Il y a une seule question que l’ARCOM devrait se poser quand viendra le temps de renouveler – ou non – l’autorisation de CNews d’émettre sur la TNT :
« Depuis l’arrivée de CNews dans le paysage audiovisuel français, le pluralisme s’est-il, oui ou non, élargi ? »
A cette question, aucun honnête homme, aucun journaliste digne de ce nom, ne peut répondre par la négative !
Et pourtant, l’extrême gauche a fait le forcing, durant une récente commission d’enquête parlementaire, qui ressemblait plus à des interrogatoires menés par la Stasi qu’à des audits de journalistes et de responsables de chaine d’infos.
Et pourtant, la majeure partie des journalistes français se réjouiraient si, par malheur, CNews perdait son agrément pour le TNT !
Entre autres bienfaits de CNews, on se félicitera de la qualité et de la diversité des intervenants, et notamment des plus jeunes, philosophes ou sociologues, régulièrement invités sur les plateaux de la chaine de Vincent Bolloré.
Je pense à Mathieu Slama, Nathan Devers et Jean-Loup Bonnamy …
Je déteste le gauchisme borné du premier. Le deuxième m’exaspère souvent. Et j’aime beaucoup le dernier. Trois raisons différentes pour lesquelles il faut continuer à les inviter !
Aujourd’hui, je veux mettre en lumière Jean-Loup Bonnamy, qui se fait rare sur CNews depuis quelques mois, en relayant un article de L’Incorrect qui lui est consacré :
Jean-Loup Bonnamy
Intello pas normal
Nous, nous avons manqué la rue d’Ulm en suivant la piste des belles. Alors à l’heure de faire le portrait d’un de ses anciens locataires, on ne peut s’empêcher de se draper dans un mépris qui voile une vague crainte. On raconte de ces choses à leur sujet ! Ils seraient les êtres les plus intelligents de Paris, au moins de la Montagne Sainte-Geneviève, où chacun connaît la rudesse de la concurrence. En plus le nôtre ne fait pas dans le détail : bachelier mention très bien à seize piges, puis deux ans de Louis-le-Grand puis normalien à dix-huit, et, pour bien nettoyer dans les angles, agrégé de philo, évidemment au premier essai. Par-dessus le marché, on serait un peu culotté de déclarer que le garçon n’a pas la tête de l’emploi, avec ses lunettes à forte correction, sa chevelure en cours d’abdication et sa voix haute perchée. Intellectuel à bord!
Alors oui, cet intellectuel-là a le charme, si ce terme peut leur être appliqué, d’avoir abandonné à vingt ans l’anarchisme qui faisait déjà tâche dans l’ENS en cours de wokisation du début des années 2010.
J’ai vécu une conversion, je suis devenu fan de Dominique de Villepin.
Oui, ça c’est d’un dandysme parfaitement séduisant, mais nos traits restent crispés. Les effluves feutrés de la librairie Vrin nous enserrent encore trop la gorge à l’écoute de notre portraituré. On ne s’autorise notre premier sourire que quand il évoque en gloussant sa « remontada » en prépa, alors qu’il avait commencé dans les derniers de sa classe. La banane s’élargit quand il explique qu’à l’époque, pour se motiver, il se passait la musique et des extraits des Rocky, surtout l’œil du tigre. Qu’en plus, il poussait un maximum de fonte et frappait au sac comme un
acharné. Au moment où il nous explique qu’il a continué la boxe ensuite, dans un club don on a nous-même usé le ring quelques années plus tard, on est à deux doigts de l’inviter au baptême de notre fille pas encore conçue.
Jean-Loup Bonnamy appartient probablement au cercle cadenassé des intellectuels supportables de notre beau royaume. Au fond, c’est un homme du peuple – il a même poussé le vice jusqu’à grandir à Besançon – qui a juste un QI plus élevé et une bibliothèque plus fournie que les autres. Il sait que l’intelligence n’a pas été donnée aux hommes pour qu’ils en écrasent leurs semblables mais pour qu’ils se mettent à leur service. Voilà donc qui en fait un homme de droite, puisque chacun sait que le credo de la
gauche est depuis une bonne quarantaine d’années celui de la haine de tout ce qui dépasse les périphériques. Il confirme dans cette voie en ce printemps avec la publication de L’Occident déboussolé, qui offre un bol d’air bienvenu à une droite habituée à ressasser les mêmes slogans.
Le jeune homme analyse le mal de notre époque non pas comme celui d’un choc avec la civilisation islamique mais d’une décivilisation interne, d’un abandon de notre destin historique, remplacé par une autoflagellation permanente.
Il s’inscrit ainsi dans la lignée de la pensée de Patrick Buisson, un de ses « parrains, » qui l’avait approché après une tribune élogieuse de Bonnamy à son égard dans Le Figaro. C’est grâce à Buisson que Bonnamy rencontrera Régis Debray, qui se qualifiait lui-même de « gaulliste d’extrême gauche », étiquette que l’ancien anarchiste fait sienne avec coquetterie. Buisson et Debray, le jeune essayiste glisse non sans fierté les avoir connus d’assez près. Car s’il a passé l’agrégation de philosophie, c’est d’histoire qu’il a toujours été féru, même dans sa période anarchiste où il fantasmait les Brigades internationales. Alors, désormais, accoler son nom à celui de ceux de ses hommes qui ont déjà leur place dans l’histoire politique du pays, ça relève plutôt du rêve de gosse. Comme de participer presque quotidiennement au débat public
national, sur le plateau des Grandes Gueules ou du 28’d’Arte, et avant ça de l’Heure des pros. Drôle de spectacle, tout de même, que ce lecteur féru de Nietzsche et Braudel qui descend avec autant de plaisir dans l’arène du talk-show, que ce normalien qui distribue les punchlines comme autrefois les marrons sur le sac de frappe de son foyer, en prépa.
Oui, Jean-Loup Bonnamy est aussi sûrement un intellectuel qu’il est un intellectuel atypique, et, mon Dieu, comme on le remercie de redorer ainsi le blason de sa race.
Ange Appino pour L’Incorrect.
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2 Réponses à “Jean-Loup Bonnamy : de l’anarchisme au gaullisme”
« le pluralisme s’est-il, oui ou non, élargi »? bonne question, qui dépend de ce qu’on voudra appeler « pluralisme », et pour les tenants de la Vertu, c’est laisser d’exprimer « tout le monde, sauf les extrêmes », sachant que « les extrêmes », c’est la droite de LR, la gauche du PC et de LFI étant absoute de tout péché.
Pour paraphraser Flamby, ce grand président qui ne manque à personne, il y a le « bon pluralisme » qui consiste à inviter LFI, NPA, FG, écolos et tous les damnés de la Terre, et puis il y a l’autre, celui qu’il convient de combattre et d’interdire … Nous en sommes là, hélas !
L’arcom n’est pas fan de pluralisme, bien au contraire, mais est obligé de faire semblant..