La gauche nous vend Eric Lombard, le nouveau ministre de l’économie et des finances, comme un libéral …
N’en croyez rien ! Car, pour la gauche, tous ceux qui ne sont pas des étatistes forcenés sont les ultra-libéraux !
La nomination d’Eric Lombard à Bercy aura au moins un aspect positif : la non-reconduction de son sinistre prédécesseur, Antoine Armand, qui avait lancé la première polémique du gouvernement Barnier en refusant de travailler avec un parti, le Rassemblement national, qui n’appartient pas à l’arc républicain !
L’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF), think-tank libéral, nous dit, dans cet article, ce qu’il pense du supposé libéralisme d’Eric Lombard :
Le nouveau ministre de l’économie Eric Lombard : un « libéral » ?
L’improbable Antoine Armand n’ayant heureusement pas été reconduit dans ses fonctions, avons-nous gagné au change avec la nomination d’Eric Lombard comme ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ? Oui, si l’on suit la presse très marquée à gauche qui l’a qualifié de « libéral », mais l’est-il vraiment ?
A priori, Eric Lombard n’a que peu de choses en commun avec son prédécesseur, Antoine Armand, un énarque sans expérience du secteur privé bombardé au ministère à seulement 33 ans. Agé de 66 ans, doté, lui, d’une très longue expérience de banquier et d’assureur, technicien reconnu, issu du secteur privé, ni énarque, ni haut fonctionnaire, Eric Lombard semble présenter toutes les qualités requises pour exercer de telles fonctions.
Ces caractéristiques n’ont d’ailleurs pas eu l’heur de plaire aux médias très engagés à gauche. Marianne (24 décembre 2024), aux termes d’un article au demeurant incohérent, a parlé d’un « profil qui avait tout pour rassurer les marchés financiers, pour le plus grand bonheur des libéraux ». Quant à Mediapart (27 décembre 2024), il qualifie l’impétrant de « néolibéral à l’ancienne », une personne qui « a toujours défendu des positions néolibérales et austéritaires ».
Un profil d’homme de gauche
Les analyses des médias de gauche apparaissent d’autant plus surprenantes qu’Eric Lombard s’est, pour autant qu’on le sache, toujours revendiqué comme un homme de gauche. Son parcours l’atteste sans l’ombre d’une discussion possible.
Rappelons d’abord que, rocardien, il a intégré en tant que conseiller plusieurs cabinets ministériels socialistes à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Puis il est devenu conseiller municipal socialiste entre 1995 et 2001. Il a fait partie des Gracques, une association créée en 2007 qui promeut une « gauche moderne » et la « modernisation de la social-démocratie », ainsi que le mentionnent le site officiel du think-tank et son « manifeste ». Enfin, Eric Lombard est devenu rapidement macroniste, même s’il a parfois émis quelques réserves sur la politique menée depuis lors, comme on va le voir.
Des déclarations unilatéralement antilibérales
Eric Lombard aurait-t-il subitement changé d’opinion ces deux dernières années ? Nullement. Les analyses des médias de gauche relatives à son prétendu libéralisme sont encore plus déplacées lorsque l’on prend connaissance de s déclarations renouvelées du nouveau ministre.
En voici un florilège, avec quelques commentaires.
- « Il faut sans tarder définir les règles d’un capitalisme plus responsable ». Dans un entretien au Monde (21 février 2022), il propose des hausses de salaire, donc décorrélées de la création de richesses. Evidemment, ceci expliquant cela, il demande une réunion, sous l’égide de l’Etat, des syndicats de patrons et d’employés.
- « Le capitalisme est déréglé. La répartition des richesses entre ceux qui travaillent, les salariés (sic), est toujours divergente par rapport au capital. Depuis 20 ans, il y a accroissement des inégalités ». « Dans la période qui s’ouvre, il y aura deux raisons de distribuer plus de pouvoir d’achat : l’inflation et la transition écologique » (BFM Business, 18 février 2022). Des opinions tout aussi banales que controuvées. L’économiste libéral Pascal Salin consacrera un article à réfuter l’idée que les salaires seraient trop bas par rapport aux revenus du capital, la comparaison n’ayant économiquement aucun sens (Contrepoints, 29 mars 2022).
- « Nous sommes confrontés à une montée en puissance inquiétante du capitalisme financier et des inégalités », affirme une nouvelle fois Eric Lombard dans un entretien (Challenges, 28 novembre 2022), avant d’ajouter : « Ces phénomènes ont commencé il y a une quinzaine d’années avec la mise en place de politiques monétaires qui ont rendu l’argent gratuit, avec des taux d’intérêts nuls, voire négatifs ». Il oublie que les responsables de ces dérèglements sont les Etats et les banques centrales.
- Emettant une réserve sur la réforme des retraites, Eric Lombard écrira : « Les étapes étaient nécessaires pour assurer sa faisabilité technique et son acceptabilité sociale », tout en faisant part de son opposition à l’idée d’un « âge pivot » visant à repousser les départs en retraite (Challenges, 23 décembre 2024). Ainsi, non seulement celui qui était alors le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations omettait de dire que le projet macronien n’était qu’une réformette, mais il faisait preuve de frilosité en voulant repousser l’idée même d’une réforme pourtant urgente.
En substance, Eric Lombard est un représentant paradigmatique de la macronie. Etatiste, pusillanime, dénué de la moindre originalité, ignorant des mécanismes économiques en dépit de son profil de technicien chevronné, il a tout pour devenir, lui aussi, un « Mozart de la finance ». Par conséquent, le qualifier de « libéral » témoigne soit d’une mauvaise foi achevée, soit d’une ignorance crasse.
Jean-Philippe Feldman pour l‘IREF.
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