Voici le troisième et dernier volet du dossier du Figaro concernant la lutte contre le communautarisme.
Il s’agit de l’appel de cent intellectuels dénonçant ce qu’ils appellent « le séparatisme islamique ».
De l’historien Pierre Nora à l’ancien ministre Bernard Kouchner, en passant par l’écrivain Yann Quéffélec et le philosophe Alain Finkielkraut, les signataires (voir liste complète en fin d’article) se font l’écho d’une inquiétude commune face à la montée de l’islamisme.
Nous sommes des citoyens d’opinions différentes et très souvent opposées qui se sont trouvés d’accord pour exprimer, en dehors de toute actualité, leur inquiétude face à la montée de l’islamisme. Ce ne sont pas nos affinités qui nous réunissent, mais le sentiment quun danger menace la liberté en général et pas seulement la liberté de penser. Ce qui nous réunit aujourd’hui est plus fondamental que ce qui ne manquera pas de nous séparer demain.
Le nouveau totalitarisme islamiste cherche à gagner du terrain par tous les moyens et à passer pour une victime de l’intolérance.
On a pu observer cette stratégie lorsque le syndicat d’enseignants SUD Education 93 proposait il y a quelques semaines un stage de formation comportant des ateliers de réflexion sur le « racisme d’État » interdits aux « Blanc.he.s ». Certains animateurs étaient membres ou sympathisants du Collectif contre l’ islamophobie en France et du Parti des indigènes de la République. Les exemples de ce genre se sont multipliés dernièrement. Nous avons ainsi appris que la meilleure façon de combattre le racisme serait de séparer les « races ». Si cette idée nous heurte, c’est que nous sommes républicains.
Nous entendons aussi dire que, puisque les religions sont bafouées en France par une laïcité « instrumentalisée », il faut donner à celle qui est minoritaire, c’est-à-dire à l’islam, une place spéciale pour qu’elle cesse d’être humiliée.
La même idée se poursuit : il paraît qu’en se couvrant d’un voile les femmes se protégeraient des hommes et que se mettre à part leur permettrait de s’affranchir.
Le point commun de ces proclamations est de penser que la seule façon de défendre les « dominés » (ce n’est pas notre vocabulaire mais celui de SUD Éducation 93), serait de les mettre à l’écart des autres et de leur accorder des privilèges.
Il n’y a pas longtemps, l’apartheid régnait en Afrique du Sud. Reposant sur la ségrégation des Noirs, il voulait se disculper en créant des bantoustans où une autonomie factice leur était concédée.
Un tel système a heureusement disparu. Et voici qu’aujourd’hui, c’est un apartheid d’un nouveau genre qui est proposé à la France, une ségrégation à l’envers grâce à laquelle les « dominés » préserveraient leur dignité en se mettant à l’abri des « dominants ».
Mais alors, cela veut dire qu’une femme qui ôte le voile et sort dans la rue deviendrait une proie normale ? Cela veut dire qu’une « race » qui côtoie les autres serait humiliée ? Cela veut dire qu’une religion qui accepte de n’être qu’une parmi d’autres perdrait la face ?
Et les Français musulmans, ou de culture musulmane sans être croyants, qui aiment la démocratie et veulent vivre avec tout le monde, l’islamisme a-t-ilprévu de les mettre à part, eux aussi ? Et les femmes qui refusent d’être enfermées, qui décidera pour elles ? Et les autres, ceux qui ne méritent apparemment pas d’être protégés : sous clé dans le camp des « dominants » ?
Tout cela va à l’encontre de ce qui a été fait en France pour garantir la paix civile. Depuis longtemps, l’unité du pays a été fondée sur l’indifférence à l’égard des particularismes pouvant être cause de conflit. Ce qu’on appelle l’universalisme républicain ne consiste pas à nier les sexes, les races ou les religions, mais à définir l’espace civique indépendamment d’eux pour que personne n’en soit exclu. Et comment ne pas voir que la laïcité protège aussi les religions minoritaires ? La mettre en péril nous expose au retour des guerres de religion.
À quoi peut donc servir ce ségrégationnisme nouvelle manière ? Doit-il seulement permettre aux soi-disant « dominés » de sauvegarder leur pureté en vivant entre eux ? N’a-t-il pas surtout pour but d’affirmer la sécession avec la communauté nationale, ses lois et ses moeurs ? N’est-il pas l’expression de la haine la plus caractérisée à l’égard de notre pays et de la démocratie ?
Que chacun vive dans la loi de sa communauté ou de sa caste et dans le mépris de celle des autres, que chacun ne soit jugé que par les siens, cela est contraire à l’esprit de la République.
Celle-ci a été fondée sur le refus de droits privés s’appliquant à des catégories spécifiques et exclusives, sur l’abolition des privilèges. Les mêmes lois pour chacun de nous, voilà ce que nous garantit au contraire la République. C’est ce qu’on appelle tout simplement la Justice.
Le nouveau séparatisme avance masqué. Il veut paraître bénin, mais il est en réalité larme de la conquête politique et culturelle de l’islamisme. L’islamisme veut être à part car il rejette les autres, y compris les musulmans qui ne partagent pas ses vues. L’islamisme déteste la souveraineté démocratique car elle lui refuse toute légitimité. L’ islamisme se sent humilié lorsqu’il ne domine pas.
Il n’est pas question d’accepter cela.
- Nous voulons vivre dans un monde complet où les deux sexes se regardent sans se sentir insultés par la présence de l’autre.
- Nous voulons vivre dans un monde complet où les femmes ne sont pas jugées inférieures par nature.
- Nous voulons vivre dans un monde complet où les gens peuvent se côtoyer sans se craindre.
- Nous voulons vivre dans un monde complet où aucune religion ne fait la loi.
Cent intellectuels contre le séparatisme islamique.
Voici la liste complète des signataires :
On notera que dans cette liste, mis à part Kouchner …
la gauche brille par son absence !
Mais ça n’aura étonné personne …
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