Ce matin, Eric Zemmour, dans sa chronique matinale, sur RTL, a rendu hommage à Arnaud Beltrame, le lieutenant-colonel de gendarmerie assassiné par un terroriste islamique.
Il a insisté particulièrement sur le décalage entre l’idéal de cet homme, capable, par de voir, d’aller jusqu’au sacrifice de sa vie et notre époque de déconstruction des valeurs traditionnelles telles que la patrie et la famille.
Voici sa chronique :
« Un héros » disent-ils … Un héros, du président de la république à tous les commentateurs de tous les bords, le mot tourne en boucle, dans toutes les bouches ! Un héros de la France, un héros de l’Armée, un héros de la République, un héros de l’humanité. Chacun choisit son héros, chacun a sa vision d’Arnaud Beltrame.
Il faut imaginer l’échange de pensées, peut-être de mots entre Arnaud Beltrame et son bourreau, le gendarme et le djihadiste qui allait l’égorger, entre celui qui sacrifiait sa vie pour en sauver une autre et celui qui sacrifiait lui aussi sa vie pour tuer des infidèles au nom d’Allah. Deux conceptions de la vie et de la mort qui se croisent, deux conceptions de Dieu, deux traditions étrangères et ennemies.
Comment devient-on djihadiste ? s’interroge t-on depuis des années en France et en Europe … Mais comment devient-on Arnaud Beltrame ? Peut-on se demander aujourd’hui. Comment devient-on aujourd’hui un héros prêt à sacrifier sa vie pour une cause plus grande qu’elle, à une époque où rien n’est mis au dessus de son « moi » tout puisant ?
La mère d’Arnaud Beltrame a déclaré que pour son fils, la patrie et la famille étaient au dessus de tout, que c’était un bleu-blanc-rouge. Le travail, la famille, la patrie, voilà des valeurs que depuis cinquante ans, depuis ce mai 68 que l’on célèbre bruyamment ces temps-ci, on nous a appris à rejeter, à diaboliser en les associant systématiquement à Vichy et à Pétain.
L’insulte de l’ancien candidat de la France Insoumise, qui se félicitait de la mort d’un gendarme, en mémoire du décès du manifestant Rémi Fraisse n’est pas un dérapage mais la queue de comète déphasée d’une idéologie anti-flics et anti-patriotique qui a dominé la gauche pendant des décennies et qui domine encore largement le paysage médiatique, culturel et universitaire français.
Arnaud Beltrame est lui, un archaïque, un ringard. Il a fait Saint-Cyr, pas HEC ! Il n’a jamais rêvé de devenir milliardaire, mais se contentait d’une paye minable dans la gendarmerie. Le but de son existence n’était pas de passer chez Hanouna ! Il s’est expatrié dans l’Aude, pas dans la Silicon Valley ! Il s’apprêtait à se marier, mais avec une femme, et à l’église ! C’était un chrétien dans un monde déchristianisé ! Un patriote à l’ancienne au milieu de tous ces flamboyants citoyens du monde !
Il n’a pas donné sa vie pour les valeurs de la République même s’il n’était nullement anti-républicain et qu’il a même fréquenté un temps une loge maçonne, mais pour l’amour de la France ! Ce n’était pas un moderne, c’est à dire un individu qui veut s’émanciper du carcan de la tradition. Beltrame, lui, a tout fait pour s’enfermer dans les carcans de la tradition. Il est l’héritier des chevaliers, des moines, pas des vedettes de la télé-réalité ! Il n’était pas de son temps, pas de notre époque.
Par l’intermédiaire de ses représentants les plus éminents, notre époque peut bien le récupérer, elle ne pourra pas effacer ce que son geste lui a d’irréductiblement étranger !
Eric Zemmour pour RTL.
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