La propagande russe exploite les faiblesses françaises

Publié par le 22 Avr, 2025 dans Blog | 0 commentaire

La propagande russe exploite les faiblesses françaises

J’ai un peu hésité à relayer un article paru dans The Epoch Times et traitant de la propagande russe en Europe et particulièrement en France.

La majeure partie de l’article, trop manichéenne à mon goût, présentait la Russie comme le mal personnifié en tant que dictature, et à l’inverse, l’Europe et la France comme des modèles de démocratie.

Je n’ai décidé de publier cet article qu’au vu du dernier paragraphe que je soupçonne d’avoir été ajouté, a posteriori, sans doute par un second auteur ou par un rédacteur en chef …

La fin de l’article tente d’équilibrer l’article en faisant la part des choses entre la dictature russe et les démocraties occidentales coupables de limiter sans arrêt la liberté d’expression.

Voici donc cet article après la lecture de laquelle, les lecteurs se feront, comme toujours, leur propre opinion :

Pourquoi la France est-elle une cible
prioritaire de la propagande russe ?

La France est visée par des millions de contenus spécialement calibrés pour tenter de la déstabiliser de l’intérieur, à travers des opérations d’influence numériques prorusses. Cette propagande cherche à exploiter les faiblesses françaises sur fond de soutien à l’Ukraine, expliquent les chercheurs de DFRLab et CheckFirst, des organisations spécialisées dans la désinformation en ligne.

Dans cette « guerre informationnelle », la France « est, après l’Ukraine, le pays le plus visé en Europe par les tentatives de manipulation venant de l’étranger », révélait le Premier ministre François Bayrou devant le Forum 2025 de Viginum, s’interrogeant sur la manière de « protéger la démocratie face aux manipulations de l’information ».

Dans un rapport publié en février, Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, décrivait comment la Russie déploie une campagne très organisée de guerre informationnelle pour légitimer et engranger du soutien à sa vision de la guerre en Ukraine.

Au cœur de cette guerre de l’information, les valeurs démocratiques défendues par l’Occident, que le régime autoritaire russe, à l’image de son partenaire chinois, voit comme une menace à son propre pouvoir.

Un réseau russe de désinformation à grande échelle

Un soi-disant sondage, assurant que les Français préféreraient voter pour Vladimir Poutine plutôt qu’Emmanuel Macron, a circulé pendant plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Des centaines de contenus de ce type ont été publiés sur les réseaux sociaux, visant des sujets sur lesquels la société française se divise, partagés ensuite par de faux comptes ou des internautes crédules.

Selon Viginum, la propagande russe sur Internet prend plusieurs formes. Le réseau de sites « Pravda » a été identifié par les chercheurs et les autorités comme un relais de la propagande prorusse. Parmi les 3,7 millions d’articles publiés par ce réseau depuis août 2023 – qui se décline en presque 200 sites ciblant différents pays ou régions, 394.400 visaient la France, 376.700 l’Allemagne et 270.300 l’Ukraine, selon des rapports publiés par DFRLab et CheckFirst.

The Pravda Network

« Un réseau francophone robuste est évident […] [qui] n’inclut pas seulement la version France de Pravda mais s’étend aussi à d’autres pays francophones, montrant que le contenu produit à l’origine en russe est continuellement traduit et reconditionné pour des audiences francophones en France et dans des régions francophones en Afrique, comme le Sénégal et le Burkina Faso », décrit leur rapport.

Le réseau Pravda avait déjà été identifié en 2024 par Viginum, indiquant que ces « narratifs manifestement inexacts ou trompeurs […] participent directement à polariser le débat public numérique francophone ».

La France, le « pays le plus visé en Europe », après l’Ukraine

Le contexte géopolitique offre autant de possibilités d’attiser des sujets « inflammables », explique Amaury Lesplingart, co-fondateur de CheckFirst.

DFRLab et CheckFirst ont relevé des « pics » de publications visant la France à certains moments-clés comme les déclarations d’Emmanuel Macron évoquant des troupes au sol en Ukraine (février 2024) ou bien le discours de Volodymyr Zelensky à l’Assemblée nationale (juin 2024). Les positions françaises sur l’Ukraine, son rôle de pivot en Europe dans l’organisation des efforts de défense, ses compétences militaires et diplomatiques, etc., en font une cible prioritaire pour le Kremlin.

