Il fallait y penser !
Le « réarmement démographique » que le président de la République a présenté en conférence de presse voit sa première mesure mise en place :
C’est l’inscription de l’IVG dans la Constitution !
Et, dans quelques semaines, l’euthanasie et le suicide assisté seront également voté.
Est-ce vraiment relancer la natalité que de rogner la vie par les deux bouts ?
Macron refuse catégoriquement de modifier la Constitution pour y élargir le champ du référendum, ce qui est demandé par une large majorité des Français, mais il se mobilise pour y inscrire un droit à l’avortement menacé par personne et que personne ne demandait !
Edouard Lavollé consacre un article dans le Club de Valeurs actuelles pour pointer les talents d’illusionniste de Macron :
Emmanuel Macron et l’inscription du droit à l’IVG
dans la Constitution : le grand « illusionniste »
Alors que le projet de loi visant à inscrire dans la Constitution la « liberté garantie » d’avoir recours à l’IVG est en cours d’examen à l’Assemblée nationale, des spécialistes dénoncent une instrumentalisation du droit à des fins politiques.
Parfois, Emmanuel Macron tient ses promesses. Le 29 octobre 2023, sur X, le chef de l’Etat le jure : « Le projet de loi constitutionnelle sera envoyé au Conseil d’Etat cette semaine et présenté en conseil des ministres d’ici la fin de l’année. » Trois mois et un léger retard plus tard, l’inscription de l’IVG dans la Constitution sera bien débattue ce mercredi à l’Assemblée nationale. En vue d’une éventuelle adoption au Sénat en mars. Déjà, le 24 novembre 2022, au Palais Bourbon, une proposition de loi du groupe La France insoumise (LFI) faisait évoluer les termes du texte, le « droit à l’IVG » devant la « liberté garantie » d’y avoir recours pour les femmes.
Un sens du timing politique qui a de quoi interpeller, alors que le président de la République évoquait en conférence de presse le 16 janvier dernier sa volonté que la France mette en place un processus « réarmement démographique », avec la mise en place d’un nouveau « congé de naissance ». Une énième illustration du « en même temps » macronien ?
La volonté du président Macron d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution française est un mauvais coup porté à la France,
estime Jean-Louis Harouel, historien du droit français.
Cela constitue symboliquement une opération de propagande antinataliste à un moment où le vrai problème est la chute de la natalité. Le redressement de la démographie est une condition nécessaire au relèvement de la France et l’État aurait le devoir d’en faire une priorité nationale plutôt que d’agiter de manière irresponsable, à des fins électoralistes, l’étendard du malthusianisme.
« On a agité l’épouvantail du conservatisme réactionnaire »
Pour l’heure, la mesure est loin d’être adoptée, tant s’en faut. Le 23 janvier, au micro de Franceinfo, le président du Sénat Gérard Larcher s’est déclaré opposé à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, un droit « pas menacé en France » à ses yeux, craignant que la loi fondamentale ne devienne « un catalogue de droits sociaux et sociétaux ».
C’est une contre-vérité que de laisser entendre que le droit d’avorter serait menacé en France, le recours à l’avortement y est officiellement proclamé comme un droit fondamental et universel, en vertu d’une résolution de l’Assemblée nationale du 6 novembre 2014,
abonde Jean-Louis Harouel.
Et le droit de recourir à l’IVG est d’ailleurs garanti depuis plus de vingt ans par la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Ce qui est menacé en France, et presque entièrement anéanti, c’est la liberté de critiquer le fait que la banalisation de l’avortement soit érigée en norme dominante et intouchable.
Emmanuel Macron l’a bien compris : sa manœuvre politique constitue une manière habile de se poser en rassembleur des Français, à l’heure où sa popularité connaît un bas niveau historique (27 % de cote de confiance selon le baromètre Elabe pour Les Echos de janvier 2024). Alors, il faut trouver un subterfuge pour sortir la tête de l’eau. Le voilà tout trouvé : selon un sondage Ifop de novembre 2022, près de huit Français sur dix se déclaraient favorables à une constitutionnalisation de l’IVG.
La mesure permet au Président de se remettre sur le devant de la scène, tout en faisant oublier – du moins temporairement – les contestations qui ont émaillé le début de son deuxième mandat,
juge Frédéric Rouvillois, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris-Cité.
Fidèle à sa logique du en « même temps », le chef de l’Etat se sert de son « coup » politique pour s’ériger en rempart contre « l’extrême droite », alors qu’en juin 2022, la Cour Suprême des Etats-Unis revenait sur l’arrêt Roe vs Wade et laissait les Etats américains libres d’interdire l’IVG.
On a agité l’épouvantail du conservatisme réactionnaire, en oubliant de rappeler le principal : l’accès à l’avortement n’est pas interdit outre-Atlantique,
estime Frédéric Rouvillois.
C’est désormais au bon-vouloir des États fédérés de juger de sa légalité. C’est un exemple parmi bien d’autres du danger d’un placage des problématiques américaines sur les pays européens,
conclut Jean-Louis Harouel.
Edouard Lavollé pour le Club de Valeurs actuelles.
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