L’écroulement de l’école fait le lit de l’islamisme

Publié par le 16 Oct, 2024 dans Blog | 0 commentaire

L’écroulement de l’école fait le lit de l’islamisme

L’islamisme est un totalitarisme !

A ce titre, il s’accommode mal d’un peuple intelligent, d’un peuple qui pense par lui-même ! Les religions ne vous demandent pas de penser mais seulement de croire !

Sans aller trop loin dans la comparaison, le progressisme est lui aussi une religion et donc un totalitarisme. D’ailleurs, il cherche, par tous les moyens, à faire taire ses opposants, notamment sur les réseaux sociaux, car il ne supporte pas que ses ouailles entendent un autre sermon que celui qu’il tient !

L’islamisme a compris que c’est à l’école  que se joue son avenir et il a lancé une grande offensive contre l’école et surtout contre la laïcité que l’on essaye d’y maintenir.

Voici une excellente analyse de Pierre Vermeren, parue dans le FigaroVox, qui démonte la stratégie des Frères musulmans appliquée à l’école :

« En France, les islamistes tentent d’accentuer le faible niveau de l’école pour tuer l’esprit critique des élèves »

Adversaire résolu de l’école de la République, l’islam politique mine l’institution scolaire de l’intérieur, explique l’historien Pierre Vermeren. À la lumière des exemples étrangers, où les Frères musulmans et les talibans ont pris le pouvoir, il explique ce que les islamistes veulent faire de l’Éducation nationale.

Pierre Vermeren (crédit dessin © Fabienne Clairefond – Le FigaroVox)

Alors que se multiplient les incidents relatifs à la laïcité en milieu scolaire, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale peut s’appuyer sur le travail de fond effectué par des chercheurs, des parlementaires et les services de l’État sur la situation de l’école aux prises avec l’islam politique.

Chassés du monde arabe, où ils sont criminalisés ou interdits, Frères musulmans et salafistes sont à l’offensive en Europe occidentale.

Ils ciblent tous les musulmans, englobés par eux dans une prétendue « communauté musulmane », se donnant pour mission de la structurer en « réislamisant » ses membres. Cela passe en premier lieu par le contrôle des femmes, de leur habillement, de leurs déplacements et de leur nuptialité. Pour les Frères, « la » femme est une mère, et la première éducatrice des enfants : elle « fait » le musulman. L’éducation et l’école constituent donc la seconde priorité absolue de ces militants.

Menaçant leur projet d’éducation, l’école de la République nuit selon eux à l’avenir de l’islam. Constituant une insupportable intrusion de l’État dans l’éducation de leurs enfants, l’école laïque doit être désarmée. En juin 2013, l’influenceur islamiste Elias d’Imzalène, qui s’est illustré en 2024 en appelant au djihad dans Paris, était très clair :

Vos écoles, dans lesquelles vous envoyez vos enfants, dans lesquelles on m’a appris à mécroire, à détester (l’islam, NDLR), à détester nos ancêtres, doivent être abandonnées et qu’on arrive à nos écoles (…). Aujourd’hui, nous devons nous dire : “Le projet d’école et le projet de mosquée, c’est deux choses qui vont ensemble.” 

Bras de fer avec l’école publique laïque

Pour les Frères et leurs cousins salafistes, l’État est ce (faux) dieu par lequel les Occidentaux et les États modernes ont remplacé le seul vrai Dieu. Avec leurs relais, ils aident ainsi les mères de famille gagnées à leur idéologie à soustraire leurs enfants à l’influence jugée pernicieuse de l’école laïque. C’est la raison pour laquelle la bataille du voilement des mères accompagnatrices de sorties scolaires – qu’ils ont gagnée – est devenue une quasi-affaire d’État.

Forts de ces convictions, les Frères instaurent au quotidien un bras de fer avec l’école publique laïque. Il s’agit d’entraver la formation de citoyens en dehors des croyances familiales et sociales. Jules Ferry voulait les doter d’une faculté de jugement rationnelle fondée sur des connaissances scientifiques et linguistiques modestes – en primaire et au collège – mais fermes. Or la puissance de l’école française s’est émoussée depuis cinquante ans, sous la triple influence du pédagogisme, du libéralisme de marché et de l’effondrement de l’école sanctuaire, désormais ouverte aux parents, aux réseaux sociaux et aux associations. Pour les Frères, cet affaissement de l’école républicaine est l’occasion historique d’imposer aux enfants musulmans – et au-delà si possible – leur propre formation.

Pour nombre de nos contemporains, une telle analyse, peu compréhensible, serait complotiste ! Ils ignorent en effet ce qu’est une pensée religieuse conquérante, n’en ayant ni le souvenir ni la connaissance, faute d’enseignement du fait religieux. En outre, les mêmes sont largement dépolitisés, souvent peu formés à la politique à la manière dont syndicats et partis faisaient ce travail au temps des grandes idéologies. L’individualisme libéral pousse toujours davantage à se replier sur le soin de son propre corps, ce qui rend inapte à comprendre l’esprit et le fonctionnement d’une secte religieuse. Celle-ci est en effet poussée et déterminée par une foi dogmatique, et par une politique œuvrant au service d’intérêts collectifs de long terme, de surcroît avec une vision messianique et théocratique.

