrôles d’identité, à essayer se battre avec les agents plutôt que d’être interpellé, comme l’a fait Théo.
Quelle option reste t-il aux policiers ? Abandonner totalement le terrain aux délinquants ? C’est évidemment inacceptable… Employer une force plus grande que celle employée par ceux qui résistent ? Mais on tombe alors dans une escalade de violences avec le risque que l’un des protagonistes soit blessé, ou pire encore. Ce n’est pas une solution…
Le risque que des accidents ou des drames se produisent à l’avenir est aggravé par ceux qui ont alimenté l’affaire théo !
Comme l’a confié un haut gradé à Jean-Marie Godard : « Un jour, quelqu’un sortira son flingue, pour une bonne raison, et il y aura une semaine d’émeutes. Ce jour-là on verra quel parti prendra le gouvernement ».
Dans l’affaire Théo, la justice n’a pas encore rendu son verdict définitif. Mais nous sommes tous déjà capables de deviner que ce qui s’est passé est bien différent de la version que nous a présentée Théo, certains médias et certains hommes politiques, y compris, au moment des faits, le chef de l’Etat lui-même !
Peut-on appeler ça une « fake news d’Etat » comme certains ?
Je ne sais pas, mais en tout cas, il est de mon devoir de rétablir la vérité. Et de nous battre contre une certaine propagande bien-pensante qui fait systématiquement des policiers des « méchants » qui « n’aiment pas les jeunes », et qui fait des délinquants des victimes.
Cette propagande mensongère nous met tous en danger.
Si vous êtes d’accord avec moi, je vous demande de partager ce texte. C’est comme cela que nous gagnerons la bataille des idées.
Avec tout mon dévouement,
Laurence Havel
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