Anna Cabana : Paroles de futurs ex-ministres …

« C’est comme s’il n’avait pas compris qu’il a perdu, pas compris qu’à cause de lui la macronie n’existe plus, pas compris …

Pas compris que désormais il inspire de la rage à ceux qui le soutenaient, pas compris que sa parole ne vaut plus rien, pas compris qu’il est complètement dévitalisé politiquement …  »

C’était un extrait d’une tribune d’Anna Cabana, une journaliste généralement bien informée des arcanes du pouvoir, et également compagne de l’ancien ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

Elle y relate les confidences de quelques ministres qui ont assisté à une réunion surréaliste tenue à l’Elysée pour définir la stratégie de la MAcronie pour le second tour des législatives.

Voici cette tribune édifiante qui en dit long sur l’état mental de déconnexion de Macron :

Les ministres qui se sont retrouvés autour d’Emmanuel Macron lundi, à la mi-journée, s’attendaient à peu près à tout mais pas à se faire donner une leçon de stratégie politique par celui-là même qui a « tué la majorité présidentielle », selon la formule d’Édouard Philippe.

La scène était proprement surréelle : c’est comme s’il n’avait pas compris qu’il a perdu, pas compris qu’à cause de lui la macronie n’existe plus, pas compris que désormais il inspire de la rage à ceux qui le soutenaient, pas compris que sa parole ne vaut plus rien, pas compris qu’il est complètement dévitalisé politiquement …

s’emporte un membre du gouvernement qui se trouvait autour de la table et qui jusque-là avait pour habitude de tenir devant les journalistes des propos gentiment légitimistes. Lundi soir, il était intarissable … d’indignation.

Bientôt, vous verrez, ce genre de choses se diront sans avoir besoin de se cacher derrière l’anonymat !La parole s’est libérée chez les macronistes qui en ont ras le bol de Macron. Nous aussi, on a droit à notre MeToo ! On ne l’a même pas entendu rire, ce disant …

Un de ses collègues, également présent lors du « cours magistral du Président », ne se fait pas prier pour compléter le tableau:

Son ivresse de lui-même le place dans une bulle. Il pense sincèrement à chaque instant, y compris aujourd’hui, qu’il fait ce qu’on peut faire de mieux et qu’il dit ce qu’on peut dire de mieux. Quitte à faire un virage sur l’aile. Pendant les trois semaines de la campagne du premier tour, il s’est saisi de toutes les occasions et de tous les micros pour renvoyer dos à dos le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire, en allant jusqu’a expliquer que l’un comme l’autre mènerait à la « guerre civile », et voilà que maintenant que le premier tour a confirmé la victoire du Rassemblement national, il joue au maître d’école qui nous explique que notre seul vrai ennemi, c’est le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Il faudrait savoir ! 0 constance, ô cohérence …

Bruno Le Maire, Christophe Béchu ou Aurore Bergé se sont d’ailleurs ouvertement affranchis de cette nouvelle
directive, en se prononçant, à l’instar d’Édouard Philippe, pour le ni-ni : ni Rassemblement national ni France Insoumise.

Un troisième ministre assure :

Pour moi, la palme de l’ahurissant revient au podcast de Matthieu Stefani (ndlr: sur Génération Do It Yourself, le 21 juin) : c’est juste inoui de déconnexion et d’entre-soi ! Vous avez vu les airs prétendument inspirés qu’Emmanuel Macron prend pour répondre aux questions, dire ces trucs incompréhensibles sur le « Big Time » ou pour déclarer qu’il aimerait offrir Madame Bovary à tous les Français ? Pffffff ! Mais le pire, c’est ce qu’il a montré aux Français dimanche, après avoir voté, en déambulant dans les rues du Touquet avec un grand sourire content de lui, une veste en cuir qui veut dire « voyez comme je suis cool, rock et décontracté ». Ça, c’est carrément un bras d’honneur !

Paroles de futurs ex-ministres.

Anna Cabana pour Le Télégramme.