N’importe quel Français ou Européen ne comprendrait pas qu’il puisse voter sans présenter une pièce d’identité !
Une question lui viendrait immédiatement à l’esprit : comment être sûr de l’identité de la personne qui vote ? Et aussi : comment empêcher une personne de voter deux fois ?
Mais, il semblerait que certaines personnes ne voient aucun inconvénient à cette absence de contrôle et pire, trouvent anormal, voire scandaleux, de demander une pièce d’identité aux électeurs !
Parmi eux, on trouve beaucoup de membres du Parti démocrate américain, ce qui ne fait que renforcer le doute de fraude électorale qui a entaché la dernière présidentielle américaine.
Voici une illustration qui circule actuellement sur la toile :
Pour préparer cet article, j’ai recherché d’autres articles qui dénonçaient ce laxisme américain et à ma grande surprise le premier article sur lequel je suis tombé est un article qui dénonce, au contraire, l’obligation de présenter une pièce d’identité.
On ne s’étonnera que cet article soit paru dans un magazine de gauche ! Il s’agit d’un article du Nouvel Obs que je publie ici dans le but de pointer l’irresponsabilité de la gauche.
En fait la gauche se soumet à des principes qui, une fois appliqués, conduisent à des catastrophes !
J’en ai eu un exemple récent sur le plateau de CNews sur lequel, Philippe Guibert, chroniqueur socialiste, a expliqué pourquoi la gauche défendait toujours l’immigration :
Les gens de gauche ont un surmoi qui leur fait considérer l’accueil comme une valeur cardinale !
Ah, ben si c’est le surmoi, alors …
Voici donc l’article du Nouvel Obs qui date de 2014 mais qui garde tout son intérêt, d’autant plus qu’entre temps, il y a eu la victoire controversée de Joe Biden contre Donald Trump.
On y voit un laborieux plaidoyer contre l’obligation de prouver son identité :
La carte d’identité obligatoire pour voter
fait scandale aux Etats-Unis
Montrer une pièce d’identité officielle pour voter, c’est normal ? En France, oui, mais contraire à l’usage aux Etats-Unis. Les mouvements pour les droits civiques combattent cette mesure qui gagne du terrain, jugée raciste et discriminatoire, conçue par la droite pour écarter des urnes les pauvres et les jeunes.
La première fois que je suis entrée dans un bureau de vote américain, je n’étais pas encore naturalisée, j’accompagnais juste mon mari qui avait oublié ses lunettes pour lui dire quelles cases cocher. On sortait de la gym, on n’avait pas de papiers. Il a dit : « C’est moi, Machin », il a signé sur le registre d’émargement, et hop, on est entrés ensemble dans l’isoloir. Je n’en revenais pas.
C’est fini. En moins de dix ans, 34 Etats ont adopté une loi exigeant une « ID » (identification) pour voter. Certains se contentent d’un simple relevé bancaire ou d’une facture d’électricité sans photo, d’autres d’un numéro de sécurité sociale, d’une carte d’étudiant ou d’ancien combattant.
Effacer jusqu’au souvenir d’Obama
Mais pas la Caroline du Nord, dont la loi très restrictive en fait désormais l’emblème national des partisans et opposants à la réforme des « voter ID ». Cet Etat, en pleine accélération conservatrice, concentre aujourd’hui toutes les tentatives républicaines pour éradiquer jusqu’au souvenir d’Obama.
J’ai raconté comment ce « swing State », qui n’a jamais cessé d’osciller entre la droite et la gauche, est aujourd’hui aux mains d’un gouverneur et d’un Congrès républicains bien plus radicaux que ce qu’avaient escompté nombre de leurs électeurs. Lesquels se mordent aujourd’hui les doigts, et le font savoir depuis plus d’un an en participant à la contestation sociale tonitruante des Moral Mondays.
Un procès important a débuté le 6 juillet, qui oppose à l’Etat de Caroline du Nord l’administration Obama, l’American Civil Liberties Union, la NAACP (l’historique mouvement de défense des Noirs) et, nouveaux venus dans la bataille, des étudiants d’université. Ces derniers ont des arguments nouveaux, qui pourraient faire pencher la balance de manière inattendue.
La lutte contre la fraude, un faux argument
L’argument de la fraude est évidemment utilisé par les partisans de l’ID. Des gens qui pourraient voter pour d’autres ? Ou voter dans plusieurs Etats, puisque les dates d’élections varient, et que les bureaux de vote sont ouverts plusieurs jours d’affilée ?
Et bien non, apparemment, très peu de cas de fraudes sont recensés. En 2006, une étude du ministère de la Justice avait montré qu’entre 2002 et 2005, sur 197 millions de votes à des élections fédérales, seuls 40 votants avaient été inculpés pour fraude, dont seulement 26 déclarés coupables. Soit 0,00000013% – rien du tout.
Vu d’Europe, on s’interroge sur la raison d’un tel foin autour d’une malheureuse ID exigée avant de voter, ce qui semble tout de même de bon sens. C’est qu’en Caroline du Nord, la nouvelle loi, supposée prendre effet en 2016 pour l’élection présidentielle, élimine toute demi-mesure.
Des mesures coercitives
La loi, votée l’an dernier, ne se contente pas d’exiger une ID officielle, mais rigidifie les procédures de vote de manière à décourager le plus possible les électeurs : en supprimant la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales le jour du vote ;
- en supprimant la possibilité pour les jeunes de s’inscrire à partir de 16 ans, pour être prêts à voter à 18 ans ;
- en raccourcissant de dix-sept à dix jours la période du « vote en avance », un système qui permet aux travailleurs, par exemple, de choisir quand ils se rendront aux urnes, sans risquer d’être licenciés de leur travail.
