Le titre de cet article reprend une citation provenant d’une longue lettre édifiante que Gargantua adresse à son fils Pantagruel dans « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme » (1532).
C’est donc à Rabelais que nous devons cette maxime que semble avoir totalement oublié nos Comités d’éthique chargés de vérifier la conformité des lois à l’éthique.
Il est dans la nature des choses que les scientifiques, dans leur tendance naturelle à toujours pousser plus loin les avancées de leur science, dépassent parfois les règles. Et les comités d’éthique sont bien là pour tempérer leur ardeur.
Malheureusement, depuis des décennies il semble que nos comités d’éthique, toujours plus progressistes, ne soient plus des freins mais des encouragements à légiférer pour autoriser tout ce que la science rend possible.
On l’a vu avec toutes ces lois sociétales, mariage gay, adoption, PMA, euthanasie, suicide assisté et bientôt GPA que le Comité d’éthique a validées sans retard.
C’est le sujet de l’article suivant du Club de Valeurs actuelles consacré aux dérives de la bioéthique en France :
Trente ans de dévoiement bioéthique
En France, les lois dites de bioéthique ont fini par conférer un cadre légal à des pratiques illégales. Elles déroulent le tapis rouge aux transgressions au lieu de protéger la vie humaine, estime Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme-Lejeune.
En cette fin du mois de juillet, c’est le 30e anniversaire des lois de bioéthique en France. Il est très important de ne pas confondre les lois de bioéthique avec la discipline bioéthique, née aux États-Unis dans les années 1970. Cette nouvelle réflexion, qui partait du constat d’un fossé grandissant entre les savoirs scientifiques et les valeurs éthiques, avait pour but de promouvoir le moyen d’utiliser sagement les premiers pour sauvegarder les secondes. Les pionniers américains de cette nouvelle discipline, voyant la menace pour l’humanité, appelaient d’ailleurs la bioéthique la “science de la survie”, ce qui décrit parfaitement son objet.
En France, depuis trente ans, les lois dites de bioéthique ont poursuivi le chemin inverse, qui a consisté à prendre acte de pratiques illégales et à leur donner un cadre légal. Elles ont déroulé un tapis rouge aux transgressions au lieu de protéger la vie humaine. Ce dévoiement de la bioéthique était déjà en germe dès les lois de 1994, notamment à travers trois notions disruptives. Une nouvelle finalité de la loi comme devant “encadrer les dérives”, c’est-à-dire donner raison à celui qui revendique l’illégalité. Changeons la règle pour être en règle. Une nouvelle définition de l’enfant, comme un “projet” qui peut être modifié en fonction des exigences des parents ou des normes de la société. Faire, défaire, refaire, parfaire l’enfant pour répondre à l’autonomie procréative. Une nouvelle hiérarchisation des êtres humains, les embryons in vitro étant exclus du principe du respect de tout être humain dès le commencement de sa vie.
Dès lors, la trajectoire des lois qui ont suivi – 2004, 2011, 2013, 2016, 2021 – était inéluctable. La priorité du législateur a été d’autoriser la fécondation in vitro, puis le diagnostic préimplantatoire et prénatal permettant de détecter des anomalies de l’embryon in vitro et du fœtus in utero, puis la recherche exploitant comme matériau les embryons humains inutilisés. Ces autorisations étaient, dans un premier temps, données à titre dérogatoire et assorties de conditions. Qu’en est-il en 2024 ? Il ne reste rien des conditions posées initialement pour la procréation médicalement assistée. La recherche sur l’embryon est devenue pratiquement libre aujourd’hui : même le transgénisme et le chimérisme sont permis. Quant à la sélection eugéniste, la pratique est de délivrer sans état d’âme l’autorisation d’interrompre toute grossesse jusqu’au terme en cas de handicap ou maladie grave. Les lois de bioéthique ont produit des effets à 180 degrés des espoirs naïvement entretenus. La Fondation Jérôme-Lejeune a participé à tous les débats bioéthiques depuis trente ans. Son expertise est reconnue. Elle sera entendue un jour, car il faudra bien reprendre pied. Comme le Pr Jérôme Lejeune, elle ne craint rien de la médecine ni de la science, auxquelles elle contribue efficacement avec sa consultation et ses recherches, pourvu que soit sauf le respect de tout être humain, de ses premiers instants à son dernier souffle.
Jean-Marie Le Méné.
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Une réponse à “« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »”
Conscience sans Dieu, mene aussi a la ruine…