« Au-dessus des lois, il y a la conscience humaine »

Publié par le 23 Oct, 2021 dans Blog | 3 commentaires

« Au-dessus des lois, il y a la conscience humaine »

J’ai une grande estime pour Henri Guaino, qui est sans doute le dernier des authentiques gaullistes.

Henri Guaino est le président d’honneur de l’association Notre France qui défend la souveraineté du peuple et l’indépendance nationale.

C’est dans ce cadre que Henri Guaino vient de publier un édito qui redéfinit les valeurs de la République en en définissant les limites, notamment concernant le secret de la confession.

Il défend avec courage le fait que la conscience humaine surpasse les lois de la République. Concernant la religion, il ne cache pas les problèmes que pose, dans ce domaine, l’islam qui ne fait pas la différence entre le spirituel et le temporel.

Il y a quelque chose qui ne passe pas. J’ai beau essayer de me raisonner en me répétant que la sagesse voudrait que je m’habitue à vivre avec la médiocrité de notre temps, mais j’ai beau faire, ça ne passe pas. Ce qui ne passe pas ? La tonalité et la teneur de débat autour du secret de la confession. Non à cause de ma pratique religieuse qui ne fait pas une grande place au confessionnal et qui de toutes les façons n’intéresse que moi, mais parce que je me demande jusqu’où nous allons nous acharner à détruire nous mêmes notre propre civilisation avec l’aveuglement de ceux qui coupent la branche sur laqualle ils ne voient pas qu’ils sont assis.

La commission Sauvé a fait un travail remarquable et c’est l’honneur de l’Eglise de l’avoir créée afin de faire une fois pour toutes la lumière sur les souffrances causées en son sein par la pédophilie. Le bilan sur sept décennies est accablant, à cause du nombre des victimes et parce que c’est l’Eglise. Il ne le serait sans doute pas moins si l’on faisait la même enquête pour toute la société. Qui ne se souvient que ce crime contre les enfants était à la mode il y a encore moins de 40 ans dans certains milieux post soixante huitards qui en faisaient ouvertement l’apologie ?

Fallait-il pour autant s’en prendre au secret de la confessions avec autant de hargne et de bêtise ?

Et les enfants me dira-t-on ? Il faut faire passer la protection des enfants avant tout ! Qui serait indifférent à ce cri du cœur ?

Seulement voilà, si le secret de la confession n’est plus sacré, personne ne viendra confier quoi que ce soit de ce genre au prêtre et la parole n’étant plus libérée dans le dialogue avec Dieu dont le confesseur n’est que l’intercesseur, la levée de la sacralité du secret ne sauvera aucun enfant. Plus utile serait de former le prêtre pour qu’il réveille la conscience de celui qui lui confesse ses crimes.

La protection des enfants n’est donc pas en cause.

Ce qui est en cause, d’abord, c’est l’incapacité, si répandue de nos jours, à comprendre qu’une société humaine ne peut pas survivre sans un minimum de secret et de sacré.

Ce qui est en cause aussi, c’est de poser comme principe qu’il n’y a rien au-dessus des lois de la République. Mais au-dessus des lois humaines, heureusement, il y a la conscience, ce tribunal intérieur qui est pour moi la marque même de l’humanité. Sinon il faut condamner Antigone, prendre le parti des juges qui ont condamné Calas contre Voltaire, pour ceux qui ont condamné Zola pour avoir écrit « J’accuse !», pour les juges qui ont condamné De Gaulle à mort pour avoir refusé l’armistice demandé le 17 juin 40 par ce qui est encore le gouvernement de la République.

