De mémoire de V ème République, on n’a jamais vu un gouvernement peuplé d’autant d’anonymes que celui de Michel Barnier !
Mis à part Michel Barnier lui-même, Rachida Dati et Bruno Retailleau, les autres membres du gouvernement ne doivent leur nomination qu’au bon vouloir du « prince » et à la soumission du premier ministre.
Bercy reste une forteresse sous contrôle de la Macronie, ce qui réduira à néant toute velléité d’émancipation du gouvernement Barnier.
Pour le peuple de droite, le seul espoir aurait pu venir de la nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’intérieur, un homme de conviction qui avait rédigé la version du Sénat de la loi immigration qui avait été sévèrement censurée par le Conseil constitutionnel.
Mais voila, Macron vient de refaire à Bruno Retailleau le coup du « en même temps » qu’il avait fait à Gérald Darmanin !
Nommer à la justice un homme de gauche qui tuera dans l’oeuf toute droitisation de la politique sur les plans de l’insécurité et de l’immigration. C’est ainsi que Didier Migaud, un socialiste pur jus, qui avait voté contre les peines-plancher de Nicolas Sarkozy, jouera le rôle du sinistre Dupont-Moretti.
A peine trois jours après leurs nominations, la Place Vendôme et la place Beauvau échangent déjà les premiers scuds ! Bruno Retailleau ayant demandé une justice plus sévère, Didier Migaud lui a rappelé le principe d’indépendance de la justice. Tout est dit !
Et les Français, à plus de 70 % d’accord avec Retailleau, seront les dindons de la farce !
Comment Michel Barnier a t-il pu accepter la nomination de ce duo qui va se neutraliser ?
Plus généralement, comment les Républicains ont-ils pu accepter de se perdre dans un gouvernement majoritairement infesté de macronistes ?
Après ses déroutes électorales sévères, la Macronie conserve encore 46 % des ministres et 59 % des ministres de plein exercice !
Dans cet article, le Club de Valeurs actuelles se pose la même question que moi :
Gouvernement Barnier : que vont faire
les ministres issus de LR dans cette galère ?
Extraits :
La composition du gouvernement a été rendue publique, ce samedi 21 septembre. Bien qu’affaibli par les européennes et les législatives, le président de la République démontre, une nouvelle fois, qu’il excelle dans l’art de retourner une situation et de diviser pour mieux régner.
Emmanuel Macron n’est évidemment pas dans une position confortable, mais il ne subit pas, comme Henri Guaino l’a fait remarquer, de cohabitation. Il a même réussi, pour sauver (ne serait-ce que temporairement) sa situation, à élargir la Macronie en y englobant les LR qui, il y a quelques semaines à peine, affirmaient pourtant haut et fort être dans l’opposition à l’actuel chef de l’État. Mais “en même temps”… il ne leur donne nullement les manettes du gouvernement, contrairement à ce que journalistes et politiques de gauche tentent de laisser entendre. Il est vrai que leurs cris d’orfraie contre la présence de telle personnalité ou de telle autre parmi les ministres illustrent, une nouvelle fois, qu’ils ne tolèrent la droite qu’à la condition qu’elle soit ralliée aux idées de gauche.
L’art de diviser pour mieux régner
En tout cas, Emmanuel Macron montre, une nouvelle fois, exceller dans l’art de diviser pour mieux régner. Au-delà de l’ordre protocolaire qui a une importance certaine, la répartition des ministères entre les diverses tendances politiques présentes dans le gouvernement semble être pensée pour les équilibrer : l’Éducation nationale pour Anne Genetet, de gauche, l’Enseignement supérieur confié à Patrick Hetzel, de droite. Mais cela a surtout pour conséquence de permettre de neutraliser les éventuelles velléités droitières de certains. Tout le monde a bien compris que la politique du ministre de l’Intérieur, de droite (Bruno Retailleau), pouvait être sinon réduite à néant du moins largement édulcorée aussi bien par l’inaction que par les directives données par le garde des Sceaux et ministre de la Justice, de gauche (Didier Migaud).
La gravissime question des finances publiques est mise sous le double contrôle d’un ministre de l’Économie, des finances et de l’industrie (Antoine Armand) et d’un ministre du Budget et des Comptes publics (Laurent Saint-Martin, passé par le PS). Tous les deux sont d’authentiques macronistes. Le fait d’avoir placé le second auprès du Premier ministre et non sous la férule du premier suffira-t-il à donner de l’autorité à Michel Barnier en la matière ?
En tout cas, l’orientation pleinement pro-Union européenne de l’exécutif ne fait pas de doute (même si Michel Barnier, ancien commissaire européen, a mis de l’eau dans son vin lors de la primaire de la droite en 2021) : le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (Jean-Noël Barrot, fils d’un ancien vice-président de la Commission européenne) codirige le MoDem, et c’est encore un macroniste, Stéphane Séjourné (issu du courant strauss-kahnien du PS), qui a été nommé à la Commission européenne en remplacement de Thierry Breton, poussé à la démission.
Des ministres prisonniers de l’idéologie dominante
Les ministres LR sont d’ores et déjà prisonniers de l’orientation idéologique globale du gouvernement. Et celle-ci ne fait aucun doute :
c’est le progressisme qui s’applique, notamment en matière de mœurs et de morale.
Ainsi, le portefeuille de la Famille a-t-il été refusé à Laurence Garnier parce qu’elle s’est opposée à la constitutionnalisation de l’avortement ; il a été donné à une autre sénatrice, Agnès Canayer, qui, elle, avait voté pour.
Pour préserver ses chances à la prochaine présidentielle, Laurent Wauquiez n’est pas entré dans le gouvernement. Mais pourra-t-il sérieusement se distinguer de l’action des ministres de son parti ? S’ils réussissent, ce sera au bénéfice du centrisme (et donc a priori plutôt d’Édouard Philippe). S’ils échouent, cela pourrait contribuer à le décrédibiliser.
Devenir ministre est-il vraiment un appât si grand que les LR n’ont pu y résister, au risque de voir leur famille politique disparaître par absorption ou par faillite ?
À part servir de béquille au macronisme, que sont-ils donc allés faire dans cette galère ? Éric Ciotti, Éric Zemmour et Marine Le Pen s’en frottent les mains …
Guillaume Bernard pour le Club de Valeurs actuelles.
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