Tentons d’appréhender en quelle basse estime les tenants de l’islam salafisé tiennent l’école publique, raison pour laquelle ils tentent de la mettre hors-jeu.

Certains exemples nous paraissent lointains, qu’il s’agisse de Boko Haram au Sahel (littéralement : « livres interdits hors du Coran ») ou de l’Afghanistan des talibans : mais le premier acte commis par ces fondamentalistes au pouvoir est de détruire les écoles ou d’interdire leur accès aux filles. Dans l’Algérie des années 1990, les Groupes islamiques armés (GIA) faisaient de même : à la fin de la « décennie noire », il restait un seul professeur de français en poste dans ce pays. Enfin, sur les dix pays du monde où la part des personnes alphabétisées est la plus faible, se distinguent sept pays marqués par le fondamentalisme islamique (19 % d’alphabétisés au Niger, 30 % en Guinée, 33 % au Mali, 37 % au Burkina, 38 % en Somalie et au Bénin, 40 % en Afghanistan).

Deux visions de l’école chez les Frères

L’arabisation des écoles secondaires au Maghreb, qui fut le support du tournant idéologique des années 1980, visait à saper les bases de la contestation socialiste. En supprimant la philosophie, la littérature et le français au profit de l’arabe et de l’instruction islamique, confiée aux fondamentalistes, elle a forgé la montée de l’islamisme régional.

Plus près de nous, le passage des Frères musulmans en coalition à la tête de la Tunisie, de 2011 à 2021, au pays de Habib Bourguiba, s’est traduit par la déscolarisation de 1 million de Tunisiens, renvoyés aux champs ou à la maison.

Aucune réforme ne fut nécessaire, la cause était entendue.

Pourquoi un tel acharnement contre l’école quand les circonstances le permettent ? Pour les tenants d’un islam salafisé, seul l’arabe coranique textuel mérite d’être appris (un équivalent du latin, et non l’arabe populaire parlé, comme le pensent les Français), afin de lire le Livre – le Coran -, ses commentateurs, et les récits de la vie et les dires du prophète Mahomet. Certes, la raison d’État impose, même chez les plus rigoristes, qu’une minorité de garçons étudie les sciences, car la formation d’ingénieurs, d’informaticiens et d’officiers n’est pas optionnelle.

Une idée tenace diffusée par les Frères musulmans en Europe est qu’ils accorderaient une grande importance à l’excellence scolaire. Cela paraît contradictoire avec ce qui vient d’être écrit.

Mais il existe deux visions de l’école chez les Frères : l’élitisme pour une minorité triée sur le volet versus une hostilité au savoir et à l’émancipation pour la masse.

Ainsi, le lycée Averroès de Lille se targue d’avoir en proportion autant de mentions très bien au baccalauréat que le lycée catholique Stanislas, et il médiatise ses studieuses bachelières voilées. 

Cet affichage est ce que nous voulons entendre : satisfaire les aspirations d’une élite, et forger des compétences pour occuper des postes de pouvoir. Or cette élite de musulmans et des musulmanes modèles est destinée à ferrailler et à en imposer aux adversaires politiques (sur le voile, le halal, le séparatisme…), à Sciences Po, à Bruxelles ou dans des associations ; ce combat culturel que l’on voit à l’œuvre tous les jours se présente ainsi sous les atours d’une force sociale moderne.

Or, pour la masse, le projet est autre. En France, il ne s’agit pas comme au Sahel d’éradiquer l’école, mais de maintenir un niveau de connaissances faible afin de tuer l’esprit critique et le rationalisme, l’imaginaire et la fiction, ou encore d’ignorer l’Histoire, qui n’aurait aucun intérêt pour la connaissance de Dieu.

L’enfermement culturel vise à rendre les jeunes captifs des seules autorités légitimes, le père et la mère de famille, le maître coranique, la communauté.

Le Coran étant la perfection qui contient le monde, l’islam est LA solution, et la soumission des croyants ne peut aller qu’à Dieu.

Une économie placée sous l’emprise du halal

De ce postulat résulte une hostilité globale envers l’école laïque, qui nourrit trois objectifs. Le premier est de favoriser la ghettoïsation des « musulmans » présumés dans des quartiers. Ce séparatisme est davantage voulu par certains que subi – exception faite des primo-arrivants affectés par les services sociaux. Le regroupement communautaire en quartiers, que l’on retrouve à travers l’Europe, permet de contrôler les filles et de favoriser l’endogamie, observée de longue date au Maghreb. 

En exil, cette vie communautaire à l’écart est un idéal pour les fondamentalistes ; elle fut constatée aussi dans de petites villes de Tunisie après la révolution de 2011. En Europe, ce séparatisme facilite une économie placée sous l’emprise du halal, qui cherche la disparition de l’altérité culturelle. Il existe de multiples techniques pour s’approprier un quartier et en chasser les récalcitrants – non musulmans ou musulmans sécularisés -, surtout quand les pressions sont coordonnées. Les personnes, commerces ou groupes non désirés quittent le quartier, surtout s’ils sont attachés aux libertés de leurs filles ou désireux de leur intégration.