« Le déclenchement de la guerre en Ukraine est sur le chemin de la stratégie globale de la Russie, un chemin sur lequel on peut trouver tous les outils de déstabilisation des démocraties, toute la panoplie possible technologique, humaine et financière », analysait le géopolitologue Gérard Vespierre pour Epoch Times.

La France est aussi une proie facile de ces opérations de déstabilisation extérieures à cause de ses déboires intérieurs. L’instabilité politique a atteint un paroxysme depuis la dissolution de l’Assemblée, divisée à présent en trois blocs irréconciliables, faisant planer la menace d’une nouvelle censure à chaque vote d’une nouvelle loi.

L’économie est dans une « tendance de croissance ralentie », selon la Banque de France et les prix de l’énergie étranglent le budget des entreprises et des ménages. Le Budget 2026 s’annonce difficile, alors que le pays est déjà le plus taxé au monde et que la situation des services publics (hôpitaux, sécurité, éducation, justice, etc.) n’est pas à la hauteur des dépenses, également les plus élevées au monde.

D’autres sujets entament la confiance des Français envers leurs élites politiques et administratives : la fermeture de la première chaîne de la TNT par l’Arcom ou la condamnation à deux ans de prison ferme et 5 ans d’inéligibilité de la première opposante politique. De quoi alimenter un discours anti-gouvernemental exploité par les régimes autoritaires pour influencer les internautes derrière leurs écrans.

Selon une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) publiée en février 2024, les opérations d’ingérence russes visent à « amplifier les dissensions et fractures internes à la société française, tous sujets confondus, voire à soutenir ouvertement les intérêts de la Russie en dénonçant la politique étrangère de la France, des États-Unis, ou de l’Otan ».

« On peut en détecter des linéaments (de manipulations, ndlr) venant de Chine. On en détecte des interventions massives venant de Russie », a déclaré le Premier ministre François Bayrou devant le Forum 2025 de Viginum.

La force et la faiblesse des démocraties face aux régimes totalitaires

« Ils se sentent menacés par la démocratie, c’est ontologique. Ils ont un besoin vital de démontrer qu’elle est inférieure à leur système de gouvernement » analyse Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’Irsem, en parlant des régimes autoritaires communistes.

La force des démocraties est d’éviter d’utiliser les mêmes méthodes de contrôle des populations que les dictatures. L’antidote face aux régimes totalitaires est au contraire les valeurs démocratiques, le respect des libertés fondamentales – telles que la liberté d’expression et de la presse, la libre circulation des individus, la liberté de conscience -, la séparation des pouvoirs, l’autodétermination des peuples – qui implique la souveraineté et la protection des frontières -, et le pluralisme politique.

« La Russie a joué sur nos divisions et sur une faille importante de notre démocratie qui est le manque de pluralisme dans les médias mainstream », expliquait l’éditorialiste Patrick Edery à Epoch Times. « C’est-à-dire qu’il y a des questions interdites, qu’on n’a pas le droit d’aborder avec un avis contraire, comme l’immigration, le déclassement de la France, etc. », poursuit-il.

Le vice-président américain J.D. Vance avait alerté en février, lors de son discours à la Conférence sur la Sécurité de Munich, que la liberté d’expression était en recul dans les démocraties européennes. « Vance a constaté et dénoncé une dérive bureaucratique et anti-démocratique en Europe », commentait le journaliste franco-américain Gérald Olivier pour Epoch Times.

« L’Union européenne est noyautée par une forme de progressisme de plus en plus anti-démocratique : la liberté d’expression est restreinte au quotidien, des élections sont annulées quand des résultats ne conviennent pas, les mouvements populistes sont dénoncés comme systématiquement « fascistes » », a-t-il poursuivi, indiquant que les États-Unis pointaient la faiblesse d’ « une Europe devenue woke, en opposition aux anciennes valeurs démocratiques communes ». Une faiblesse exploitée par la propagande russe.

Germain de Lupiac pour The Epoch Times.

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