En complément de mon précédent article :
L’Europe est un danger mortel pour la France !
qui pointait les incohérences, voire la malhonnêteté de l’Union européenne dans le domaine de l’écologie, je veux relayer le témoignage d’une agricultrice publié dans le FigaroVox.
Mais auparavant, je souhaite rendre hommage à cette famille décimée par une voiture qui a forcé un blocage d’agriculteurs sur la RN 20.
Le père de famille, Jean-Michel, a été grièvement blessé et la mère de famille, Alexandra, et sa fille de 12 ans, Camille, ont été tuées lors de cet accident.
Tous nos voeux de rétablissement à Jean-Michel et toutes nos pensées vont vers leurs proches en solidarité avec tous les agriculteurs qui manifestent pour leur survie.
Voici le témoignage d’Anne-Cécile Suzanne paru dans le FigaroVox :
« L’UE tue ses vaches, nous importons de la viande du Brésil, du Mexique et de l’Inde »: le coup de gueule d’une agricultrice
Dans un texte très personnel, l’agricultrice Anne-Cécile Suzanne raconte son quotidien et le désarroi vécu par sa profession. Et dénonce par ailleurs la duplicité de l’Union européenne qui impose selon elle des normes mortifères tout en augmentant les importations.
Il est deux heures du matin. Mon bébé dort. Pourtant, je ne peux plus dormir. Sous le hangar de ma ferme, depuis ma caméra, je vois qu’une jeune vache est en peine. Elle pousse, mais son veau ne parvient pas à sortir. La fatigue tire dans tout mon corps, ma tête bourdonne. Pour une fois que mon bébé me laissait dormir… Mais il faut y aller. Je prends mes bottes, et je sors. Il fait -8°C dehors. À peu près la température des relations entre les agriculteurs et le décideur public.
Alors que je traverse la cour, je pense à ce métier qui est le mien. Il est fait de ses peines, de ses duretés. Mais il est surtout si mal aimé. En particulier dernièrement, alors que Bruxelles a décidé que l’élevage bovin n’avait plus lieu d’être sur le territoire européen. On pourrait se dire que c’est bien pour le climat, moins de vaches occupées à roter. Mais à quoi ça rime, alors qu’on importe seulement plus de l’étranger ? Pendant que l’Union européenne tue ses vaches, le cheptel mondial, lui, augmente, et nos importations avec lui. Entre 2021 et 2022, les hausses de production ont notamment mené à une hausse des exports brésiliens, mexicains, états-uniens et indiens. Je pense à mes vaches qui élèvent leur veau en pâture, de mars à décembre, comme tout le cheptel allaitant français. Elles permettent la préservation de prairies millénaires, qui sont à la fois des puits à carbone précieux et un merveilleux réservoir de biodiversité. Pourquoi ont-elles moins le droit de vivre que celles élevées en feedlots à l’autre bout du monde ? Pourquoi est ce que ce sont à nos vaches de payer pour toutes les autres ?
Ma vache se lève en me voyant approcher. Je l’attache et inspecte son veau à l’intérieur d’elle. Il est très mal placé. Je le repositionne, avec beaucoup de difficulté. Mais je suis contente, j’y suis parvenue. Il ne reste plus qu’à tirer, à l’aide du levier qui donne plus de force à mes bras fatigués.
Des bras fatigués, il y en a beaucoup actuellement dans l’Union européenne. Fatigués des inconsistances, et d’être le dindon de la farce, aussi. Vouloir faire mieux pour l’agriculture européenne, c’est très bien. Mais il faut alors arrêter d’importer n’importe quoi.
On nous a vendu des « clauses miroir », devant sécuriser le fait que les denrées agricoles entrant sur le territoire européen respectent ses standards. Mais on ne se donne pas la peine de les faire appliquer, alors à quoi bon, pensais-je ? Que du vent, de la communication.
La vache se met à pousser, tandis que je l’aide dans son effort. L’avantage, me dis-je, avec la situation actuelle, c’est que les éleveurs français sont si peu nombreux qu’il commence à leur être possible de peser sur les marchés, pour se faire respecter. Mais encore faut-il s’organiser. Les actions syndicales c’est très bien, mais ça n’aide pas à écouler à bon prix les productions agricoles. La rémunération agricole est trop souvent la variable d’ajustement du marché. Il faudrait que les agriculteurs dépassent leur différence pour s’organiser. C’est un vœu presque aussi fou que celui d’une Union européenne cohérente avec elle-même. Mais il faut bien rêver pour voir ses rêves se réaliser.
Dans un dernier effort, un veau, les yeux grands ouverts, tombe finalement à terre. Il fume dans la nuit, il irradie de vie. Sa mère, déjà, l’appelle. Je la détache. Elle se rue vers lui. Je souris. Mon métier est avant tout fait de cette beauté, addictive, de la vie. C’est cela qui nous rend passionné. C’est cela qui fait que jusqu’au bout, les éleveurs se battront pour que les vaches françaises continuent à parcourir les prés.
Anne-Cécile Suzanne pour le FigaroVox.
Anne-Cécile Suzanne est agricultrice et consultante. Elle publie Les Sillons que l’on trace, aux éditions Fayard.
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2 Réponses à “Le coup de gueule d’une agricultrice”
Des agriculteurs désemparés luttent pour leur survie
https://ripostelaique.com/des-agriculteurs-desempares-luttent-pour-leur-survie.html
L’agriculteur nous explique que sa journée commence souvent à 4h du matin, et le député se plaint de terminer la sienne à cette heure-là!
Ils ne pourront jamais se rencontrer!