« Un homme révolté est un homme qui dit non, dit Camus. Et qu’y a -t-il dans ce non ? Il y a vous avez franchi une limite »

Il est temps de renoncer à cette sentence absurde selon laquelle il n’y aurait rien au-dessus des lois de la République, en se souvenant que le premier principe de notre pacte républicain est la liberté de conscience et de culte. Sauf à prendre comme modèle de la République celle du Comité de Salut Public et de la Convention, celle des prêtres jureurs et de la loi des suspects. La loi des suspects qui pouvait conduire jusqu’à l’échafaud celui qui était simplement soupçonné de ne pas être assez bon républicain a été votée par la Convention, première assemblée démocratiquement élue de notre histoire. La Terreur, ce fut la perte du sens des limites, perte qui fait les totalitarismes. Ce n’est pas cela pour moi la République.

Et le secret sacré de la confession touche au coeur intime de la foi et de la conscience sans mettre en quoi que ce soit en cause par lui-même l’ordre social.

Ce secret dans ce qu’il a de sacré est l’un des principes sur lesquels reposent l’Eglise Catholique intercesseur entre les hommes et Dieu.

Et cette Eglise, que l’on soit croyant ou non croyant, pratiquant ou pas, catholique ou pas, est intimement liée non seulement au mystère d’une religion mais aussi d’une civilisation, la nôtre.

On me dira : « Mais alors, les Musulmans ? il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures ! »

Non, concernant la foi, la liberté de conscience, il ne peut pas y avoir, en effet, deux poids deux mesures.

Mais notre problème avec l’Islam ne concerne pas la liberté de conscience, il pose une question de civilisation. Toutes les civilisations ont des racines religieuses. La nôtre, celle du judeo christianisme, de l’humanisme et des Lumières a gravé dans nos pensées la distinction du spirituel et du temporel : de la parole du Christ « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » à la cité de Dieu et la Cité des hommes de Saint Augustin jusqu’à la laïcité républicaine, c’est ce fil continu qui court non sans des embardées et des tensions. La civilisation de l’Islam, elle, ne fait pas la différence entre le spirituel et le temporel. La loi civile s’y confond naturellement avec la loi religieuse. Beaucoup de Musulmans en France et dans le monde sont imprégnés de nos jours de la distinction entre le temporel et le spirituel que mettaient en pratique les régimes laïcs du monde arabo-musulman. Mais désormais beaucoup de Musulmans aussi réclament un retour aux sources de la civilisation musulmane. C’est autour de la définition de cette frontière que se noue un débat parfois tendu. Mais refuser que le spirituel envahisse le temporel ne doit pas servir de justification à l’empiètement du temporel sur le spirituel. Un débat intelligent aurait pu s’ouvrir sur cette question en vérité capitale.

Car si nous ne savons plus qui nous sommes, nous n’avons aucune chance de le préserver et le malaise dans la civilisation continuera de s’aggraver jusqu’à la violente catastrophe par laquelle se termine toujours dans l’histoire de l’humanité ce genre de malaise.

Car enfin, où nous mène le principe selon lequel « il n’y a rien au-dessus des lois de la République », qui est le contraire même de l’esprit de laïcité, sinon à la guerre à la religion et à la guerre de religion.

Mais non, à part quelques très rares voix, c’est l’émotion et la confusion intellectuelle et morale qui ont encore triomphé. Au point que presque personne ne s’offusque que le ministre de l’intérieur convoque l’archevêque de Reims et que ce dernier défère à cette convocation.

France, ma France où es tu donc ? Ma République que deviens-tu ?

Une fois encore, écrit sous un tableau de Goya: « le sommeil de la raison réveille des monstres ».

Henri Guaino.

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3 Réponses à “« Au-dessus des lois, il y a la conscience humaine »”

  1. Eric Zemmour est la réponse à tous ces problèmes, pour les régler, car il a aussi une conscience, et il n’est pas le seul. C’est pourquoi, ils sont plus nombreux à le suivre qui le connaissent au travers de ses videos.

  2. il est toujours payant pour un gouvernement socialiste, d’affirmer son anticléricalisme, et la controverse sur le secret de la confession en fut une nouvelle occasion. Ca permet également de montrer à « toutes z-et tous » que le gouvernement de la république laïque ne fait pas de préférence, et de faire croire qu’il est aussi dur avec l’unje ou l’autre religion …

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