La puissance de la vague populiste qui balaye l’Europe est à la hauteur de la vague migratoire qui la menace.
La plupart des élections, en Europe,
sont marquées du sceau de l’immigration.
Que ce soit la décision incroyable des Britanniques de quitter l’Europe (Brexit), la mise sous tutelle politique de la chancelière Angela Merkel et l’éjection de Matteo Rinzi en Italie, la cause de ces bouleversements est signé !
Voici, sur le sujet, la chronique d’Eric Zemmour, parue cette semaine dans le Figaro Magazine :
Quand la révolte des peuples occidentaux menace l’Europe de Bruxelles
On se souvient de la boutade de Bill Clinton, à peine élu président des Etats-Unis, en 1992, lancée à George Bush, qui se croyait assuré de sa réélection, après sa campagne victorieuse en Irak: « L’économie, idiot ! » On pourrait aujourd’hui parodier la boutade clintonienne :
« L’immigration, idiot ! »
En Italie après l’Allemagne, en Autriche après le Brexit: à chaque fois, l’immigration s’impose comme le thème majeur des élections. A chaque fois, elle déboulonne les sortants et offre la victoire aux formations les plus déterminées à la combattre. Merkel puis Renzi sont les grandes victimes, l’AFD puis la Ligue, les grands vainqueurs.
Nos médias expliquaient il y a peu que la coupure se situait entre l’est et l’ouest de l’Europe, entre des sociétés encore archaïques qui n’avaient pas de longue tradition démocratique, celles de l’Est, et les nôtres, vieilles démocraties admirables, sociétés multiculturelles détachées de leurs racines chrétiennes, Etats de droit impeccables.
Tout cela n’était qu’un mythe. Les élections en Europe de l’Ouest prouvent que les peuples occidentaux sont d’accord avec les dirigeants de l’Est. L’alliance est à portée de main. Ceux qui se lamentaient sur la coupure du continent peuvent se consoler. Mais la réconciliation se fera sur le dos des élites occidentales. Et sur leurs fameuses « valeurs » érigées en principes fondateurs de l’Union.
C’est là le noeud gordien de ce drame historique. La vague migratoire inouïe que nous subissons n’est pas un effet secondaire de l’Union européenne. Elle est la quintessence de son idéologie – on pourrait dire de sa philosophie qui, hantée par le souvenir hitlérien, considère qu’une nation ne repose plus sur un peuple ni sur une terre, mais sur des valeurs ; que les frontières sont des barrières inutiles et même nuisibles au commerce ; que les hommes sont interchangeables, simples producteurs et consommateurs sans passé, racines ni identité ; que les Etats n’ont le droit ni de repousser les étrangers qui viennent sur leur sol, ni de les discriminer en conservant des privilèges (sociaux) à leurs nationaux, ni même de les assimiler à la culture dominante de leur nation.
C’est ce qu’à Bruxelles on appelle avec emphase les sociétés ouvertes et l’Etat de droit. On dit communément que l’Europe a laissé l’Italie seule face à la vague migratoire qui déferle sur ses côtes. C’est pire que cela. L’Europe, par la jurisprudence de ses juges, a obligé l’Italie à accueillir tous ceux qui voulaient l’envahir, à sauver toutes les embarcations, à la plus grande joie des passeurs, et lui a pratiquement interdit de les renvoyer chez eux.
Cette révolte des peuples occidentaux, au coeur des pays fondateurs de l’Union, menace l’Europe comme jamais. A Bruxelles, on doit désormais choisir : défendre les fameuses « valeurs » ou subir les coups de bélier des peuples. C’est une question de vie ou de mort. Pour l’Europe, mais aussi pour les nations qui la composent. Lamartine disait :
« Toutes les fois qu’une théorie est en contradiction avec le salut d’une société,
c’est que cette théorie est fausse ; car la société est la vérité suprême. »
Eric Zemmour pour le Figaro Magazine
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