Cet ensemble de mesures scandalise la gauche américaine, et met en fureur les militants antiracistes, qui y voient une résurgence des vieilles lois ségrégationnistes.
Les vieilles lois ségrégationnistes ressuscitent
Les Afro-Américains avaient obtenu le droit de vote en 1870, mais certains Etats du Sud exigeaient des électeurs qu’ils passent un test scolaire – auxquels la plupart des Noirs échouaient –, ainsi que le versement d’une taxe – que ces derniers ne pouvaient pas payer.
En 1965, le Voting Rights Act, une loi nationale, a mis fin à ses pratiques, et imposé un strict contrôle fédéral sur toute tentative de modification des règles locales d’accès au vote.
En 2004, l’Arizona tente le coup la première, exigeant une ID pour voter, suivie par l’Indiana en 2005. Les mouvements pour les droits civiques contestent, mais la Cour suprême confirme que les Etats ont le droit d’inclure cette disposition dans leur code.
Il ne se passe plus rien jusqu’à ce qu’Obama soit élu président, largement grâce à la mobilisation sans précédent de l’électorat noir et des jeunes. Et là, on assiste à une déferlante de lois républicaines imposant une ID dans les bureaux de vote, stricte ou minimaliste.
Au Texas, la carte d’étudiant pas valide
Le Texas, par exemple, accepte comme ID le permis de port d’arme, mais pas la carte d’étudiant, même pas celle délivrée par les universités publiques. Qui, des partisans du port d’arme sans condition, ou des étudiants, est le plus susceptible de voter à gauche ?
Difficile, pour un Français dressé depuis l’adolescence à ne jamais sortir sans ses papiers, de comprendre la réticence des Américains à se faire établir une ID en bonne et due forme. Pour conduire, pas de problème, ils acceptent l’idée du permis, qu’il faut cependant repasser pour être en règle lorsqu’on déménage dans un autre Etat (passer le permis est pratiquement gratuit aux Etats-Unis).
Pour le reste, comme confirmer qu’on a plus de 21 ans pour acheter ou boire de l’alcool, ou pour présenter à un guichet quelconque, n’importe quelle carte avec photo (dite « photo ID ») fait l’affaire. Il n’y a que pour voter qu’il faut désormais, si on n’a pas de permis de conduire, brandir parfois une « non-driving voter ID » officielle.
Tout le monde n’a pas d’extrait de naissance
Pourquoi cette exigence d’une ID serait-elle une mesure raciste, du moins dirigée contre les pauvres et les minorités, comme le soutient la NAACP ? Parce que les démarches administratives ne sont pas faciles quand on ne peut s’absenter de son travail pour les effectuer, quand on n’a pas de voiture, quand on est peu éduqué, et surtout – surtout – quand on n’a pas de certificat de naissance (payant) à fournir.
Le problème du certificat de naissance est apparemment le principal problème des Noirs âgés, nés dans le Sud, pas enregistrés à l’état civil, ou encore dont le nom a mal été orthographié à un moment de leur vie.
Pour pallier cette difficulté, certains Etats acceptent à la place un historique de scolarité fourni par les établissements scolaires. Malheureusement, il faut souvent montrer une ID pour accéder à son historique scolaire.
Un groupe d’avocats militants des droits civiques a passé en revue un nombre phénoménal de cas dans lesquels les gens – Américains de souche ou immigrés légaux – n’ont pas pu obtenir d’ID pour voter dans les Etats où la loi est déjà en application. Parmi eux, beaucoup de vieilles personnes qui votaient sans problème depuis quarante ans. Des sans-domicile fixe. Des femmes dont le nom de jeune fille du certificat de naissance ne colle pas avec leurs nouveaux papiers d’épouse. Et bien d’autres cas.
Empêcher les minorités raciales de voter
Eloigner des urnes le plus grand nombre possible d’électeurs démocrates potentiels, tel est l’objectif des républicains, soutient le pasteur Barber, leader de la NAACP de Caroline du Nord, grand manitou des Moral Mondays.
Barber rappelle à longueur d’interview que la frange ultra-droite qui dicte sa loi au Congrès de Caroline du Nord a été élue aux élections de mi-mandat de 2010 par moins de 25% des électeurs. Barber pense que ces sénateurs et députés peuvent facilement être battus au prochain scrutin si les électeurs qu’on cherche à empêcher de voter se mobilisent.
Tel est l’argument de base martelé au procès en cours par la NAACP et les autres organisations : il ne faut pas empêcher les minorités raciales de voter.
Et pas non plus les jeunes, ajoutent les six étudiants qui se sont joints in extremis à l’action en justice. Ils s’insurgent contre le refus de reconnaître les cartes d’étudiant comme ID – alors que les cartes d’ancien combattant sont acceptées –, ainsi que les permis de conduire émis dans d’autres Etats.
Ils s’insurgent aussi contre la suppression de l’inscription sur la liste électorale au moment de voter, une mesure qui touche de plein fouet les étudiants imprévoyants.
Les jeunes, un nouveau front militant
La présence des étudiants parmi les organisations plaignantes au procès en cours rend l’action en justice plus excitante que prévue. C’est en effet un nouveau front, encore jamais exploré par les militants des droits civiques, dans cette affaire de droit de vote.
Il est en effet possible que les juges balayent l’argument de harcèlement des minorités raciales – comme ça a été le cas dans la plupart des recours dans les autres Etats – pour retenir la discrimination antijeunes.
Ils pourraient alors valider l’exigence d’une « voter ID », mais rétablir les jours de vote anticipé et l’inscription sur les listes sur place dans les bureaux de vote.
Les militants pour les droits civiques seraient presque satisfaits, sachant que la jeune génération noire aura moins de difficulté à se faire établir une ID officielle que ses parents et grands-parents.
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