
Le titre de cet article résume la diatribe que le vice-président américain JD Vance avait adressé à l’Europe en parlant des attaques de l’Europe sur la liberté d’expression, notamment celles contenues dans le Digital Service Act (DSA) qui veut établir la censure sur les réseaux sociaux.
Je relaye aujourd’hui un article de Jonathan Turley qui développe les critiques de JD Vance sur le sinistre DSA.
Jonathan Turley est un avocat, juriste, écrivain, commentateur et analyste juridique américain, spécialisé dans le journalisme audiovisuel et écrit. Professeur à la faculté de droit de l’université George Washington, il a témoigné lors de plusieurs audiences de destitution et procès de révocation au Congrès, notamment lors de la destitution du président Bill Clinton et des première et deuxième destitutions du président Donald Trump. Turley est un défenseur du Premier Amendement et écrit fréquemment sur les restrictions à la liberté d’expression dans les secteurs privé et public.
Voici son article paru dans le Saker francophone :
« Agnostique vis-à-vis du contenu » :
Une dirigeante de l’UE réfute ses politiques
opposées à la liberté d’expression,
dans une lettre étrange envoyée au Congrès

La brillante commissaire européenne Henna Virkkunen, jamais élue par personne, mais ravie d’étaler son goût exquis pour les beaux arts.
Peu après mon retour de Berlin, à l’issue du Forum Mondial, j’ai témoigné devant le Comité Judiciaire du Sénat, et averti de la menace en construction envers la liberté d’expression que cause le Digital Services Act [DSA] de l’union européenne. Jim Jordan, président du Comité Judiciaire de la Chambre, s’est emparé du sujet et a reçu une lettre de la part de Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission Européenne sur les sujets de souveraineté technologique. Sa lettre est aussi vague que fallacieuse.
Dans mon ouvrage, Le Droit Indispensable, je détaille la manière dont le DSA a déjà été utilisé pour bâillonner la liberté d’expression au travers d’enquêtes et de mises en examen. En contradiction directe avec les déclarations passées émises par l’UE, Virkkunen a réfuté toute tentative de réguler la libre expression ou de mettre en application le DSA hors d’Europe.
Ce qui a vraiment de quoi rendre fou est la fausse affirmation selon laquelle l’UE resterait « profondément engagée à protéger et promouvoir la liberté d’expression ». Nombreux sont ceux qui, au sein de la communauté de la liberté d’expression, considèrent l’UE et son DSA comme les principales menaces en Occident envers la liberté d’expression.
Dans sa lettre, Jordan soulève à raison les préoccupations selon lesquelles le DSA pourrait « limiter ou restreindre la liberté d’expression des Étasuniens », protégée par la constitution, en contraignant les plateformes à réprimer ce que l’UE considère comme des discours « fallacieux ou trompeurs ».
Dans sa réponse, Virkkunen décrit bizarrement le DSA comme « agnostique envers les contenus« , tout en insistant que l’idée que le DSA « ne s’applique qu’au sein de l’Union européenne ».
Cela ne correspond pas à ce qu’on dit par le passé les dirigeants de l’UE, ni à ce qu’édicte la loi. Les articles 34 et 35 du DSA exigent de tous les sites qu’ils identifient, évaluent et pondèrent « les risques systémiques » posés par les contenus, y compris toute menace envers les « discours civiques », et envers « la santé publique ». L’UE s’accorde les prérogatives de définir et de juger ces catégories en termes de conformité.
La loi interdit la parole considérée comme de le « désinformation » ou comme une « incitation ». Margrethe Vestager, vice-présidente de la commission européenne [élue par personne, NdT], a célébré l’adoption de cette loi en déclarant qu’il « ne s’agissait plus d’un slogan, que ce qui est interdit hors-ligne devrait également être vu et traité que ce qui est interdit en ligne. Désormais, c’est appliqué. La démocratie est de retour. »
Certains Étasuniens se sont tournés vers l’UE pour contraindre à la censure certains de leurs concitoyens. Après le rachat de Twitter par Elon Musk, et le démantèlement de la plus grande partie du programme de censure de la société, de nombreux adeptes de la gauche ont vu rouge. Cette furie n’a fait qu’augmenter lorsque Musk a publié les « Twitter files », qui ont confirmé la coordination et le soutien du gouvernement des États-Unis dans les opérations de ciblage et de suppression de la liberté d’expression, pourtant longtemps réfutés.
En réponse, Hillary Clinton et d’autres personnalités du Parti démocrate se sont tournés vers l’Europe, et lui ont demandé d’utiliser son Digital Services Act pour contraindre des Étasuniens à la censure. (Clinton s’est exprimée lors du Forum Mondial et a fustigé l’échec du contrôle de la désinformation).
L’UE a immédiatement répondu en menaçant Musk d’amendes confiscatoires non seulement envers sa société, mais envers lui-même. Il devait rétablir une censure massive, sous peine de s’exposer à la ruine.
Cette campagne a récemment culminé lorsque Musk a eu l’audace d’interviewer l’ancien président Donald Trump. En anticipation de l’interview, l’une des personnalités les plus célèbres au monde pour son opposition à la liberté d’expression a sorti les griffes.
Thierry Breton, ancien commissaire européen aux marchés et services intérieurs, a envoyé un message de menaces à Musk : « Nous surveillons les risques potentiels au sein de l’UE, associés à la dissémination de contenus propres à inciter à la violence, à la haine et au racisme en conjonction avec les événements politiques — ou sociétaux — majeurs dans le monde entier, y compris les débats et les interviews dans le contexte d’élections. »
L’UE est depuis longtemps l’un des corps les plus agressivement opposés à la liberté d’expression au monde. Elle a activement soutenu l’éviscération de la liberté d’expression dans ses 27 États membres. L’UE n’a rien d’« agnostique » lorsqu’on parle de liberté d’expression ; elle s’est depuis longtemps faite la championne d’un athéisme de la liberté d’expression.
Nous nous sommes confrontés aux dirigeants de l’UE, engagés dans une double pensée orwellienne depuis des années. Quoi qu’il en soit, la lettre de Virkkunen à Jordan éclate de par les tromperies qu’elle contient.
Jonathan Turley
Traduit par José Martí pour le Saker Francophone.




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