Au sein de l’école, le second objectif est de compliquer l’enseignement de toutes les disciplines : prohibition du darwinisme et de l’éducation sexuelle en biologie ; de la natation pour les filles en EPS, et parfois de tout sport ; de l’enseignement du christianisme ou du génocide juif en histoire ; négation de la conquête de la lune par les Américains ; œuvres de littérature et artistiques jugées blasphématoires ou impudiques (Madame Bovary, certains ouvrages de Voltaire ou de Botticelli, la statuaire grecque, etc.) ; mais aussi la musique et le figuratif (les visages) chez les plus radicaux. 

En revanche, le platisme peut être imposé en géographie et en physique. Pour refuser les enseignements imposés, l’absentéisme au long cours est une technique facile, d’autant que l’Éducation nationale valide toute absence justifiée par les parents : combien de millions d’heures de cours par élève sont ainsi perdues, avec des conséquences irrémédiables ? Avec l’absentéisme des fêtes islamiques (activé en 2024 de manière inédite), du vendredi parfois, et la relâche du ramadan, qui pèse sur tant d’établissements, tout un arsenal déstabilise l’école.

Nier l’évolutionnisme, affirmer que la terre est plate et que l’on n’a pas marché sur la lune disqualifient la science et ruinent la rationalité. Cette attitude mentale condamne ses victimes à vivre dans un monde parallèle, où dominent l’illusion et le complotisme.

Si le troisième objectif est de faire reculer – ou fuir – les professeurs laïcs convaincus de leur mission, souvent les plus compétents, ou les personnels de direction résistants – quitte à les harceler -, force est de reconnaître qu’il est à l’œuvre. La peur fragilise gravement l’institution. Les causes sont certes multiples, mais le vivier des futurs jeunes professeurs a fondu en quinze ans dans la plupart des disciplines. Envoyés de manière prioritaire dans les quartiers exposés, au sujet desquels courent mille histoires rapportées – nonobstant les assassinats de Paty et Bernard -, les préparationnaires aux concours manquent. Des milliers de postes vacants sont pourvus par des « faisant fonction » parfois peu qualifiés, souvent issus de ces quartiers, et donc fragiles et sous influence. Ils ne connaissent que trop les us et les exigences de leur quartier.

Lutte à bas bruit

L’actualité confirme la réussite de cette stratégie, même si tout ne peut pas être imputé à un seul groupe. La masse des actes relevés par les administrations n’est pas sans signification. Quelque 250 écoles ont été attaquées lors des émeutes de juin 2023 (5 demeurant fermées à la rentrée), poursuivant un mouvement ancien. Les incendies criminels de gymnases, hélas courants, sont-ils par ailleurs fortuits ? Un rapport sénatorial a dévoilé que 100 000 professeurs sont menacés chaque année, soit un sur huit. En 2022 et 2023, l’offensive sur l’abaya a été si coordonnée par les réseaux sociaux – dans un lycée de la banlieue lyonnaise, on a compté jusqu’à 200 abayas – que le ministre Attal a finalement interdit ce signe religieux. Lors du ramadan suivant, de graves incidents ont éclaté autour du voile, des proviseurs d’Île-de-France ayant été menacés de mort. Car le voile demeure la mère des batailles.

Cette lutte à bas bruit affaiblit les apprentissages et le niveau de centaines de milliers de jeunes de nos écoles. Un faible niveau scolaire rend la pensée incertaine et facilite la soumission. Tout débat à ce sujet est difficile, car il dévoilerait un malaise profond. Or la non-maîtrise du français chez des enfants nés en France interdit à des dizaines de milliers de jeunes, mêmes intelligents, de faire des études. Le français écrit comme une langue étrangère est rédhibitoire ; il ne permet pas la compréhension minimale requise dans un monde où l’écrit reste le support de la connaissance. Au-delà, le bras armé politique et idéologique de l’État français est atteint. 

La réislamisation par le bas et la prise de contrôle de microsociétés archipélisées, la fragilisation extrême de l’école, la ghettoïsation de l’habitat sont à la fois un résultat, une stratégie de contrôle et les effets d’une doctrine.

Les fréro-salafistes ont peu d’estime pour cette société, et leurs ambitions, confortées par Bruxelles, sont d’autant plus vives qu’ils ont perdu pied au sud de la Méditerranée.

Pierre Vermeren pour le FigaroVox.

Normalien, agrégé et docteur en histoire, Pierre Vermeren  est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages remarqués, comme « La France qui déclasse. De la désindustrialisation à la crise sanitaire » (Tallandier, « Texto », 2020) et « L’Impasse de la métropolisation » (Gallimard, « Le Débat », 2021). Il a publié avec Sarah Ben Néfissa « Les Frères musulmans à l’épreuve du pouvoir. Égypte, Tunisie (2011-2021) » (Odile Jacob, 2024).

Les sympathisants de gauche seraient bien avisés de lire ce remarquable texte pour comprendre qu’ils doivent cesser de suivre leurs élites qui les transforment en idiots utiles de l’islamisation de la France !

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